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Les revers de la crise

Publié le 06 juin 2012 par Romlor

Mercredi dernier un rapport de l’UNICEF a été publié. Il alerte sur l’aggravation de la pauvreté des enfants. Le rapport présente les dernières données comparables à l’échelle internationale sur les privations et la pauvreté relative des enfants. Réunies, ces deux mesures distinctes fournissent l’aperçu le plus complet actuellement disponible de la pauvreté des enfants dans l’ensemble des pays les plus riches.

Le tableau, que je vous invite à consulter ci-dessous, montre la proportion d’enfants défavorisés dans chaque pays, c’est-à-dire qui n’a pas accès à au moins deux des 14 variables considérées comme normales et nécessaires pour un enfant vivant dans un pays économiquement avancé (par exemple trois repas par jour ou l’accès aux livres).

Résultat : dans les 31 pays européens considérés, 15 % environ des enfants sont “privés” d’au moins deux éléments essentiels. Les taux les plus élevés de privation se trouvent dans les pays les plus pauvres comme la Roumanie , la Bulgarie et le Portugal (respectivement plus de 70 %, 50 % et 27 %). Les pays nordiques affichent les taux les plus bas, inférieurs à 3 %. Parmi les 14 pays les plus riches, deux ont un taux de privation des enfants supérieur à 10 % : la France (10,1 %) et l’Italie (13,3 %). La France est pourtant le pays qui a la plus forte dépense publique pour ses enfants (3,7 % de son PIB contre 2,2 % pour la moyenne des pays étudiés), relève le rapport.

Cette situation est de plus en plus criante au fur et à mesure que la crise se poursuit et que ses effets se font ressortir. Le rapport note également que « le pire est à venir. De nombreuses familles, y compris celles ayant de faibles revenus, disposent d’une sorte de « matelas de sécurité » – économies, actifs ou aide fournie par d’autres membres de la famille – qui leur permet de couvrir leurs dépenses pendant les moments difficiles. Il y a donc pratiquement toujours un décalage entre le début d’une crise économique et le moment où son impact est le plus virulent. »

Le rapport s’en tient à une vision statistique des privations et de la pauvreté des jeunes. Un autre volet, sanitaire celui-là, doit également être signalé.

Ainsi dans le même temps, des « maladies du passé » que l’on croyait disparues à jamais refont surface. 22 000 cas ont été ainsi recensés ces trois dernières années pour la rougeole. Si cette maladie reste souvent bénigne, ce n’est pas le cas pour la tuberculose, dont plus de 5 000 cas ont été recensés en France en 2009. La Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France, est le plus touché. L’absence de dépistage systématique, l’augmentation de la précarité, la faiblesse du tissu des médecins de ville, le renoncement aux soins de la part des populations marginalisées et la faiblesse de la prévention expliquent la résurgence de ces maladies pas si anciennes. De même, la gale est en augmentation en France selon l’InVS. 

Ces quelques indicateurs, loin d’être exhaustifs, sont des marqueurs d’une souffrance sociale accrue, les revers d’une crise qui prend ici toute sa réalité et qui n’est plus un terme, galvaudé, vidé de son sens à force d’être répété.

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