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Eduquer au vin ? (2/2)

Publié le 24 juin 2012 par Romlor

Pour ce second article (et dernier car il faut rester modéré !) sur le vin, j’ai trouvé intéressant de traiter d’un débat absolument clivant : l’éducation au vin. Le parti pris de nombreux médecins, de personnalités, et bien entendu du lobby viticole est de défendre l’idée selon laquelle rien ne vaut mieux pour combattre l’alcoolisme, que d’encourager l’usage modéré du vin. Avec en toile de fond le postulat que ceux qui font du vin leur boisson quotidienne échappent à l’invincible besoin de le remplacer par l’alcool fort.

Au pays de la loi Evin, face aux hygiénistes ascétiques et aux associations de lutte contre les addictions, ce type de message passe mal. Ainsi, un tollé avait accueilli, en 2010, les propositions de Jean-Robert Pitte et de Jean-Pierre Coffe dans leur rapport sur l’amélioration de la restauration universitaire. Ils proposaient une série de mesures pour éduquer les étudiants au bien manger, aménager les rythmes, diversifier les choix d’alimentation ou encore améliorer l’alimentation étudiante en dehors des restaurants universitaires…et surtout de réintroduire le vin dans les resto U.

L’idée n’était pas de disposer des fontaines de vin sur les tables, mais plutôt de proposer des animations ponctuelles pour faire découvrir le vin aux jeunes, et pour leur apprendre à en consommer.

Pour ma part, je crois beaucoup à l’éducation au vin. Autant proposer un accès illimité et non expliqué à un produit alcoolisé est choquant, autant organiser de manière encadrée, pédagogique et modérée des initiations à la dégustation me paraît être bienvenu. Ce peut être notamment une réponse à ces pratiques de plus en plus courantes de consommation excessive et à ce nouveau rituel destructeur et contagieux qu’est le binge drinking.

Faire entrer le vin, son histoire, sa culture, son apprentissage, dans l’enceinte scolaire ne date pas d’aujourd’hui. Slate.fr le rappelle en citant cette circulaire datée du 3 août 1931 (à la veille de la loi créant les Appellations d’origine contrôlées (AOC)). Marius Roustan, par ailleurs sénateur de l’Hérault, adressait ce texte à tous les recteurs afin qu’ils le diffusent à tous les instituteurs et professeurs de France. Extraits :

«Le vin, produit de la vigne, fait partie du patrimoine culturel et gastronomique protégé en France. […]Les vins de France […] sont, à la fois, une des sources de richesses les plus admirables de notre terre généreuse, mais aussi une de nos gloires les plus incontestées. Il y aurait donc quelque chose de contradictoire, d’inadmissible dans le fait que ceux qui ont la charge de l’éducation nationale, ou bien s’opposeraient à cette action concertée en vue de l’intérêt général, ou bien resteraient indifférents aux appels qui leur seraient adressés pour y concourir. Je trouverais pour ma part fâcheux que l’on condamnât comme livre de dictées et de lectures le recueil de morceaux choisis fort intéressants publié sous le titre Le Vin. Contre l’alcoolisme destructeur vos efforts ne seront jamais assez énergiques: la défense du vin fait partie de cette lutte indispensable.»

Depuis 80 ans, le débat est ouvert ! Mes amis du Nord me rétorqueront que le même débat pourrait s’ouvrir sur la bière, et ils auraient raison tant là aussi la diversité est reine et une consommation modérée plus que nécessaire.


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