Geraldo trône dans mon paradis…

Geraldo trône dans mon paradis. Avec mon père, avec Dinko, avec Soulat, Mounier, Jean et Germaine, avec Aymé, P’tit Louis et Patrick, mon lapin de garenne, avec ma pauvre et radieuse Cécile, qui riait tant au couacadi de Tardieu, avec la si belle, si vive, si délicieusement gaffeuse cousine Monette, avec Mathilde maintenant, Thildou la tant aimante, et Thierry notre bâtisseur, enlevés l’un après l’autre pendant que, insouciant du pire, j’écrivais une de ces pages, avec le chef Thomas de mon enfance, avec mon vieux Philou qui rêvait de l’Amazonie, avec Annie, hier, l’Annie de Sylvère, si gracieuse en son âge de vieille dame, et avec tous ces autres qui seraient bien surpris d’apprendre, dans leur hypothétique éternité, que leur souvenir me fait, chaque jour, une acceptable raison d”être. C’est mon Olympe, c’est mon académie, c’est ma tribu, c’est moi – un des rares moi qui vaillent, en tout cas.

Daniel Pennac, Le dictateur et le hamac.