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H5N1: Un supervirus dans la nature reste du domaine du possible – Science

Publié le 23 juin 2012 par Santelog @santelog

H5N1: Un supervirus dans la nature reste du domaine du possible  – ScienceUn « supervirus » de la grippe aviaire, transmissible entre humains pourrait bien se développer naturellement et circuler dans la nature, selon cette recherche, partie intégrante de l'édition spéciale du 22 juin, de la revue Science, consacrée aux travaux longtemps interdits de publication sur le supervirus de la grippe aviaire H5N1. La recherche confirme non seulement l'hypothèse d'un tel virus naturel, transmissible d'homme à homme mais aussi le grand nombre d'autres combinaisons possibles, que celles utilisées en laboratoire, pouvant donner naissance à un tel virus pandémique.


Ce sont les hypothèses du professeur Derek Smith et le Dr Colin Russell de l'Université de Cambridge. Alors qu'actuellement, la grippe aviaire H5N1 ne peut être transmise que des oiseaux aux humains, mais pas d'humain à humain, les 2 études controversées de Ron Fouchier du Centre médical Erasmus à Rotterdam (publiée dans ce même numéro spécial) et de Yoshihiro Kawaoka de l'Université de Wisconsin-Madison ont révélé qu'après « quelques mutations », le virus aviaire H5N1 pourrait être transmissible par voie aéroportée entre mammifères…donc chez l'Homme.


2 des 5 mutations de laboratoire, déjà présentes dans la nature : Jusqu'à présent, on ne savait pas si de telles mutations pouvaient se produire dans la nature. Ces chercheurs de Cambridge ont d'abord analysé l'ensemble des données de surveillance disponibles sur le virus H5N1 sur ces 15 dernières années, en se concentrant sur les infections recensées chez les oiseaux et les humains. Ils ont découvert que 2 des 5 mutations opérées dans les laboratoires des chercheurs Ron Fouchier et Yoshihiro Kawaoka se sont déjà produites naturellement chez de nombreuses souches de grippe aviaire existantes. En outre, ils constatent que plusieurs des souches « naturelles » analysées présentent ces 2 mutations.


Plus que 3 ! Colin Russell, membre de la Royal Society University Research de Cambridge, précise: « Les virus possédant ces 2 mutations sont déjà courants chez les oiseaux, ce qui signifie qu'il existe des virus qui n'auraient qu'à acquérir 3 mutations supplémentaires pour devenir transmissibles par voie aérienne à l'Homme ».


La question clé est « est-ce que 3 c'est beaucoup? » : Les scientifiques ont travaillé la question avec un modèle mathématique portant sur le mode d'évolution du virus au sein d'un hôte mammifère, afin d'évaluer l'impact des différents facteurs de mutation et la probabilité de voir s'effectuer ces mutations. Ces facteurs qui augmentent la probabilité des mutations sont en constante évolution et, dans chaque être humain infecté, ce sont des milliards de virus, avec donc de multiples mutations multiples qui peuvent se concentrer et interagir à l'intérieur d'un hôte unique. Dans la réalité, selon les auteurs, les mutations identifiées par Fouchier et Kawaoka sont peu susceptibles d'être les seules combinaisons capables de produire un virus transmissible par voie aéroportée. La probabilité d'apparition augmente avec le nombre de combinaisons !


Une menace potentiellement grave : A partir des données actuelles et compte-tenu des combinaisons possibles, les auteurs s'avouent incapables de préciser le risque exact de voir un tel virus, transmissible d'homme à homme, se développer et circuler librement dans la nature. Cependant, leurs résultats suggèrent que les 3 « autres » mutations pourraient s'accomplir au sein d'un même hôte humain, ce qui fait de cette hypothèse « une menace potentiellement grave », selon Derek Smith. «Nous savons maintenant qu'il est du domaine du possible de voir ce type de virus se développer et circuler dans la nature et donc, tout doit être fait pour évaluer ce risque avec plus de précision ».


Les auteurs recommandent ainsi une surveillance supplémentaire dans les régions où le virus avec ces 2 premières mutations a déjà été identifié et dans les régions liées à ces régions par la migration des oiseaux et le commerce ainsi que d'autres analyses du virus par "séquençage profond" pour mieux préciser les mutations possibles pour aboutir à cette capacité de transmissibilité par voie aérienne.


 


Source: Science 22 June 2012: 1541-1547 DOI:10.1126/science.1222526 « The Potential for Respiratory Droplet–Transmissible A/H5N1 Influenza Virus to Evolve in a Mammalian Host


Autres sources:


1-Science: Special Issue et Science 22 June 2012: Vol. 336 no. 6088 pp. 1534-1541 DOI: 10.1126/science.1213362 Airborne Transmission of Influenza A/H5N1 Virus Between Ferrets


2-Nature doi:10.1038/nature10831 Published online 02 May 2012 485,13–14 Experimental adaptation of an influenza H5 HA confers respiratory droplet transmission to a reassortant H5 HA/H1N1 virus in ferrets 03 May 2012- doi:10.1038/485013a “Mutant-flu paper published


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