J’ai testé : une soirée des Inrocks à Cannes :

A Cannes, il y a deux genres de festivaliers. Ceux qui vont voir les films et ceux qui les vivent… la nuit avec pas mal d’alcool et de beautiful people. Etant bloqués pendant deux jours avec Adrien L. dans la queue du palais des Congrès (enfin pas pendant 48 heures durant quand même), il fallait bien choisir une tangente. La solution magique prit la forme de soirée branchée à la villa des Inrocks à Cannes.

« C’est complet ». La phrase résonne à nos oreilles comme un énième rappel à l’ordre : Cannes, on y vient pour les films mais on finit comme les stars de télé réalité : en bas des marches à pavaner en robes de soirée (et  tirer la jambe car mal aux pieds).

Comme faire la cannoise, ça va 5 minutes, il faut sortir un plan B pour ne pas finir dans un bar à débourser une fortune pour une bière et trois tapas. Le plan B s’appelle relations (et portable adoré) et peut transformer une bibliothèque du style néo-classique en concert chanmé. Le magazine les Inrockuptibles avait en effet posé ses bagages à la villa Rothschild (rien que ça). Cela serait terriblement bling-bling pour un media bobo si la bâtisse n’était pas en plein jour médiathèque – oui à Cannes on va travailler pour le bac dans une ancienne villa privé du XIX° siècle.

Donc après avoir troqué smoking pour t shirt fun et veste noire, genre parisien cool et robe de soirée à talons pour … robe de fin d’après midi et mocassins brillants, nous voilà stressés devant les grilles en fer forgé noir, comme un jour de rentrée scolaire.

 L’inscription géante « Les Inrocks » annonçait l’entrée dans un autre monde. Une porte d’entrée à la Alice des Merveilles où le lapin magique est en retard en nombre de cocktails à faire, la chenille fumante est en carré VIP et le chapelier fou se gave de liquide non alcoolisé au bar à eau. Tout est dans les soirées clubing de la jet set, sauf qu’ils sont moins nombreux et que le son est définitivement pop et rock.

Car en plus de l’ambiance, la musique y est bonne. Gossip, Brigitte ou Lescop ont déjà animé le jardin de la Bibliothèque Noailles mais ce soir là, c’est au groupe parisien Stuck In The Sound de faire danser les festivaliers endimanchés.

Mais avant la trépidation des corps, le crépitement des projecteurs. Devant un panneau en carton sobrement marqué de la pâte « les Inrocks » et d’Audi talent Awards – il faut bien être sponsorisé – on prend la pause un peu étonnés d’être sous le flash du photographe mais pas de première jeunesse Pierre Lapin après Justice, Carl Barât ou Karl Lagerfeld.

Et puis c’est la découverte des lieux. Couleurs, design et dolce farniente, voilà ce que propose la soirée. Devant l’auguste bâtiment et face à la  scène intimiste, les chaises longues flashys ne sont pas assez nombreuses pour asseoir la béatitude alcoolique des spectateurs. Car à boire, il y en avait pour tous les goûts. Pas un ,mais 3 bars. Un pour les fidèles amateurs de concert/bières, un autre pour les jeunots ou et un dernier pour les fêtards adeptes de cocktails forts en goût et grands en succès. Il fallait s’armer de courage pour déguster les boissons au rhum et à la vodka avec de la menthe ou de la roquette ! Le DJ n’était alors pas de trop pour faire oublier l’attente d’une heure face aux barmans débordés. Ce soir, c’était Aurélien Wiik qui enchaînait les airs fort en rock, loin de son apparition dans le clip des L5.

Et puis les chiens sont lâchés. En capuche mais pas embouché, le chanteur José Réis Fontao arrive pour enthousiasmer les foules mais son rêve ne dure qu’un temps. Tout d’un coup, c’est la panne. La panne de courant. Et c’est amusé que le chanteur du groupe commente « je crois que c’est le Carlton qui nous pompe tout le jus ! » Puis remis de ses émotions, le groupe déroule les titres énervés des Stuck in the Sound de Ouais à Brother en passant par Let’s Go et Toy Boy.

Les festivaliers improvisent même un pogo en costard cravate pour le moins surréaliste alors que plus loin, les VIP commencent à tracer leur chemin vers leur carré attribué. Derrière une rangée de bambous, ils se pressent à leur bar pour goûter le champagne à volonté ou la vodka passion bien dosée. Ce soir là, les stars s’appelaient Nicolas Duvauchelle ou François-Xavier de Maison qu’on devinait derrière les branchages. Orphelins du bracelet VIP, les autres teuffeurs pouvaient toujours se consoler en abordant quelques cyber célébrités telles que les Airnadettes ou Benjamin Parent. Couvre – feu oblige, la soirée s’endort lentement mais sûrement vers 23 heures.

Après le spectacle, le lieu où plane encore une ambiance bruyante ressemble à un terrain vague après la bataille. Une image idéale pour faire de beaux rêves.

Le lendemain, encore le cerveau embrumé, on apprend que NERD et Jean Dujardin étaient au Gotha et à la villa Schweppes. A Cannes, il y  aura toujours un festivalier plus privilégié pour rendre plus amer ton lendemain de super soirée…

Solène L.

© Adrien L.