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Du ségolénisme

Publié le 14 juin 2012 par Omelette Seizeoeufs
 

Ceci est un billet que je projetais d'écrire depuis longtemps, mais le moment ne se présentait. Il faudrait de meilleurs exemples et citations, mais si je me mets de telles exigences, le billet ne sera jamais écrit. Ce sera un peu impressioniste. Tant pis. Voilà, je me lance.

Au lendemain de sa défaite en 2007, et avant aussi, il y avait des cris pour dire que Ségolène Royal était à droite, pas vraiment à gauche. On pensait au drapeau, à l'encadrement militaire des jeunes délinquants. (La gauche n'était prête pour "l'ordre juste" qui a finalement réussi pour François Hollande.) À d'autres moments, on l'entendait dénoncer les dérives de la finance, la vie chère, telle une vraie camarade gauchiste. Elle est reconnue comme l'un des seuls responsables socialistes à être acclamée dans les quartiers populaires.

Royal pouvait paraître flottante dans ses prises de position qui ne cadraient pas avec les marques habituelles d'un emplacement dans l'offre des idées politiques. À y réfléchir, on peut comprendre cependant le ségolénisme en trois points.

 
  1. L'État-famille. En 2007, l'une des propositions de la candidate qui m'avait surpris était l'idée de rendre l'école obligatoire plus tôt, dès trois ans il me semble. "L'ordre juste" procède de ce même sentiment, ainsi les drapeaux et le reste du chévenementisme (ce que j'aime le moins dans le ségolénisme). L'État comble les défaillances de la famille ; il joue un rôle éducatif fort et est dépositaire des valeurs sur un mode quasi paternel, ou maternel. La République est à la fois une exigence et une fierté et garant ultime de la cohésion sociale. C'est aussi le socle d'une justice beaucoup plus dure que ce qu'on admettait alors. La diversité est accueillie à l'intérieur de valeurs fortes, qui sont celles de la République et non celles d'une France mythologique.
  2. Décentralisation-girondisme-démocratie Le rôle fort de l'État ne se traduit pas directement sur le plan économique. Le modèle économique, ainsi que politique, est décentralisé et focalisé sur les PME et la possibilité de l'action individuelle. La démocratie participative participe de cette fragmentation du pouvoir de l'État. Les PME sont le visage économique de cette fragmentation : plutôt que la vaste société mondialisée, l'État cherche à stimuler la petite structure dont les bénéfices passent plus directement dans l'économie locale.
  3. Protection contre la finance En contrepartie des encouragements donnés à l'entreprise, et en reflet sans doute de la dimension protectrice de l'"État-famille", le ségolénisme exige également beaucoup des entreprises. On coupe, par exemple, les aides aux entreprises qui délocalisent. Plus généralement, l'État continue de jouer de protection ultime contre les abus du capitalisme. L'accent mis sur les PME vise à sevrer l'économie de sa dépendance sur le flux de capitaux internationaux.
 

Avec un regard superficiel, c'est destabilisant : l'autorité et les PME étaient normalement le territoire de la droite, par exemple. Comment une socialiste peut-elle s'en réclamer ? Sans approfondir l'ensemble, cela paraît décousu et contradictoire, alors que c'est, il me semble, une pensée politique très cohérente. Mais finalement difficile à communiquer.


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