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Awake: Restez éveillés

Publié le 06 juin 2012 par Wtfru @romain_wtfru

Awake: Restez éveillésCréation: Kyle Killen
Genre: Drame/Science-Fiction/Psychologie
Durée: 42 minutes (par épisode)
Scénario: Kyle Killen, Howard Gordon, Evan Katz
Chaine: NBC
Casting: Jason Isaacs, Laura Allen, Dylan Minnette, Wilmer Valderrama, Steve Harris, BD Wong, Cherry Jones, Laura Innes

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Présentée comme l’une des séries les plus alléchantes et certainement la plus originale de la session 2011-2012, Awake va pourtant s’arrêter après une seule saison. La faute à un audimat en chute libre au fil des épisodes. Lien de cause à effet avec un scénario bien trop alambiqué pour la télévision. Tentative d’explications.

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SYNOPSIS
Suite à un violent accident de voiture, l’agent de police Michael Britten se met à vivre dans deux réalités parallèles. Dans l’une sa femme a survécu et son fils est décédé et dans l’autre, la situation est inversée. Une seule pourtant est réelle. Michael, voulant garder sa famille au plus proche de lui, va vivre une sorte de « double vie ». Cependant, il commence à remarquer des liens étranges entre les deux réalités. Les évènements et les personnes d’une réalité à l’autre ne sont pas toujours ceux qu’il croit connaître…

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AVIS
Très sincèrement, le postulat de départ est l’un des meilleurs pour une série depuis des années. Et des plus ambitieux. Avec un tel scénario, pas de place pour la tergiversation et les essais, il faut accrocher le téléspectateur au plus vite pour le faire entrer dans cette histoire peu commune de rêve dans le rêve (ou inversement…) qui n’est pas sans rappeler Inception, le film de Christopher Nolan.
Le soucis justement c’est que la série s’est trop dispersée d’entrée pour se créer une fanbase conséquente. Les premiers épisodes partent dans tous les sens et il n’est pas rare qu’on en perde notre latin. On ne voit pas trop où les scénaristes veulent en venir et il manque un fil rouge addictif derrière pour nous tenir en haleine.

De plus, l’aspect psychologique, bien que très intéressant, n’arrange bien au schmilblick intellectuel. Dans ses deux réalités parrallèles, Britten est confronté à un psychologue différent et à une approche différente de la thérapie. Quand l’une est à l’écoute (monde vert, où son fils a survécu), l’autre entre dans la confrontation (monde rouge, où sa femme a survécu). Puis, c’est tout simple, on a ici affaire à un cas de schizophrénie dû à un choc émotionnel lourd. Les termes psycho sont alors de mise, les signes et leurs interprétations aussi. Pas des plus évidents pour capter un public large (même si la jurisprudence médicale Dr House a bien réussi dans le genre).

Mais le véritable point noir de la série provient finalement du scénario. On vous l’a dit, le point de départ était aussi original que périlleux et Kyle Killen ,avec ses acolytes (notamment Howard Gordon, scénariste de 24h chrono et X-Files) n’ont pas réussi leur pari de dérouler le fil conducteur. Il y a beaucoup trop d’aspects capillotractés, notamment lorsque les indices se recoupent entre les deux mondes pour aider Britten a résoudre les affaires sur lesquels il travaille. Si l’adage dit « plus c’est gros, plus ça passe », il ne faut pas non plus l’user grossièrement. Parfois, les situations relèvent plus du miracle que de la déduction de l’inspecteur.
Les scénaristes ont aussi dû grandement jongler entre les deux mondes pour ne pas en privilégier un à l’autre afin d’entretenir le suspens. Et quand l’un prenait le pas sur l’autre, on eut le droit à des rétropédalages plus ou moins crédibles, à en perdre l’envie de continuer la série jusqu’au bout. C’est limite si le fou n’était pas Britten mais bien nous!

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Et pourtant, on ne peut pas s’empêcher d’aller jusqu’au dernier épisode. Déjà parce qu’on veut savoir quel est la vraie réalité, mais aussi parce que la série a de beaux points forts.
Le côté cérébral, bien sûr. Car même si on a parfois l’impression d’être face à un sudoku en mode expert, notre côté sado en redemande. Rares sont les séries aussi pointues et aussi intellectuellement poussées. Si certaines peuvent rivaliser (reprenons l’exemple de House), leur succès est souvent basé sur les histoires personnelles des personnages. Pas le cas ici puisqu’on ne se penche sur aucune autre vie privée que celle du personnage principal et de sa famille. Un angle scénaristique qui sort là aussi de l’ordinaire.

La mise en scène est également à saluer. Tout d’abord, pour ce « monde vert » teinté de manière sombre et ce « monde rouge » de manière éclairée. Si, au premier abord, ça peut paraître logique voire simpliste, c’est pourtant bien vu car indispensable pour s’y retrouver pleinement. Et puis visuellement, c’est réussi et c’est le principal.
La science des détails est aussi bienvenue et peut, parfois, donner une piste sur l’intrigue et même triturer le cerveau si on recherche absolument le « vrai » monde. Par exemple, le fait que le bureau du psychologue du monde rouge soit épuré alors que celui du monde vert est bien fourni peut donner matière à interprétation aussi multiple que compliqué (monde complexe/rapport compliqué père-fils, monde simplifié/rapport cordiaux mari-femme, etc etc)

Côté casting, c’est du costaud. On retrouve des habitués du monde des séries comme Wilmer Valderrama (le légendaire Fez de That 70 Show) dans le rôle du partenaire de Britten dans le monde rouge, Laura Innes (Urgences) dans celui du capitaine, ou encore la Présidente des Etats-Unis des saisons 7 et 8 de 24h Chrono, Cherry Jones en fine psychologue du monde vert.
Mais aussi des visages connus du grand écran. Bien évidemment, le personnage principal, Michael Britten interprété par Jason Isaacs a.k.a Lucius Malefoy de chez Harry Potter. Ou Steve Harris, second rôle récurrent (The Rock, Minority Reports).
Bref, pas des nouveaux venus. C’est donc joué de manière très juste, sans artifice, et pas impossible que Jason Isaacs se retrouve dans la liste des nominés des meilleurs personnages dans une série drame à la fin de l’année…

Le grand regret au final, c’est qu’il y avait matière à faire d’Awakeune bien belle série. La deuxième partie de saison a trouvé un vrai rythme de croisière (l’épisode 6 est sans doute le meilleur des douze) et une trame très intéressante. Malheureusement, le mal était déjà fait et on pouvait se douter, rien qu’à mi-saison, que la durée de vie de la série serait ultra-limitée. On peut aussi aisément se demander si ce genre de scénario n’aurait pas été mieux adapté au cinéma (plus facile d’utiliser un point de départ compliqué), notamment avec cette fin. Alors est-ce que les scénaristes ont mal fait leur job ? Ou au contraire, trop bien ?

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Meilleures épisodes:
.Episode 6: That’s Not My Penguin
.Episode 11: Say Hello To My Little Friend
.Episode 12: Two Birds

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Awake: Restez éveillés

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