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Madame Rolande BERNE LAMONTAGNE nous raconte Félix THORIN

Publié le 18 juin 2012 par Halleyjc

Cette rubrique IN MEMORIUM provient de la dernière Lettre du Conseil National des Experts de Justice. Félix THORIN est décédé le 18 février 2012. Le Conseil National a tenu à lui rendre hommage pour saluer sa qualité d'expert remarquable et sa contribution à l'image de compétence et d'intégrité des experts comptables de justice lors de sa présidence du CNECJ.

Madame BERNE LAMONTAGNE était sans doute la mieux placée pour parler de son ami Félix THORIN. Les Guadeloupéens apprendront à mieux connaître ce brillant compatriote qui a fait honneur à son pays. Un grand merci à la rédactrice de cet hommage sensible et complet.  

Quelques lignes, c'est peu de place, pour rappeler quel homme fut notre confrère Félix THORIN qui vient de nous quitter et quel grand Monsieur il reste pour nous ses confrères.

Félix THORIN est né à Pointe à Pitre le 23 juin 1923. Il fit des études dans sa chère île, à l'issue desquelles il devint enseignant à Marie Galante, avant d'entreprendre des études de droit à la faculté de Fort-de-France en Martinique.

Il ne renia jamais ses origines modestes et seuls quelques-uns d'entre nous savent qu'il paya ses études avec la musique, car il fut un grand trompettiste et se produisait dans des orchestres en Guadeloupe.

Puis il vint en Métropole et fit son doctorat de Droit à la Sorbonne en choisissant pour Directeur de thèse le professeur François PER­ ROUX, sans doute séduit par ses théories humanitaires et économiques, notamment sur l'économie dans le tiers monde.

Peut-être est-ce cela qui lui donna l'idée de fonder avec son ami Saint Yves DUMEUR, l'association le CASODOM où il milita de nombreuses années.

Ce parcours à la fois appliqué et glorieux fut honoré par une double décoration, d'abord le ruban violet des palmes académiques qui salua sa route universitaire, puis le ruban de l'Ordre du Mérite en reconnaissance de son action sociale au CASODOM et la rosette attribuée par le Ministère de la Justice {Pierre Drai). Il reçut avec modestie, ce double hommage qui au-delà du professionnel honorait l'humain. Parallèlement, aussi passionné de droit que de comptabilité il devint expert-comptable, en soutenant un mémoire sur une notion économique chère à sa pensée, "La notion de flux en comptabilité". Pédagogue né, il partagea ses connaissances et son savoir en professant le droit et la comptabilité, avant de devenir le stagiaire de M. VANDERHAGEN à qui il s'associa en 1951. C'est là que nos routes se croisèrent en 1957.

Bien qu'ayant brillamment réussi le CAPA il n'exercera jamais la profession d'avocat car, préférant la rigueur du chiffre, à l'attrait du verbe, il devint expert judiciaire.

Il fut, aux côtés de Gérard AMEDEE MANESME, et avec d'autres confrères à l'origine de la CNECJ qu'il présida de nombreuses années, puis avec notre confrère Pierre DUCOROY, à l'origine de la CEACQ créée en juin 1986, et dont il fut l'un des premiers membres du Bureau. Les plus anciens d'entre nous se souviennent de ses écrits doctrinaux dans la Gazette du Palais dont les traces demeurent dans les Dalloz, et de la pertinence de ses nombreuses interventions aux congrès des Experts comptables de justice, soit en tant que rapporteur général, soit en tant qu'intervenant, de la tribune ou de la salle.

Homme de la déontologie, il œuvra à cette réflexion d'importance pour la profession tant au niveau de la CNECJ, de I'UCECAP que du CNCEJ. Tous les gens de justice qui ont croisé sa route reconnaissent unanimement et également en lui, à la fois l'Homme au jugement droit et au jugement de droit.

Homme de contact aussi, mais ennemi du conflit, il gardait dans la contradiction voire dans l'adversité cette nonchalance créole qui, chez lui, n'était qu'apparence et courtoisie et sans compromission il savait faire passer ses idées avec une autorité aussi bienveillante que déterminée.

Ce fut le credo de sa vie, jusqu'à ce jour tragique d'octobre 2002 où son corps a trahi son esprit.

Dès lors, subissant sans résignation cette prison que la vie lui infligeait, il accepta courageusement les soins pénibles qui lui permettaient, malgré tout, de rester au centre de son milieu familial et amical.

Même si avec une suprême élégance, il a choisi de partir avec un certain sourire, nous sommes tristes devant le vide qu'il laisse, cette voix qui s'est tue à jamais, cette pensée qui ne pensera plus...

En hommage à sa mémoire et en gratitude de son action, sachons toutefois, en acceptant le poids de son absence reconnaître notre privilège d'avoir connu et croisé le chemin d'un tel homme.

Rolande BERNE LAMONTAGNE

http://www.cncej.org/documents/cncej/index.php?z=1


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