Magazine Voyages

Toute cette barbarie !

Publié le 05 juillet 2012 par Perce-Neige

Toute cette barbarie !
Il arrive que le monde soit à l’image de nos rêves. Ou plutôt, parfois, hélas, de nos pires cauchemars. Il arrive aussi que l’été ne soit pas tout à fait synonyme de beauté... Pour celles et ceux qui souvent désespèrent, ces lignes de Giono (« Le hussard sur le toit » Ed. Gallimard)), qui en appellent d’autres, plus souriantes, célébrant les montagnes roses, les toits de Manosque, les mélèzes et les sapins, l’Italie, juste derrière. Aucune chevauchée ne s’achève en enfer.
Toute cette barbarie n'était pas seulement dans le sommeil rouge d'Angelo. Il n'y avait jamais eu un été semblable dans les collines. D'ailleurs, ce jour-là, cette même chaleur noire commença à déferler en vagues tout de suite très brutales sur le pays du sud: sur les solitudes du Var où les petits chênes se mirent à crépiter, sur les fermes perdues des plateaux où les citernes furent tout de suite assaillies de vols de pigeons, sur Marseille où les égouts commencèrent à fumer. A Aix, à midi, le silence de sieste était tellement grand que, sur les boulevards, les fontaines sonnaient comme dans la nuit. A Rians, il y eut, dès neuf heures du matin, deux malades: un charretier qui eut une attaque juste à l'entrée du bourg; porté dans un cabaret, mis à l'ombre et saigné, il n'avait pas encore repris l'usage de la parole; et une jeune fille de vingt ans qui, à peu près à la même heure se souilla brusquement debout près de la fontaine où elle venait de boire; ayant essayé de courir jusque chez elle qui était à deux pas, elle tomba comme une masse sur le seuil de sa porte. A l'heure où Angelo dormait sur son cheval, on disait qu'elle était morte. A Draguignan, les collines renvoient la chaleur dans cette cuvette où se tient la ville; il fut impossible de faire la sieste: les toutes petites fenêtres des maisons qui, en temps ordinaire, permettent aux chambres de rester fraîches, il faisait cette fois tellement chaud qu'on avait envie de les agrandir à coups de pioche pour pouvoir respirer. Tout le monde s'en alla dans les champs; il n'y a pas de sources, pas de fontaines; on mangea des melons et des abricots qui étaient chauds, comme cuits; on se coucha dans l'herbe, à plat ventre.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Perce-Neige 102 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazine