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Que faites-vous cet été ?

Par Wtfru @romain_wtfru

L’Été des Classiques (poches)
L’été arrive à grands pas, bien qu’il est vrai que la météo puisse parfois nous en faire douter. 
L’été, c’est l’occasion de sortir nos plus beaux maillots, de flâner dans le Sud et de (trop) s’exposer au soleil, sur un rebord de piscine  ou de finir nudiste au Cap d’Agde
Mais l’été, c’est aussi le moment où l’argent ne coule pas à flot : entre le CROUS  qui stoppe ses envois d’argents et vos potes ont décidé que sortir tout les soirs au Macumba était une super idée. Votre compte en banque se rapproche dangeuresement du déficit de la Grèce.
Et vous vous dites : « La littérature, je peux pas me permettre, ça coûte trop cher. » 
Ne paniquez pas, WTFRU est là pour vous. Cette semaine, on vous propose une sélection de dix classiques poches, à moins de 10€. En plus d’être des classiques, d’être génialement écrit, de vous donner un style bobo/intello sur la plage avec vos lunettes Marc Jacob, le sable ne risque pas de les détruire…Rappelez vous votre Ipod à l’été 2011. 

L’Été des Classiques (poches)
« Sur la route, rouleau original » – Jack Kerouac, 8,60€
« Un gars de l’Ouest, de la race solaire, tel était Dean. Ma tante avait beau me mettre en garde contre les histoires que j’aurais avec lui, j’allais entendre l’appel d’une vie neuve, voir un horizon neuf, me fier à tout ça en pleine jeunesse; et si je devais avoir quelques ennuis, si même Dean devait ne plus vouloir de moi pour copain et me laisser tomber, comme il le ferait plus tard, crevant de faim sur un trottoir ou sur un lit d’hôpital, qu’est-ce que cela pouvait me foutre?… Quelque part sur le chemin, je savais qu’il y aurait des filles, des visions, tout, quoi; quelque part sur le chemin on me tendrait la perle rare. »
Difficile de passer à côté de ce roman depuis quelques temps . Il faut dire qu’une adaptation avec Kristen Stewart en tête d’affiche, c’est pas ce qu’il y a de plus intimiste. Mais c’est surtout, et avant tout un des plus grands romans américains, qui à lui seul a influencer des générations entières. Mieux vaut ne pas passer à côté du meilleur roman de Jack Kerouac, créateur du mouvement beatnik. 

L’Été des Classiques (poches)

 « Les Hauts de Hurlevent » – Emily Brontë, 5,60€
« Mes plus grandes souffrances dans ce monde ont été les souffrances de Heatcliff, je les ai toutes guettées et ressenties dès leurs origines. Ma grande raison de vivre, c’est lui. Si tout le reste périssait et que lui demeurât, je continuerais d’exister, mais si tout le reste demeurait et que lui fût anéanti, l’univers me deviendrait complètement étranger, je n’aurais plus l’air d’en faire partie. Mon amour pour Linton est comme le feuillage dans les bois : le temps le transformera, je le sais bien, comme l’hiver transforme les arbres. Mon amour Heatcliff ressemble aux rochers immuables qui sont en dessous : source de peu de joie apparente, mais nécessaire. » 
On ne vous mentira pas, « Les Hauts de Hurlevents » ont pas mal souffert du phénomène Twilight, et de ses deux protagonistes dont c’est soi-disant le roman favori.Passé du stade de classique à celui de kitch, ce roman du 19ème siècle mérite de retrouver ses lettres de noblesse maintenant que la mode des vampires s’apaise. C’est probablement une des plus grande claque littéraire  de cette époque.

L’Été des Classiques (poches)
« Raison et sentiments » – Jane Austen, 7,30€
« Il y avait maintenant plus de deux mois que les demoiselles Dashwood étaient à Londres et Marianne était de plus en plus impatiente de partir. Elle soupirait après l’air, la liberté, le calme de la campagne ; et il lui semblait que, s’il y avait un endroit, un seul, où elle puisse se trouver bien, c’était Barton. Elinor n’était guère moins désireuse d’y revenir, mais était seulement moins portée à un retour immédiat, à cause des difficultés d’un aussi long voyage que Marianne n’envisageait pas. »
Après de nombreuses adaptations, des dizaines de romans et séries inspirées de ses oeuvres, Jane Austen semble être devenu au romantisme ce qu’est Google à la recherche internet. Bien qu’on adore « Orgueil & Préjugés », on vous conseille de mettre une touche d’originalité à vos lectures en optant pour ce roman, certes moins célèbre, mais toujours aussi bon. 

« La symphonie pastorale » – André Gide, 5,95€

L’Été des Classiques (poches)

« - Il ne faut pas chercher à m’en faire accroire, voyez-vous. D’abord parce que ça serait très lâche de chercher à tromper une aveugle… Et puis parce que ça ne prendrait pas, ajouta-t-elle en riant. Dites-moi, pasteur, vous n’êtes pas malheureux, n’est-ce pas ? Je portai sa main à mes lèvres, comme pour lui faire sentir sans le lui avouer que partie de mon bonheur venait d’elle, tout en répondant : – Non, Gertrude, non, je ne suis pas malheureux. Comment serais-je malheureux ? »
Avouons qu’André Gide n’est aujourd’hui pas si connu que Justin Bieber. Et pourtant, il est le premier écrivain français à être publié dans la Bibliothèque de la Pléiade de son vivant, et n’a rien de moins que reçu le Prix Nobel de Littérature en 1956. Un mec qui gagne à être connu, tout comme son roman, une oeuvre sans pareille. 

