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A La Rochelle, Olivier Falorni futur élu de l’UMP ?

Publié le 15 juin 2012 par Kamizole

Je ne reviendrais pas sur le magnifique éloge de Ségolène Royal que fit dernièrement dans ces colonnes l’ami « Coup de Grisou ». Je lui signalai à ce sujet que j’avais dans mes archives deux articles du Monde sur la candidature dissidente d’Olivier Falorni, que je n’avais pas eu le temps d’exploiter. Candidat face à Ségolène Royal, Olivier Falorni exclu du PS (21 fév. 2012) et ce pur morceau d’anthologie de la connerie machiste la plus épaisse Olivier Falorni estime que le PS a "cédé aux caprices de Ségolène Royal" (22 fév.2012).

Jugement sans doute sévère de ma part mais qui reflète exactement le fond de ma pensée. A tous ceux accusent mon esprit partisan quand je m’en prends à Sarkozy ou à l’UMP, c’est qu’ils ne connaissent pas l’indépendance d’esprit de mémé Kamizole. Mes jugements n’ont rien de systématique mais portent sur des actes ou des déclarations. Vous ne me ferez jamais dire que la stupidité , la grossièreté, le mensonge ou le machisme seraient l’apanage exclusif de la droite. Il y a des gens très bien partout et des énergumènes également.

J’en suis d’autant plus convaincue qu’étant assesseur pour le Parti socialiste dans différents bureaux de vote à Montmorency depuis 1995, je rencontre régulièrement des élus ou des assesseurs de l’UMP avec qui les rapports sont des plus courtois. Nous nous saluons bien évidemment quand nous nous rencontrons dans la rue ou des magasins.

Et comme je viens de m’apercevoir fort opportunément que c'était il y a peu l’anniversaire de ce blog Lait d’beu atteint l’âge de raison : 7 ans ! et que mon tableau de bord affiche 4085 articles, j’y renverrais volontiers à ceux qui parfois me tapent dessus à bras raccourcis au prétexte que je serais partisane. Ils pourraient ainsi lire quelques articles où je n’ai pas hésité à monter au créneau pour prendre la défense de personnalités de l’UMP quand j’estimai qu’elles étaient injustement attaquées et encore plus particulièrement ad hominem. Je n’hésiterais pas à recommencer si nécessaire.

J’en reviens donc à Olivier Falorni. J’ai lu sur Le Monde que Les cyberpartisans de Royal se déchaînent contre Olivier Falorni (11 juin 2012). Avouez qu’il y a bien de quoi !

Je constate d’abord que c’est un menteur de première bourre car il prétend qu’il aurait été désigné si des primaires avaient eu lieu : hé ben, non ! Puisqu’il avait été décidé que la circonscription serait réservée à une femme. Selon le principe de la parité que l’UMP ne respecte pas (préférant payer des amendes… ils sont riches). Je suis d’ailleurs fort aise qu’il eût été appliqué à la 7e circonscription du Val d’Oise puisque le Parti socialiste est représenté par Charlotte Brun dont je saluai les mérites il y a peu.

Rien de bien surprenant à ce qu’il fut menteur : cela doit être inscrit dans son ADN… J’explique : les habitués de ce blog savent que l’étymologie fait partie de mes petites passions ainsi que l’onomastique qui s’intéresse à celle des prénoms et noms de famille. Or, quelque chose trottait à cet égard dans me petite tête… avec le mot fallacieux. Un petit détour dans mon excellent Dictionnaire étymologique des noms et prénoms de France (Larousse) me permit de trouver un « Fal(l)ourd » venant d’un surnom ou sobriquet signifiant en vieux français « trompeur » ou « grossier » dérivé de « falue »… Le fait que Falorni soit vraisemblablement d’origine italienne me fit alors consulter un petit dictionnaire italien. Bingo ! On trouve la racine fallare ou fallo pour se tromper ou commettre une faute. La proximité des deux étymologies passant bien évidemment par le latin : « fallo » (de fallere) : tromper, trahir, être parjure, etc. CQFD.

Olivier Forlani est encore un sacré menteur lorsqu’il prétend que « Pendant des années, Mme Royal n'a accordé aucun intérêt particulier aux Rochelais et aux habitants de l'île de Ré. En quelques semaines, elle les a découverts et se croit ici chez elle » lis-je dans une interview donnée au Monde "Mme Royal a vu cette circonscription comme un terrain d'atterrissage pour se parachuter" (12 juin 2012) quand Thomas Wieder lui fit remarquer que « Mme Royal préside la région : elle n'est pas vraiment parachutée... »…

Il doit avoir la mémoire soit fort courte soit très sélective. Il oublie que Ségolène Royal s’est battue comme une tigresse - sur le terrain - en mars 2010 pour les sinistrés après le passage de la terrible tempête Xinthia qui dévasta tout le littoral de la Charente-Maritime. La Rochelle et l’Ile de Ré ayant été également atteintes.

