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A Hénin Beaumont, la guerre de Troie n'aura pas lieu

Publié le 31 mai 2012 par Spartac
La campagne présidentielle a été l'occasion de revisiter la mythologie grecque. Le mythe de Sisyphe à l'honneur, illustré par un Dominique de Villepin pris en photo de dos, poussant le mur de sa cheminée. François Hollande s'y référant également, voyant sa campagne comme un rocher à pousser encore et encore, parabole du laborieux chantier qui attend le nouveau président... Du coté de l'UMP, ce fut plutôt, sans qu'il en soit fait mention, Épiméthée et la boite de Pandore de l'extrême droite, que l'on ouvrit sans vergogne. Démons invoqués durant la campagne, où le Front National lui, entretenait le feu sacré, offert par Jean-Marie Zeus le père à Marine Prométhée.
Ces considérations d'érudits devaient se poursuivre durant les législative, notamment à Hénin Beaumont, où l'on nous promettait un duel homérique entre Marine le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

A Hénin Beaumont, la guerre de Troie n'aura pas lieu

Un tract bien polémique, au gout douteux


Il faut bien constater, alors que le scrutin approche, que la ville du Nord n'est pas Troie, et n'en déplaise aux esprits en verve héroïque, il y a bien peu d'Iliade dans la lutte que se livre les protagonistes de cette circonscription.
A défaut de littérature, c'est un soap opéra qui nous est offert, où les bassesses prennent le pas sur la dignité que devrait porter une élection au suffrage universel.
Parmi les mesquineries, on vit fleurir un faux tract soutenant Jean-Luc Mélenchon en français et en arabe, sur un fond rappelant le drapeau algérien. Tract anonyme, dont Marine le Pen assume la paternité. Une plainte contre X a d'ailleurs été déposé par Hervé Poly, le suppléant de Jean-Luc Mélenchon aux élections législatives.
Jean-Luc Mélenchon lui, dans la droite ligne de sa campagne, déroule avec les talents d'orateurs qui sont sa marque de fabrique, attaques frontales contre le Front National, jamais avare de bons mots, souvent offensif à outrance.
Ainsi, il semblerait que la campagne législative doive se poursuivre, ici plus qu'ailleurs, sur le même ton et dans le climat délétère de la dernière présidentielle, avec les citoyens d'Hénin Beaumont comme otage.
Mettons nous un instant dans la peau d'un habitant de cette ville. Quel est donc l'image que renvoie sa ville? Celle d'un bastion du Front National, fief revendiqué, alors même, faut il le rappeler, que Marine le Pen n'est qu'une élue municipale parmi les autres, et non le maire de la ville... Une cible symbolique pour le front de Gauche, dont le leader Jean-Luc Mélenchon en a fait une sorte de croisade morale contre l'extrême droite.
Mais au delà des idéologies, au delà des convictions personnelles, la réalité de ses habitants ne se résume pas à un enjeu politique. Ballottés entre droite et gauche, érigés en symbole du monde ouvrier dont le choix électoral aura une valeur symbolique dépassant le cadre local, les électeurs d'Hénin Beaumont sont les otages de la politique.
Une politique en lambeau dans le Pas de Calais, où le Parti Socialiste dominateur est corrompu, la fédération sous tutelle, et où sont exclus des candidats comme à Liévin avec Jean-Pierre Kucheida, maire et deputé sortant.
Jean-Luc Mélenchon a choisi, dans son combat contre l'extrême droite, la confrontation directe avec Marine le Pen. Si les sondages se vérifient dans les prochaines semaines, il pourrait entrer au Palais Bourbon, fort d'une légitimité renforcée, dans le costume du héraut du combat contre l'autre Front.
Mais cette démarche, qui relève de la stratégie politique, de la nécessitée d'exister pour ne pas se trouver marginalisé, et voir son avenir politique brisé, comme celui d'un François Bayrou, risque de se faire au dépend des habitants de cette circonscription. L'élu de celle-ci ne devra pas oublier ces électeurs, dont on gausse la ville, qui sont accusés de racisme, dont les candidats se disputent les votes, mais qui souffrent.
Bien loin des ressorts de la tragédie grecque dont on voudrait enrober les enjeux politiques, c'est plutôt de tragédie humaine qu'il s'agit dans une ville ou 19.4% des actifs sont au chômage, quand le salaire moyen par ménage n'est que de 12 505€ par ans.
Oui, Hénin Beaumont n'est pas Troie, pas plus que les protagonistes actuels ne rappellent les figures mythiques des chants d'Homère. On se rapportera à Zola, dans cette région ou l'écrivain situa Germinal, car même si la modernité a repousse le misérabilisme, on est bien loin de l'épique...

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