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Quand le rock refuse de s’éteindre

Publié le 14 juin 2012 par Feuavolonte @Feuavolonte

Quand le rock refuse de s’éteindre

par Mathieu Saint-Jean

Considérant l’ajout d’une date montréalaise à la prochaine tournée nord américaine de Neil Young & Crazy Horse, il aurait été impensable de ne pas souligner le tout avec quelques albums qui pourront vous préparer à ce moment de grâce. Vous conviendrez que certains enregistrements auront été oubliés (sans blague, on aurait pu en conseiller une vingtaine), mais dans la vie, il faut parfois faire des choix déchirants. On se donne donc rendez-vous sans faute le 23 novembre au Centre Bell puisque ces vieux routiers peuvent s’arrêter à tout moment… De plus, vous pourrez faire deux pierres d’un coup, car c’est nul autre que la poète/chanteuse Patti Smith qui aura comme mission de bien vous réchauffer (une bonne raison en soi de jeter une oreille attentive à sa récente reprise en famille d’un classique du vieux Neil).

Buffalo SpringfieldBuffalo Springfield Again (1967)

Enregistré par un groupe qui était déchiré par des conflits internes (drogues, égos et divergences artistiques) et dont la collaboration allait prendre fin dans les mois qui allaient suivre, Buffalo Springfield Again est un album qui comporte certaines des plus belles mélodies jamais enregistrées. On n’y retrouve peut-être pas le plus grand succès du groupe (For What It’s Worth), mais les cinq musiciens (surtout Young) ont pu profiter de la vision ambitieuse d’un jeune Jack Nitzsche libéré de l’emprise de Phil Spector. À noter aussi, la présence de David Crosby (fraîchement viré des Byrds) sur Rock & Roll Woman. Une rencontre qui sera déterminante dans le cheminement immédiat de Young.

Crosby, Stills, Nash & Young – Déjà Vu (1970)

On parlait de rencontre déterminante plus haut, en voilà une qui aura marqué l’imaginaire de la contre-culture américaine. Il est hors du commun d’assister à l’union en studio de quatre musiciens aussi talentueux. On laisse entendre que l’exercice n’aurait pas été de tout repos et que Graham Nash y aurait laissé beaucoup d’énergie dans son rôle de médiateur. Ceci dit, quelques 800 heures de studio plus tard, ils en ressortiront avec un album intemporel autant salué par la critique que le grand public. Helpless (ode au Canada natal de Young) demeure un des moments délicieux de l’album.

After the Gold Rush (1970)

Paru quelques mois après Déjà Vu, After the Gold Rush prouve encore une fois et hors de tout doute que Young n’a besoin de personne pour connaître du succès. Beaucoup plus doux que son album solo précédent (Everybody Knows This Is Nowhere, 1969), ce deuxième enregistrement avec les Crazy Horse sera marqué par le retour de Jack Nitzsche aux claviers et l’ajout d’un jeune guitariste prodige en la personne de Nils Lofgren. Parlant de guitares, on commence à ressentir l’appel du soft rock. Elles y sont rarement branchées, ce qui laisse entrevoir la tangente  qu’il compte emprunté sur Harvest en 1972.

On the Beach, Tonight’s the Night, Zuma (1974-1975)

Ça fait maintenant deux ans qu’Harvest sature toutes les ondes radio et malgré tout ce succès, le musicien canadien semble plus déprimé que jamais. En trame sonore à cette déprime, Neil Young & Crazy Horse lançeront trois albums extrêmement rock, qui viendront établir les bases du mouvement Grunge qui sera appelé à régner deux décennies plus tard. À sa sortie, On the Beach déplaira à ses fans. Des fans qui souhaitaient une suite au joyeux et léger Harvest. La réponse de Young était plutôt à l’opposé. Un album sombre qui évoque la fin douloureuse d’une relation amoureuse et le dégoût d’une scène musicale qu’il avait autrefois idéalisé. La déchéance se poursuit sur Tonight’s the Night (enregistré avant On the Beach, mais lancé après), Young se remet mal des morts de Danny Whitten (chanteur original des Crazy Horse) et Bruce Berry (technicien de tournées). Les deux avaient succombé à des surdoses d’héroïne et Young était rongé par la culpabilité. De ces moments noirs, suivront des séances d’enregistrements nocturnes qui carbureront aux excès de toutes sortes. Une autre déception pour les fans à l’époque. Finalement, il conclura l’année 1974 avec la sortie de Zuma. Un autre enregistrement où la mélancolie peut s’entendre, mais contrairement aux deux précédents, on peut aussi y percevoir de l’optimiste par moment. Un album essentiel si ce n’est que pour Cortez the Killer, un des plus beaux morceaux signé par Young.

Live Rust (1979)

Faisant suite à Rust Never Sleeps (1979) sorti quelques semaines plus tôt, Live Rust comporte tout ce qui devrait se retrouver sur un bon enregistrement devant public: des succès, de l’émotion et un désir d’amener les compositions juste assez ailleurs. Tous ces éléments se retrouvent sur cet album qui avait aussi été lancé en vidéo à l’époque. Parfois doux, parfois lourd. L’avant-goût le plus juste du concert auquel vous devriez avoir droit au mois de novembre.

Ragged Glory (1990)

La résurrection rock entamée sur Freedom (1989) se poursuit sur ce vingtième album signé par Young. Loin de toutes les bagarres légales qu’il a livré à David Geffen dans les années 80, il reprend les choses là où il les avait laissé à la fin des années 70. Ragged Glory lui aura permis d’aller consolider sa position en tant que parrain du grunge. Un album brûlant qui aura assurément ouvert la porte à une future collaboration avec Pearl Jam (Mirror Ball, 1995). Et oui, papi peut encore vous en montrer!


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