Par ailleurs, comme le soulignait à très juste titre « Coup de Grisou » non seulement la présidente d’une Région est chez elle sur l’ensemble du territoire de celle-ci et ne saurait donc être considérée comme une parachutée, et au surplus un(e) député - non plus qu’un sénateur - n’est pas le représentant de sa circonscription à l’Assemblée nationale ou au Sénat mais le représentant de toute la France dont la mission est d’élaborer des lois qui ont une portée générale. La meilleure preuve étant que les « mandats impératifs » - entendre le pouvoir délégué à un individu ou une organisation élu en vue de mener une action définie et selon des modalités précises auxquelles il ne peut être dérogé et qui s’oppose donc au mandat représentatif - est strictement interdit par l’article 27 de la Constitution de 1958. Pas très fortiche, hein ? Pour un politicien qui aspire à devenir parlementaire… et donc à légiférer.

Il commet au demeurant à ce sujet la même erreur que Raffarin et Bussereau - lequel le soutient contre Ségolène Royal. Point n’est besoin d’ailleurs d’être grand clerc pour savoir pourquoi il lui en veut tout particulièrement : elle l’a battu en mars 2010 lors des élections régionales. Il n’y va pas avec le dos de la cuiller, considérant qu’elle est une "rock star" (TF1, le 12 juin 2012).

Il aura beau assurer n’avoir « ni rancoeur ni rancune à l'égard de Ségolène Royal » je n’y crois pas un seul instant. « Rock star parce que son comportement médiatique n’est pas celui auquel nous sommes habitués sur nos terres radicales »… Il faudra que l’on me donnât sa définition du radicalisme, je ne pense pas qu’elle convint à l’UMP.

Indubitablement, Olivier Forlani ne déparerait pas à l’UMP puisqu’il ment une nouvelle fois en répondant à la question de savoir si François Hollande ou son entourage l’ont contacté « heureusement, François Hollande a d’autres préoccupations que la modeste circonscription de La Rochelle ». Sans nul doute car les problèmes ne manquent pas mais cela ne veut nullement dire qu’il s’en désintéressât pour autant puisque je lis par ailleurs qu’il vient de lui apporter son soutien à l’appui de sa profession de foi Royal, "l'unique candidate qui peut se prévaloir de mon soutien"  (TF1, le 12 juin 2012).

Cette parenthèse sur les mensonges étant fermée et pour en revenir à l’analyse strictement politique la situation de Ségolène Royal quant à son élection, je ne saurais être optimiste. Que l’on ne m’accusât point de défaitisme. J’essaie de demeurer le plus objective possible en mesurant les forces en présence. Le bébé se présente fort mal. Il faudra au moins les forceps. D’autant que selon un sondage réalisé dans la circonscription lundi et mardi Royal est donnée battue à La Rochelle par Forlani (Europe 1, le 13 juin 2012). Elle n’obtiendrait que 42 % contre 58 % pour son adversaire.

Certes, Ségolène Royal a-t-elle viré en tête au soir du 10 juin, en obtenant 32,03 % devant Olivier Forlani (32,03 %) mais Sally Chadjaa (UMP) ne peut se maintenir avec ses 19,47 % (abstention aidant) et Bussereau soutient Forlani contre Royal. « Tout sauf Royal » étant la consigne. Elle ne s’y trompe d’ailleurs pas : derrière elle, c’est François Hollande et le PS qui sont visés.

Arithmétiquement, c’est plié. Il restera que les électeurs ne sont nullement obligés de suivre ce genre de consignes. Qui peuvent être totalement contre-productives, surtout venant d’un parti qui n’hésite plus à fricoter de façon tout à fait indécente avec le Front national. Nul ne sachant au demeurant comment voteront éventuellement les abstentionnistes qui participeraient au scrutin le 17 juin. Sachant par ailleurs que des électeurs du 1er tour peuvent s’en désintéresser.

Certes, Martine Aubry et Cécile Duflot ainsi que sont allées soutenir Ségolène Royal à La Rochelle. De même que Jean-Michel Baylet (président du PRG) qui n’a pas manque de souligner que c’est « une femme d'une très grande qualité qui est la candidate du PS et de tous les radicaux gauche ». Elle est également soutenue - à titre personnel - par le candidat du Modem (Europe 1, le 13 juin 2012). Mais sera-ce suffisant ?

Imaginons le pire : Ségolène Royal battue au soir du second tour. Elle annonce fort heureusement qu’elle ne renoncera pas à la politique. Je ne vois pas pourquoi. Rien ne lui aura pourtant été épargné depuis plus de cinq ans. Mais Ségolène est un roseau : elle plie mais ne rompt pas. Tombe sous les mauvais coups mais se relève à chaque fois.

