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L'indépendance de l'Ecosse : deuxième partie

Publié le 05 juillet 2012 par Martin78550 @_Martin_89
Il est temps maintenant d'aborder les arguments des indépendantistes, même si ce blog n'a pas vocation à devenir un manifeste. Je me contenterai donc de donner un aperçu de ce que l'indépendance pourrait apporter au pays. Je vais également essayer de montrer que l'indépendance n'est pas une solution miracle, et qu'il reste certaines zones d'ombre sur la capacité de l'Ecosse à acquérir une autonomie quasi-totale.
D'un point de vue économique, les indépendantistes soutiennent que le pétrole de la mer du Nord est une ressource suffisante pour assurer l'autonomie du pays, au moins dans un premier temps. A l'heure actuelle, les écossais ne voient pas vraiment la couleur de leur pétrole, car ils ne peuvent pas vraiment en contrôler l'exploitation.  Cet argument est un peu faible car évidemment, c'est tout sauf une stratégie de long terme. Par ailleurs, l'Ecosse dispose de plusieurs banques d'envergure internationale. Édimbourg est un centre économique dynamique et le capitalisme britannique y fleurit depuis des siècles. Oui, mais ...  La Royal Bank of Scotland a dû être renflouée par Westminster (voir cet article), et des scandales ont récemment éclaté à son sujet  (Le dernier en date) . A mon avis, il est quasiment impossible de prévoir l'hypothétique santé économique d'une Ecosse indépendante. Les interactions avec le Royaume-Uni resteraient dominantes, et il serait difficile d'attribuer les retombées économiques de certaines activités à l'un ou à l'autre des Etats. Comment évaluer la croissance ou la dette publique du futur gouvernement. Comment partager la dette nationale du Royaume-Uni ?  En bref, je pense que l'économie de l'Ecosse n'est pas nécessairement vouée à l'affaissement, mais rien ne permet à l'heure actuelle de s'assurer que le pays ne finira pas comme la République d'Irlande, en grave difficulté économique aujourd'hui. Pour plus de précision sur l'économie de l'Ecosse, consulter  cet article de Wikipedia et sa version anglaise, beaucoup plus détaillée.
La clé de l'indépendance se situe plutôt au niveau politique. Pour le SNP, l'indépendance serait mise au service de la santé, du social, de l'éducation et du développement durable (cf : L'indépendance selon le SNP). Pour simplifier, on peut dire que le SNP souhaite que l'Ecosse deviennent un bastion de social-démocratie à la nordique au milieu d'une mer de capitalisme libéral britannique. L'indépendance serait un moyen d'échapper au désastre social orchestré par les gouvernement conservateurs successifs de Londres. La population écossaise votant plutôt travailliste ou SNP, l'écosse indépendante serait plus ou moins à l'abri d'une dérive libérale et conservatrice. Quoi qu'on en pense, les prestations sociales et médicales du Royaume-Uni font partie des pires d'Europe. L'âge de la retraire va passer à 66 ans, et les pensions sont si faibles que beaucoup de personnes continuent à travailler bien après cet âge (voir cet article ou celui-ci). Concernant l'éducation, on peut mentionner l'explosion des frais d'université en Angleterre (Triplement des frais de scolarité en Angleterre) qui n'a pas été suivie en Ecosse (sauf dans certains cas, pour les étudiants anglais, ce qui a fait polémique). Ce dernier exemple prouve que l'Ecosse, même au sein du Royaume-Uni, a tout fait pour protéger sa population et  préserver son modèle social. L'indépendance serait donc un moyen de renforcer cette tendance. Par ailleurs, au niveau de la défense et des armées, le SNP voudrait profiter de l'indépendance pour se débarrasser des nombreuses têtes nucléaires stockées à Glasgow,  et s'opposer aux interventions militaires qui ont mobilisé des soldats écossais en Irak et en Afghanistan. Pour finir ont peut également évoquer le développement durable, enjeu majeur dans le pays, qui a déjà un parc éolien énorme et développe de nouvelles stratégies énergétiques (hydroliennes, marémotrice). L'indépendance renforcerait le statut de pionnier de l'Ecosse, et lui assurerait des revenus liés à la vente des excédents d'énergie.
Ainsi, on voit que c'est surtout pour se démarquer de la politique telle qu'elle est faite à Westminster que certains écossais souhaitent obtenir l'indépendance.  Pourtant, même si une majorité d'écossais ont porté le SNP au pouvoir, rien ne peut garantir que le référendum sur l'indépendance aboutira à un oui franc et massif. La crise économique renforce les inquiétudes et c'est d'ailleurs pour cela que le SNP a sans cesse reporté la date du référendum, conscient de l'incertitude du résultat. Avant la crise, le SNP insistait beaucoup plus sur l'opportunité de renforcer les liens avec l'UE, voire même d'adopter l'Euro. On comprend bien que ces arguments sont caduques à l'heure actuelle.
Finalement, il semble à peu près clair maintenant que l'indépendance de l'Ecosse est loin d'être une idée farfelue et totalement naïve. Elle permettrait aux écossais de vivre plus en accord avec leurs dirigeants, et leur donnerait une chance de regarder plus franchement vers l'Europe, en évitant les tentations de l'atlantisme anglais. Enfin, on peut se dire que si la Norvège, la Suède ou la Finlande sont aussi "exemplaires" qu'on le dit, un nouveau membre dans le club des pays nordiques "progressistes" ne pourrait pas faire de mal à l'Europe !

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