Ces nouveaux eldorados qui bousculent la géopolitique énergétique mondiale

Depuis quelques années, les Etats-Unis découvrent soit de nouveaux gisements de pétrole et de gaz, soit de nouvelles manière de l’extraire. Ce faisant, leur potentiel de production explose, leur permettant de tendre vers l’autosuffisance. Et lorsque l’un des plus gros consommateur mondial de produits pétroliers est en passe de s’auto-approvisionner, les répercussions sur la géopolitique énergétique mondiale sont potentiellement énormes.

Ainsi, la ‘’révolution du gaz de schiste”  a bouleversé l’échiquier mondial, plaçant depuis peu l’Amérique en tête de la production de gaz naturel, devant la Russie.

Mais plus encore, la technologie de  fracturation hydraulique (qui fait l’objet d’un moratoire en France) permettra aussi aux USA de faire un bond en avant dans la production de pétrole de schiste, principalement dans le Dakota du Nord, au Texas, et en provenance d’autres réserves à travers le Midwest. Les États-Unis produisent  déjà 72% de leurs besoins en pétrole, contre environ 50%,  il y a juste dix ans.

Et en France ? Cela fait un demi-siècle que l’or noir est pompé dans le sous-sol du Bassin parisien. Pas moins de 2000 puits dans 52 champs identifiés produisent aux alentours de 10.000 barils par jour. C’est-à-dire 0,5% de notre consommation nationale. Si les réserves de brut conventionnelles ont déjà été exploitées, du pétrole de schiste existe également. Celui-ci est piégé dans des couches de roche mère qu’il faut libérer en fracturant la roche, à grands renforts d’eau et d’adjuvants divers. Dans le Bassin parisien, ce sont les roches mères de l’époque géologique du Lias, à 2750 mètres de profondeur, qui renferment sans doute de grandes quantités de pétrole.

Le potentiel de la région reste incertain, en témoigne la large fourchette donnée par l’Institut français du pétrole (IFP Énergies nouvelles) obtenue en compilant plusieurs études: entre 60 et 100 milliards de barils de pétrole. Soit entre 90 et 150 années de consommation actuelle de la France! Il s’agit de chiffres théoriques, à distinguer de réserves prouvées et économiquement exploitables. Mais plus le prix du baril grimpe, plus le pétrole non conventionnel, plus coûteux à extraire, devient rentable.

Pour l’instant, l’Etat français a décidé d’un moratoire sur toute extraction utilisant la technique de la fracture hydraulique, au nom des risques environnementaux qu’elle implique.

Malgré tout, les implications sont gigantesques pour la géopolitique, la sécurité énergétique, les alliances militaires et l’activité économique. De même, le XXIe siècle risque de ne pas être encore celui des énergies renouvelables. Les grandes firmes, les Etats, les industriels dépensent plus d’agent et d’énergies à développer de nouvelles techniques d’extraction de matières fossiles qu’à développer les énergies renouvelables.