Le dernier en date : le twitt de soutien de Valérie Trierweiler à Olivier Forlani… j’y reviendrais mais c’est une belle connerie qui ne peut que nuire à François Hollande et déclenche moult quolibets de l’UMP et du FN… Psychodrame de la jalousie maladive ! Preuve qu’elle n’a guère plus de sens politique que Carla Bruni pour mêler ainsi vie privée et vie publique sans se soucier des intérêts supérieurs de l’Etat. Cela promet !

Lors même que nous aurions d’autres combats autrement importants à mener contre une partie de l’UMP qui n’hésite nullement à fricoter avec le Front national - n’est-ce pas Nadine Morano ? Elle préfère « l’af/Front national »… Mais n‘ayez crainte, j‘ai bien l‘intention de m‘occuper d‘elle !

Avec un Jean-François Copé qui se cache derrière son petit doigt en prônant - comme en mars 2011 lors des élections cantonales - le « ni-ni » : ni Front national ni Front républicain anti-FN… il faut bien complaire aux deux électeurs de l’UMP sur trois favorables à des accords locaux avec le FN pour les législatives (Le Monde 11 juin 2006) selon un récent sondage qui au demeurant confirme celui qui eu lieu pendant la campagne présidentielle.

Si Ségolène n’est pas élue, elle restera la présidente de la Région Poitou-Charentes.

Et Olivier Falorni deviendra un obscur député, non inscrit. Car il m’étonnerait fort qu’il rentrât en grâce dans le futur groupe socialiste de l’Assemblée nationale. Exclu du PS, selon les statuts il devrait attendre deux ans pour demander sa réintégration. Non inscrit, il sera donc sans pouvoir - sinon celui de fermer sa gueule - car je ne pense pas qu’il serait élu ou désigné pour participer à une quelconque commission parlementaire ou pour rédiger quelque rapport.

Il lui restera toujours la possibilité de rejoindre ses nouveaux amis de l’UMP car bien évidemment Jean-Marc Ayrault - qui vient une nouvelle fois de lui demander sans succès de retirer sa candidature - a parfaitement raison d’affirmer que "Falorni est le candidat de l'UMP et du FN" (Europe 1, le 13 juin 2012) puisque selon ce que rapporte Hélène Favier « il a pris connaissance d’un sondage qui montre que Ségolène Royal est largement soutenue à gauche, alors qu'Olivier Falorni est devenu le candidat de l'UMP et du Front national, qui eux seuls peuvent amener sa victoire »… 82 % des électeurs de l'UMP et du FN s’apprêtant à voter Falorni contre 6 % pour Ségolène Royal selon cette enquête réalisée par l’Ifop pour Sud-Ouest.

Ségolène Royal ne s’y trompe pas plus qui accuse Falorni de "trahison politique" (Europe 1, le 14 juin 2012) faisant une comparaison fort peu flatteuse avec celle dont elle fut victime en 2007 de la part de l’inoubliable Eric Besson qui la lâcha en pleine campagne électorale avant de rejoindre Sarkozy quelques semaines plus tard, pour être ensuite nommé ministre avant d’adhérer, toute honte bue à l‘UMP. « Sans jamais d’états d’âme » quelque saloperie qu’il commît et Dieu sait s’il y en eût ! .

Elle considère que « Cette trahison est intolérable : C'est accepter de faire perdre une candidate de gauche avec les voix de la droite et de l'extrême droite ». Objectivement parlant Olivier Falorni ne saurait plus être considéré comme socialiste. Encore de gauche ? L’avenir le dira…

Je lis sous la plume de Thomas Wieder La fronde d'Olivier Falorni à La Rochelle (Le Monde 12 juin 2012) qu’il ne voulait pas que Ségolène Royal lui fît de l’ombre. Il est rentré dans la lumière des projecteurs mais elle ne le met guère à son avantage. Un arriviste prêt à tout pour se pousser du col.

Quand bien même se targuerait-il de l’amitié de François Hollande et de lui être resté fidèle pendant toute sa traversée du désert - il n’est d’ailleurs pas le seul, dont Jean-Marc Ayrault et un certain nombre de fidèles - je n’avais jamais eu l’occasion de m’intéresser à lui et son nom m’était donc parfaitement inconnu. Ce n’est plus le cas et croyez bien qu’il est désormais inscrit sur mes tablettes et que je saurais suivre sa piste comme un scottish-terrier. Guettant le moindre de ses faux-pas.

L’amitié ? Il est du nombre de ces amis qui sans vouloir du mal en font beaucoup aux leurs sans même avoir suffisamment de bon sens - ici, politique - pour en avoir conscience et ruinent par là même la cause qu’il prétendent défendre.


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