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L’instabilité politique perdure au Pakistan

Publié le 22 juin 2012 par Journalpakistan @journalpakistan

L’élection du nouveau Premier ministre, Raja Pervez Ashraf, accusé de corruption, risque d’aggraver le conflit entre la Cour suprême et le pouvoir civil.

L’instabilité politique perdure au Pakistan

Raja Pervez Ashraf

Après trois jours de suspens, le Pakistan a un nouveau premier ministre. Vendredi soir, les députés de l’Assemblée nationale ont élu Raja Pervez Ashraf par 211 voix contre 89. Ce fidèle du parti du peuple pakistanais, le PPP, n’a pas a eu de mal à remporter le scrutin. La coalition emmenée par le PPP est majoritaire à l’Assemblée.

Raja Pervez Ashraf a été désigné candidat du parti à la dernière minute. Le prétendant choisi au départ, Makhdoom Shahabuddin, a dû se désister : l’agence anti-drogue a lancé un mandat d’arrêt contre lui quelques heures après le dépôt de sa candidature jeudi pour une affaire de corruption.

Raja Pervez Ashraf remplace Yousouf Raza Gilani, qui a démissionné mardi 19 juin sous la pression la Cour suprême. En dépit des injonctions de la première instance judiciaire, Gilani avait refusé de rouvrir une enquête pour corruption contre le président de la République et co-président du PPP, Asif Ali Zardari.

Reste que Raja Pervez Ashraf pourrait lui aussi être rattrapé par la justice. Elle lui reproche d’avoir reçu des pots-de-vin dans le cadre d’un contrat énergétique lorsqu’il était ministre de l’eau et de l’énergie entre 2008 et 2011. Ce scandale lui a valu le surnom de « Raja le loueur. » Pire, tout comme son prédécesseur, il sera sous la pression de la Cour suprême qui va lui ordonner de relancer l’enquête contre Zardari. Ces scandales en série sont révélateurs de la façon dont la démocratie fonctionne au Pakistan.

« Les politiciens élus ou nommés ministres utilisent leur position pour distribuer les ressources de l’Etat à leurs supporters, que ce soit en leur donnant de l’argent ou des postes dans l’administration, analyse Anatol Lieven, professeur au King’s College de Londres et auteur de Pakistan, a hard country. Cela leur permet de fidéliser leur base électorale. Mais depuis quelques années, la corruption a pris des proportions plus importantes. Il n’est plus rare de voir des ministres transférer l’argent qu’ils ont volé sur des comptes bancaires à l’étranger ou s’acheter des maisons en Occident. »

Depuis deux ans, la justice pakistanaise fait preuve d’une intransigeance inédite contre la corruption, comme en témoigne la démission de Gilani. La passe d’armes qui s’annonce entre la Cour suprême et Raja Pervez Ashraf va nourrir l’instabilité politique.

Problème : le pays doit faire face à de graves défis. Sur le front extérieur, les négociations entre Washington et Islamabad sur la réouverture des routes pakistanaises aux convois de l’Otan, fermées depuis 7 mois, traînent et les Américains perdent patience. Les Occidentaux commencent à retirer leur troupes et la fermeture du territoire pakistanais renchérit le coût du rapatriement.

Plus grave, depuis quelques semaines, les révoltes contre les coupures de courant se multiplient. Le gouvernement PPP n’a pas su prévoir la crise énergétique qui prend désormais des proportions alarmantes. Certaines régions sont privées de courant à raison de 20 heures par jour et les émeutes se multiplient. Le pays commence à ressembler à une cocote-minute qui ne demande qu’à exploser.


Classé dans:Politique Tagged: élections, premier ministre, Raja Pervez Ashraf

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