Exposition de Sharon Hayes à Madrid

Le Festival Internationnal annuel de Photographie PhotoEspaña et le Musée Centre d’Art National Reina Sofía présentent jusqu’au 24 septembre, l’exposition Habla qui peut probablement se considérer comme la plus importante jusqu’à maintenant de l’artiste de Baltimore Sharon Hayes (http://www.museoreinasofia.es/exposiciones/futuras.html).

Comme les visiteurs de l’exposition pourront le voir, l’œuvre de Hayes ne semble pas détonner avec la dérive révolutionnaire expérimentée par une partie significative de la capitale d’Espagne depuis un an, lorsqu’un mouvement pluriel étiqueté avec le nom générique des indignés a pris spontanément la Puerta del Sol de Madrid, centre officiel et symbolique de la ville, et y a campé pendant des mois pour protester et dénoncer le vide de contenus de la dite démocratie parlementaire, incapable de réagir et de faire face aux mesures des marchés financiers et de ses acteurs protagonistes, principaux responsables de la dévastatrice crise économique qui frappe le monde occidental et qui n’est rien de plus que le plus grand transvasement d’argent du secteur public au privé que l’Histoire contemporaine n’ait jamais connu.

Face à cela, un mouvement d’assemblées a commencé, distribué sur des dizaines des places de la ville, chargé de générer des propositions et des alternatives viables à la situation qui ne passent pas par l’imposition de banques, de compagnies d’assurance et d’agences de qualification acceptées par l’Union Européenne, et demandant une démocratie réelle, directe et participative qui tienne vraiment compte des voix et les désirs des citoyens, une graine de vraie éducation politique basée sur la croyance du fait qu’il est pertinent de créer un type de société nouvelle et une sorte de pensée rizomatique difficilement classable, qui à plus d’un aspect récupère l’esprit de mai 68 et s’est peu à peu étendu, de la même manière qu’à leur tour les évènements de Sol se sont inspiré directement du Printemps Arabe, dans différentes parties du monde développé, comme l’illustrent des phénomènes comme, pour citer deux exemples, Occupy Wall Street ou Occupy London.

En effet, une des caractéristiques principales de l’intéressant travail de Sharon Hayes est l’analyse qu’elle réalise des formes dans lesquelles les groupes de protestation ont articulé leur discours en époque contemporaine, en présentant une attention très spéciale de façon que les affaires relatives au genre soient traités dans chacun d’eux afin de trouver des résonances significatives. Tout cela dans une étude plus générale qui unit la politique, le langage et l’histoire et problématise le concept de document historique aussi bien dans sa dimension littérale qu’allégorique.

Paul Oilzum