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Rio+20 : L'écologie à laquelle nous avons échappé

Publié le 20 juin 2012 par Copeau @Contrepoints

Avec Rio+20, nous allons fêter le vingtième anniversaire de la Conférence de Rio, qui a servi de rampe de lancement à la grande campagne contre le réchauffement climatique d'origine humaine. Cela mérite célébration.

Par Pierre Clermont.

Rio+20 : L'écologie à laquelle nous avons échappé

Nous allons fêter le vingtième anniversaire de la Conférence de Rio, qui a servi de rampe de lancement à la grande campagne contre le réchauffement climatique d'origine humaine. Cela mérite célébration.

Si la civilisation occidentale s'est élevée au-dessus de toutes les autres (ben non, désolé MRAP, LICRA, SOS-trucmuche et autres crustacés nourris de nos impôts, toutes les civilisations ne se valent pas), c'est parce qu'elle a inventé l'individu. Dans toutes les civilisations traditionnelles, on n'existe que comme membre d'un groupe – une famille, un clan, une tribu, ce que vous voulez. Et on est tenu de se comporter comme membre dudit groupe : il faut en respecter les codes, les usages, les traditions, les conventions. N'allez pas vous amuser à émettre la moindre idée nouvelle, car vous êtes sûr de violer quelque part une règle ou un tabou. Le groupe vous a à l'œil.

La société occidentale a été la seule à briser ce carcan. Ca ne s'est évidemment pas fait d'un coup : il y a fallu des générations. Mais plus elle libérait l'initiative de l'individu, plus elle s'apercevait qu'elle en recevait de bienfaits en retour. Et inversement, dans les périodes de régression, tout allait plus mal. C'est en inventant l'individu que la société occidentale a trouvé la formule magique, l'extraordinaire source d'énergie et de créativité qui lui a permis de développer les instruments intellectuels grâce auxquels elle a porté la connaissance à des sommets inégalés, qu'elle a multiplié les exploits technologiques et scientifiques, qu'elle a conquis le monde. Ce qu'ont fait les Occidentaux, pas une bête ne l'aurait fait. On s'attendrait à ce qu'ils soient fiers de leur passé et de leur présent.

Les sectateurs du politiquement correct veulent qu'ils en aient honte.

Pour eux, l'histoire de l'Occident n'est qu'une succession d'exactions et de pillages, de spoliations et de massacres.

De même, pour la faction écologique de la confrérie, la société occidentale n'a jamais fait que saccager la nature, gaspiller les ressources, polluer l'air, empoisonner l'eau, exterminer les espèces vivantes, accumuler partout la ruine, la misère et la dévastation pour le profit égoïste de quelques-uns. Et aujourd'hui plus que jamais.

Voilà ce qui arrive, disent-ils, quand on laisse tout un chacun libre de n'en faire qu'à sa tête, de produire et de vendre ce qui lui plaît, de penser comme il l'entend. Ils brûlent de mettre de l'ordre dans ce bordel archiultranéolibéral.

Malheureusement, leur discours – ce que Lomborg a appelé la litanie - est assez lassant et n'a qu'un faible impact sur le public. Il leur fallait une Grande Illumination autour de laquelle mobiliser les masses. Elle survint à la fin des années 80 : quelques scientifiques, qui jusque là avaient soutenu le contraire, se mirent soudain à clamer que la température de la planète était en train de monter de manière catastrophique du fait des rejets de gaz à effet de serre provoqués par l'activité humaine. "On vous l'avait bien dit, s'exclamèrent les écologistes, le modèle de société occidental nous conduit au désastre !"

Impressionnés, les milieux politiques demandèrent quoi faire. "Arrêter immédiatement les émissions de gaz à effet de serre, leur fut-il répondu, et notamment les rejets de CO2". "Mais le coût économique va être pharamineux ?" "C'est ça ou la mort de la planète." "Ah bon…" Tout le monde s'inclina. En 1992, on convoqua une grande conférence à Rio, avec plus de 20 000 participants venus du monde entier, qui se mit d'accord pour réduire les rejets de gaz à effet de serre – accord formalisé et quantifié à Kyoto en 1997.

