Magazine Médias

Le plus dur reste à faire

Publié le 22 juin 2012 par Copeau @Contrepoints

Après avoir opposé "austérité" et "croissance", François Hollande devra-t-il expliquer que "l'austérité" est un préalable à la "croissance" ? La vie politique est faite de ces retournements post électoraux et c'est à la capacité de négocier les virages que l'on reconnaît l'homme d’État.

Par Guy Sorman.

Le plus dur reste à faire

Les deux tiers des Français (sondage IFOP pour l'Observatoire de la fiscalité et des finances publiques) s'attendent à une forte augmentation des impôts. Celle-ci permettra-t-elle de "relancer" la croissance ainsi que s'y est engagé François Hollande ? 61% des Français envisagent plutôt un effet négatif de l'impôt sur la croissance, y compris parmi les électeurs de gauche. La sagesse populaire converge ainsi avec les enseignements de l'économie : à peu près tous les économistes considèrent que, dans un pays à prélèvement public déjà très élevé (la moitié de la richesse nationale en France transite par les caisses publiques), plus de fiscalité conduirait à moins de croissance.

D'accord aussi avec la plupart des économistes (dont certains entourent le Président de la République), 75% des Français souhaitent une baisse des dépenses publiques ; les salariés du secteur public y sont naturellement moins favorables mais toutes ces opinions sont massivement partagées par tous les Français.

Le gouvernement se retrouve donc dans une situation complexe : sa base électorale, et ses militants, sont les moins favorables à une réduction des dépenses publiques, alors même que celle-ci est considérée comme indispensable pour la majorité des Français et sans doute une condition préalable au retour de l'investissement privé. Après avoir opposé "austérité" et "croissance", François Hollande devra-t-il expliquer que "l'austérité" est un préalable à la "croissance" ? La vie politique est faite de ces retournements post électoraux et c'est à la capacité de négocier les virages que l'on reconnaît l'homme d’État.

La croissance pour autant ne se décrète pas : sans réduction des dépenses publiques, elle ne reviendra pas, mais la réduction de ces dépenses ne la garantit pas. En vérité, la politique économique des gouvernements ne constitue qu'une part infime du processus de croissance. Si j'en crois le sondage IFOP, les Français dans l'ensemble semblent avoir mieux intériorisé ces lois de l'économie que n'y parviennent bien des dirigeants politiques, tous partis confondus.

----
Sur le web.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Copeau 583999 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte