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Musical Fidelity M1HPA

Publié le 02 juillet 2012 par Tupperwav @TupperWav

Antony Michaelson, fondateur charismatique de «Musical Fidelity», fête cette année les 30 ans d’existence de son entreprise. Ce constructeur britannique connu et apprécié des audiophiles, bénéficie d’un regain de notoriété depuis la sortie de sa ligne de produits « V-Serie ».

Le composant phare de cette série fut et reste certainement l’excellent « V-Dac », proposé à un prix très abordable, qui a permis à de nombreux amateurs de mettre en œuvre des systèmes de reproduction de qualité à partir d’éléments dématérialisés.
Actuellement, la production de ce constructeur est stratifiée selon 6 niveaux, de l’entrée de gamme «V-Serie», jusqu’à des matériels extrêmement puissants, sophistiqués et donc très onéreux (série Titan).

Aujourd’hui, nous resterons donc raisonnables en nous intéressant à un matériel de la deuxième série «M1» dont le prix reste abordable.

Le «M1HPA» (HeadPhone Amplifier), objet du présent essai, est un appareil multifonction combinant un ampli casque auquel sont associés un pré-ampli et un DAC, dont les caractéristiques principales sont les suivantes :

  • Amplification pure classe A
  • Puissance 1,1 watt sous 32 Ohms
  • Impédance de sortie <1 Ohm
  • Bande passante 15 Hhz à 75 Khz -3 db max
  • Rapport signal/Bruit >109db
  • Distorsion harmonique <0,008% de 10 Hz à 20 Khz

Appareil curieux, à la fois ambitieux et rustique, génial et frustrant, qui révèle la passion et la volonté des ingénieurs qui souhaitent réaliser un produit idéal ; pulsions aussitôt bridées par les contraintes marketing et budgétaires… on craint ici l’auto-concurrence, notamment face au DAC de la même série.

Un physique massif et solide.

HPAM1B 300x202 Musical Fidelity M1HPA
Il s’agit d’un bloc en tôle peinte assez massif, reprenant le design commun aux éléments de la gamme. La face avant comporte un large bouton de volume en aluminium de bonne facture, dont la taille contraste avec le minuscule inverseur Line/USB à sa gauche.
Une petite touche permet de basculer du mode «Standby» au mode «On», auxquels deux voyants sont associés.
Sur la droite, deux prises Jacks 6,25 mm sont disponibles pour les casques, ce qui permet dans le même temps la connexion de deux casques, sans perte de qualité ni de puissance.
On retrouve sur la face arrière les classiques prises RCA, affectées à l’entrée ligne et aux sorties pré-ampli et ligne en reconduction directe, ainsi qu’une entrée USB et la prise secteur.
L’ensemble repose sur quatre pieds antidérapants, le poids (3,4 Kg) et l’empattement de l’appareil lui assure une bonne stabilité.
La construction et la finition sont soignées, les pièces mobiles semblent fiables, notamment le potentiomètre de volume très doux et particulièrement bien équilibré.
Le design d’une élégance austère est assez agréable, le produit étant livrable avec une face anthracite ou aluminium.

Une expression délicate et toute en nuance

Je n’attendrai pas plus longtemps pour déclarer que nous sommes en présence d’un ampli remarquable, extrêmement musical, équilibré, qui n’apporte aucune coloration ; le message est transmis sans agressivité mais au contraire avec une certaine rondeur et un aspect soyeux très naturel, participant à atténuer l’acidité numérique de certains fichiers.
Mais la principale qualité de cet ampli réside en la restitution de l’espace, ressentie dès les premières minutes d’écoute, la scène sonore est ouverte et extrêmement large, les différents plans sont bien calés dans l’espace.
L’ambiance de l’enregistrement est particulièrement bien retranscrite, tous les détails sont présents, l’ensemble de la bande passante présente une linéarité sans variations audibles, et aucun souffle ni bruit de fond ne viennent perturber l’écoute.
La puissance délivrée est toujours largement suffisante, quel que soit le casque utilisé.

Des fonctionnalités de qualité… Quelques limitations…

Musical Fidelity, présente le «M1HPA» comme étant l’ampli casque de la gamme, et reste très modeste sur les facilités offertes par la présence du DAC intégré et celle de la sortie pré-ampli, toutes deux pourtant intéressantes et de bonne facture.

Un DAC intégré performant

Le DAC n’est accessible que par une interface USB, dommage là où des entrées coaxiale ou optique auraient été appréciées, notamment pour l’intégration dans un réseau.
Ce DAC donne des résultats très satisfaisants, on constate cependant une légère perte de puissance, nécessitant de pousser le volume afin d’obtenir un confort d’écoute suffisant avec un casque de forte impédance.
Lors de la connexion à un ordinateur, le DAC est reconnu sans problème par les systèmes d’exploitation qui lui affectent automatiquement les pilotes génériques : aucun driver spécifique n’est requis.
Comparé avec la modulation fournit par un « V-Dac » de la marque, nous avons constaté un résultat sensiblement amélioré.
Par ailleurs, il convient d’indiquer que le signal issu du DAC n’est pas reconduit sur la sortie ligne directe.