L’Été des Classiques (poches)
« La princesse de Clèves » – Madame de La Fayette, 3,60€
« Mme de Clèves avait ouï parler de ce prince à tout le monde, comme de ce qu’il y avait de mieux fait et de plus agréable à la cour ; et surtout madame la dauphine le lui avait dépeint d’une sorte, et lui en avait parlé tant de fois, qu’elle lui avait donné de la curiosité, et même de l’impatience de le voir. Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer, pour se trouver le soir au bal et au festin royal qui se faisait au Louvre. « 
Disons le simplement, ce roman, outre ses nombreuses qualités et le fait qu’il soit le considéré comme le premier roman français, mérite d’être lu rien que pour embêter Nicolas Sarkozy.  

« 1984″ – George Orwell, 8,10€ 

L’Été des Classiques (poches)

« Derrière Winston, la voix du télécran continuait à débiter des renseignements sur la fonte et sur le dépassement des prévisions pour le neuvième plan triennal. Le télécran recevait et transmettait simultanément. Il captait tous les sons émis par Winston au-dessus d’un chuchotement très bas. De plus, tant que Winston demeurait dans le champ de vision de la plaque de métal, il pouvait être vu aussi bien qu’entendu. Naturellement, il n’y avait pas moyen de savoir, si, à un moment donné, on était surveillé. »
En ces temps de conspirations, d’Anonymous et autres délires bien sympas, il est temps de réviser ses classiques de la surveillance. Le must-have : lire « 1984″, en regardant la quotidienne de Secret Story.  

L’Été des Classiques (poches)
« La confusion des sentiments » – Stefan Zweig, 4,60€
« Rien ne trouble plus puissamment quelqu’un que la réalisation subite de son ardent désir. »
Un professeur, à la veille de sa retraite, se souvient d’une rencontre déterminante qui s’est déroulée dans sa jeunesse. Récit sur la force destructrice d’une passion contraire à la morale et analyse de la figure du Père dontFreud salue la finesse.
Stefan Zweig, on l’oublie souvent mais c’est bien plus que « Le joueur d’échec », lecture systématique de tout collégiens. C’est ici une bonne occasion de vous réconcilier avec celui qui aura peut être traumatisé votre année de 3ème. 

« La peste » – Albert Camus, 6,50€

L’Été des Classiques (poches)

« - Naturellement, vous savez ce que c’est, Rieux ? 
- J’attends le résultat des analyses. 
- Moi, je le sais. Et je n’ai pas besoin d’analyses. J’ai fait une partie de ma carrière en Chine, et j’ai vu quelques cas à Paris, il y a une vingtaine d’années. Seulement, on n’a pas osé leur donner un nom, sur le moment… Et puis, comme disait un confrère :  » C’est impossible, tout le monde sait qu’elle a disparu de l’Occident.  » Oui, tout le monde le savait, sauf les morts. Allons, Rieux, vous savez aussi bien que moi ce que c’est… 
- Oui, Castel, dit-il, c’est à peine croyable. Mais il semble bien que ce soit la peste. »
Ici aussi, c’est le même combat pour Albert Camus que pour Stefan Zweig. Très souvent on réduit ce grand écrivain, Prix Nobel de littérature, à son roman « l’Étranger », mais rassurez vous, il y a plein d’autres très grands romans dans sa bibliographie. 

L’Été des Classiques (poches)
« Voyage au bout de la nuit » – Louis-Ferdinand Céline, 9,10€
« - T’as raison, Arthur, pour ça t’as raison ! Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours, ils nous valaient bien ! Tu peux le dire ! Nous ne changeons pas ! Ni de chaussettes, ni de maîtres, ni d’opinions, ou bien si tard, que ça n’en vaut plus la peine. On est nés fidèles, on en crève nous autres ! Soldats gratuits, héros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi Misère. C’est lui qui nous possède ! Quand on est pas sage, il serre… On a ses doigts autour du cou, toujours, ça gêne pour parler, faut faire bien attention si on tient à pouvoir manger… Pour des riens, il vous étrangle… C’est pas une vie… « 
Aujourd’hui, on aime un peu tout ce qui est sulfureux, scandaleux : bref ce qui fait jaser. Avec Céline, et son antisémitisme présumé, vous serez servi. On vous le conseille tout de même, et cela parce que « critiquer sans connaître » c’est aussi débile que « boire sans avoir mangé ». On sait comment cela finit.

« Des souris et des hommes » – John Steinbeck, 5,30€

L’Été des Classiques (poches)

« Les deux hommes levèrent les yeux car le rectangle de soleil de la porte s’était masqué. Debout, une jeune femme regardait dans la chambre. Elle avait de grosses lèvres enduites de rouge, et des yeux très écartés fortement maquillés. Ses ongles étaient rouges. Ses cheveux pendaient en grappes bouclées, comme des petites saucisses. Elle portait une robe de maison en coton, et des mules rouges, ornées de petits bouquets de plumes d’autruche rouges. »
Un des grands écrivains, et grand roman de la littérature américaine : Il a, à lui seul, réussit à retranscrire magnifiquement la crise des années 30 aux États-Unis. Ça tombe bien, comme dirait François Bayrou, la vraie crise chez nous est à venir. Mieux vaut se préparer. 


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