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Les Institutions sont des choses au même titre que l’homme est devenue une chose.

Publié le 04 juin 2012 par Donquichotte

Aujourd'hui, le 3 juin 2012, je lis Le Monde, et je cite...

"Aujourd'hui, le mystère et le mal ne se dissimulent pas plus dans l'esprit d'un homme (l'article portait sur Kerviel, le trader en procès) que dans celui prétendûment cynique de ses accusateurs ; il est dans cette chose que sont devenues des institutions qui pensent et qui agissent par elles-mêmes et dont l'identité est en cours de liquidation par la technique à qui on confie chaque jour un peu plus les clés d'un avenir sans passé".

C'est Didier Toussaint, co-auteur de Vers un autre monde économique (Editions Descartes & Cie, 2009) et consultant, société de conseil DIT, qui l'a écrit.

Il n'est pas difficile d'imaginer des Institutions qui pensent par elles-mêmes, ou qui, (c'est la même chose) à leur insu, voient leurs actions quotidiennes être pensées, décidées, exécutées, menées à terme sans que l'homme simple, (tous les hommes simples) honnête, ait pu y dire son mot, mettre son holà, crier son indignation, manifester son désaccord... Que cet homme simple soit un de ses décideurs, un de ses travailleurs, ou qu'il soit uniquement un de ses clients, la machine institutionnelle n'a besoin de personne; des techniques, des technologies nouvelles, (celles de demain, dit-on) ont déjà  tout prévu, emmagasiné les programmes, tracé les voies à suivre (le monitoring est assuré sans erreur), prévu les résultats, anticipé tous les accrochages et failles, et faillites; rien ne va se passer autrement qu'il n'a été prévu.

Est-ce possible?

Bien sûr. Les Institutions sont des choses au même titre que l'homme est devenue une chose. On est tellement habitués à voir des décisions prises par des ordinateurs; on est tellement habitués à voir des hommes accepter, conforter et subir les décisions des ordinateurs; on est tellement habitués à bâtir des programmes pour des ordinateurs pour assurer le "mieux" des choses de ce monde; on est tellement habitués à valoriser le plus productif-capable-rentable-fort-harmonieux-rapide de toutes nos inventions que les mots qui sont en dedans de ça n'ont aucun sens.

Oui, on est tellement habitués à ce que le monde des choses, et aussi celui des hommes, nous échappe, échappe à notre surveillance et à notre contrôle, que le quotidien devient banal et sans intérêt. Nous devons donc nous échapper aussi. Cela explique bien pourquoi l'imaginaire des hommes est sans limite. Mais cet imaginaire n'est pas si intelligent quand il ne cherche qu'à fuir la réalité des choses, quand il en a assez de la vie qu'il mène, quand il s'atrophie dans la perversité, la nullité, la niaiserie, le kitch, la bêtise, l'invraisemblable, la merde. Et même quand il est intelligent, il peut, sans difficulté aucune, mener l'homme vers des voies absurdement réalistes.

N'oublions pas: des systèmes informatiques, ce sont des programmes, des idées d'hommes transformées par des hommes en machines, des idées qui ne demandent qu'à entrer dans la tête de d'autres hommes. Comme elles ont été fabriqués par l'homme, pensées par lui, à leur tour, ces idées pensent par elles-mêmes. Et surtout, comme l'écrit Didier Toussaint, elles "pensent très vite, de l'ordre de la nanoseconde, et sans discernement".

Mais où va-t-on? Sans discernement? L'homme est-il devenu une chose?


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