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ROUGE MENTAL. T Mann

Par Collectif Ratures // Poésie // Grenoble

 

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ROUGE MENTAL

 

 

-Etat Provisoire-

 

Bâbords toutes, au son des hommes exaltés.

 

*

L’hermine blonde, l’épave argentée guide nos pas de loup dans la ville éteinte. Sur chaque barricades on tresse dans des lignes crépusculaires l’emblème des continents. Toute âme ici comprise loge comme une reine bariolée de fossiles d’argent. Toute lumière inonde nos masques sordides, et les rues comme des caisses s’engorgent de fruits rouges pendant qu’essuyant le sang sur nos fronts court une femme nue libre de toutes effigies.

 

D’est en ouest, on entend le bruit sourd que font les banques quand elles explosent. Leurs hôtes tremblants comme l’abdomen de l’onirique cigale sont terrés. On les débusquent à l’aide d’une bourriche pleine de poissons tropicaux. En voila un la langue coincée dans les mailles du piège ingénieux. Un souffle de rage primitive mêlé de braises ardentes emporte la proie, queue en l’air, traînée par une foule rieuse . L’arc en ciel des bouches trace ses folles couleurs après lui qui traine son corps comme une vague lubrique. La peur le dévore, tu verras travailleur comme font ses os quand ils se brisent. Pas mieux qu’une souris séchée par la tôle d’une carlingue foudroyante. C’est facile d’en être de ceux qui liquéfient, et tu en seras, après l’envol des rutilantes toitures sous lesquelles s’endormait leur pesante amnésie.

 

 

Par ici, où s’envolent mille petits écrans noirs, un homme trouve l’huile pour son pot.

 

*

L’hermine blonde s’est assise devant les hautes grilles du palais… On la regarde avec une flamme vive dans les yeux.

 

 

-Une Prise-

 

Par une fenêtre à l’encolure des savanes, une ombre observe notre mer électrique. Déjà, trois bustes aux bras vengeurs grimpent vite dans l ‘épaisseur des ronces d’acier. D’une étroite lucarne ovale, sort une main au petit chiffon blanc. Cette vaine colombe n’apporte rien à nos cœurs endurcis. Elle tombera comme un gland sabré par l’opinel solide des repas ouvriers.

 

Quand à force d’y enfoncer un bélier de têtes chauves, la porte finit par céder, un nuage d’écrevisses s’éleva dans les airs, déversant au hasard des rues quelques gouttes d’or fin. Loin de nous bercer, le trémolo de leurs ailes pourpres monte en nous comme une vague urticante. Loin devant, un corridor s’enfonce dans une jungle de muscles vernis. Tous les saints des murs, nervurés de longues plaies, surpris pas tant d’audace retiennent leur souffle dans d’étranges ballons sur gonflés.

D’une précision avoisinant celle des plus grandes équations scientifiques, on renverse quelques tables pour dire qu’elles furent celles des pires ratifications. des lustres pendants comme des couilles cristallines, on fait des perchoirs a pigeon.

Un bronze napoléonien traverse la pièce a toute berzingue. Une terre gaullienne explose son crâne contre un linteau. Un porte plume vomi tout son encre. Un diplomate pleure. Un bureaucrate fond sur son siège dans une cire immatérielle. Le chien aboie, les grenades passent, pendant qu’impassible le jardinier regarde les pommes tomber.

 

« Où est passé le maitre des lieux? Où scintillent ses diaboliques oreilles? » Dit la petite voix nomade des marais. Pour les siècles des siècles, le soir nous inonde du pur parfum des ailes ouvertes.   L’allumette-martyr provoque la plus parfaite éclosion de chaleur. Comme à chaque fois qu’elle s’exprime, avalant les étages comme des lactaires, la fournaise bouleverse notre science du combat.

On place un tireur fou devant chaque fenêtre suspectée d’attirer l’évasion de quelques singes de la haute société. Pour l’occasion, on choisit une centaine d’ex mannequins safranés. L’ordre intimé a ces âmes par une aiguille de granit n’offre aucune alternative à la part sensible des êtres rendus à notre cause. A la première once de chair surprise tentant l’exil du foyer Feu!, Nourri jusqu’au vide sidéral des culasses chantantes.

Par un vent chargé de raisins noirs qui pénètre les alvéoles miroitantes de notre peau, on observe, cœurs sautants et pieds dans l’eau, riant des fontaines de jasmins, la chute des vieilles pelures d’autrefois.

 

 

 -Osmose-

 

L’hermine blonde, l’épave argentée pullule comme la vie au soleil. O! travailleur, rendu aux souches limpides de la liberté, en veux tu en voilà des poches d’heures ou tu puiseras le temps libre des océans.

 

Sur la mie d’une joue brillante

Repose la clarté d’un papillon

Sur la paume ouverte

Pait sereinement la drosophile

 

O! travailleur, marchant sur l’angoisse des jours passés. En veux-tu en voilà, du monde taillé en cristaux comestibles.

 


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