L'écologie triomphait. Tous les Etats, tous les gouvernements, toutes les institutions scientifiques, tous les médias, en un mot, toute la bonne société, étaient à ses pieds. Elle avait pris en main les destinées du monde, elle allait sauver la planète. Mais à condition qu'on lui obéisse et que nul ne s'avise de contester ses décrets.

Les sceptiques en firent aussitôt l'expérience. Car il y avait bien sûr quelques sceptiques - il y en a toujours. On leur fit vigoureusement savoir qu'il n'était pas question de discuter – "the science is settled", leur annonça-t-on. On leur barra l'accès aux revues scientifiques et aux grands médias, on leur imposa le silence. Et pour que l'opinion sache bien à qui l'on avait affaire, on les qualifia de "négationnistes" – le même terme qu'on emploie pour désigner les illuminés qui nient la réalité des camps d'extermination nazis.

Mais les sceptiques ne rentrèrent pas sous terre. Ils prirent le maquis informatique. Interdits de séjour dans tous les médias institutionnels, ils se réfugièrent dans les jungles du web, d'où ils entreprirent de réfuter point par point la théorie de l'origine humaine du réchauffement. Pendant des années, ils grignotèrent ainsi les certitudes officielles, exposant leurs contradictions et leurs approximations. Ils réussirent même, avec la fameuse affaire du Climategate, à surprendre les irréprochables savants du réchauffement le pantalon sur les chevilles, en train de trafiquer délibérément leurs résultats, de dissimuler leurs données, d'organiser le boycott des travaux de leurs adversaires par des méthodes inspirées de celles de la mafia sicilienne.

En dépit de son poids énorme, de ses gigantesques moyens, de tous les appuis institutionnels dont il dispose, le rouleau compresseur de l'écologisme n'est pas parvenu à écraser la résistance des sceptiques. Au contraire, ceux-ci ont proliféré. Mieux, la planète elle-même s'est mise à pencher de leur côté. Selon la théorie officielle, on l'a dit, l'augmentation des températures serait le résultat direct des rejets de gaz à effet de serre. Depuis la fameuse conférence de Rio, il y a vingt ans, ceux-ci ont augmenté d'environ 50%. On s'attendrait à une montée concomitante des températures. Or, depuis  maintenant une quinzaine d'années, elles refusent de bouger. Les sceptiques avaient raison depuis le début : l'activité humaine n'est pour rien dans le réchauffement.

Le rouleau compresseur, cependant, continue de rouler – en tout cas dans les médias, qui n'ont pas soufflé mot des débats en cours. Mais c'est désormais essentiellement l'effet de la force d'inertie, car la machine se disloque peu à peu. D'autant plus que la crise économique a amené les gouvernants à regarder d'un œil plus sobre les extravagantes dépenses exigées par le programme des écologistes. La vaste campagne du réchauffement est aujourd'hui sur les récifs.

Heureusement. Car son objectif n'était pas seulement environnemental : il était politique. La victoire de l'écologisme aurait marqué une étape décisive de l'ensemble du politiquement correct dans son entreprise de domination des esprits. Elle aurait permis d'imposer en matière de climat une pensée unique et obligatoire, une vérité officielle que nul n'aurait été autorisé à contester : elle aurait permis de faire disparaître tout esprit critique, cad de mettre un terme au droit des individus de penser par eux-mêmes. Dans ce domaine d'abord – avant de passer aux autres.

Autrement dit, le mouvement écologique – et au-delà de lui, l'ensemble du politiquement correct dont il fait partie - n'est pas seulement l'ennemi de l'industrialisation, de la croissance économique, etc. Il est l'ennemi de ce qu'il y a de plus fondamental dans la société occidentale : la liberté de penser de l'individu.

Autrement dit encore, son horizon ultime est le retour au mode de fonctionnement de la société traditionnelle. Cette société où le groupe vous a à l'œil.


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