Une Sortie «pré-ampli» de qualité

Le pré-ampli, quand à lui, est excellent et à la hauteur de la qualité globale de l’appareil, logique puisqu’il s’agit des mêmes circuits. Il dispense un message clair avec un bon équilibre tonal, exempt de coloration.
Mais là encore, des fonctionnalités de base sont manquantes, comme plusieurs entrées commutables et surtout une bascule ampli/casque qui permettrait de couper l’ampli de puissance afin de n’utiliser que le casque ; en l’état le seul moyen d’inhiber la sortie ampli est de débrancher les connexions, ou de couper l’ampli de puissance, si celui-ci dispose d’un interrupteur accessible .

 Quelques retours d’écoute

 Musical Fidelity M1HPA
Vivaldi Geminiani, «Sonatas for Violoncello and Basso Continuo» (Sonate en Mim – Allegro)

Ce disque est une référence incontournable lors d’un essai de matériel. Tout se situe dans les registres grave et bas médium. On entend les tables d’harmonie vibrer et les mouvements d’archets bien colophanés. L’orgue se fraye difficilement un chemin et semble un peu lointain, face à l’énergie déployée par les violes. Cet enregistrement exceptionnel est restitué parfaitement, notamment en terme de relief et d’équilibre du niveaux de chacun des instruments.

 Musical Fidelity M1HPA
Antonio Vivaldi, «La Viole de Gambe en Concerto » (Concerto con molti Istromenti – I. Allegro)

Chaque instrument trouve sa place dans l’espace, complètement occupé par la musique. Le jeu concurrent des violons ne se chevauche pas lors des reprises, la rugosité de ceux-ci, à certains moments, est rendue avec beaucoup de naturel. Lorsque l’interprétation se simplifie, les clavecins apparaissent avec l’éloignement normal du à la différence de niveau, mais aussi avec beaucoup de finesse, il en est de même pour les instruments à hanche.
Cet ampli est parfaitement à l’aise avec ce type de musique, qu’il restitue avec les détails et la légèreté qui lui conviennent.

 Musical Fidelity M1HPA
Carmen Mc Rae, «Carmen Sings Monk» (Monkey’s the Blues)
Une voix, un sax, un piano, une batterie, une basse : l’archétype de ce type de formation, où chacun est au sommet de son art et de la maîtrise de sa discipline, le tout servi par un enregistrement naturel et de qualité. Performance calme, avec des silences, des respirations. Personne ne force, et l’ampli non plus, qui participe à  l’ambiance. En un mot, c’est très agréable.

 Musical Fidelity M1HPA
Stacey Kent, «The Boy Next Door» (Que reste-t-il de nos amours)
Le saxophone de Jim Tomlinson « quintatone » à souhait pour répondre à la voix légèrement voilée de Stacey Kent, dans cet enregistrement intimiste de la chanson de Charle Trenet.
La batterie au second plan est présente mais discrète, à l’instar de la basse et de la guitare.

Ces positionnements des plans sonores sont parfaitement ressentis et restent très stables tout au long du morceau. L’ampli respire avec la chanteuse, et restitue fidèlement jusqu’aux chuintements du micro.

 Musical Fidelity M1HPA
Diana Krall, «Live in Paris»  (Deed I Do)

Excellent enregistrement public de cette interprétation très tonique par Diana Krall de « Deed I Do ».
Là encore, les instruments sont bien séparés ; les applaudissements en cours d’interprétation permettent d’apprécier l’impression « 3D », l’ambiance et le volume de la salle de concert, le « punch » de Diana est présent, restitué par la dynamique de l’ampli.

Conclusion

Au risque de se répéter, le «M1HPA» possède toutes les qualités pouvant séduire un mélomane audiophile.
L’écoute est très agréable, aérée et présente une « spatialité » et un plan de scène qui retranscrivent parfaitement l’ambiance de l’interprétation. La restitution, nerveuse sans être agressive, n’est jamais fatigante.
Cet ampli possède un caractère assez universel, il s’adapte facilement à de nombreux types de casques, qu’il pilote avec aisance.
Au cours de ce test, différents styles de musique ont été utilisés et aucune incompatibilité n’est apparue.

Les fonctionnalités annexes intégrées sont intéressantes, notamment la présence du DAC dont la qualité peut permettre de s’affranchir de l’achat d’un élément supplémentaire.

Le prix d’environ 650 € semble largement justifié au regard de l’ensemble des performances et des services présents au sein de cet appareil, que nous avons particulièrement apprécié.

Si vous souhaitez discuter avec nous de ce test, n’hésitez pas à nous rejoindre ici, sur le forum.

Merci à Pierre du site casques-heaphones.com pour le prêt du matériel et à Paul pour la mise en qualité.


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