Magazine Amérique du nord

L'indépendance est-elle encore possible?

Publié le 21 mars 2008 par Boothroyd

La question de l'indépendance du Québec fait de nouveau surface dans notre journal préféré, Le Figaro, qui consacre un nouvel article sur la Province...

Les lecteurs de ce bloc-notes en prennent l'habitude, le quotidien de la métropole publie un article sur le Québec toutes les deux semaines environs. J'ai déjà à plusieurs reprises signaler les problèmes d'incompréhension du journaliste sur la situation du Québec, notamment en affirmant que les articles étaient plus écrits pour donner une certaine vision de la Province aux Français en fonction de leurs préoccupation et non en fonction de la réalité vécue ici.

Avec un nouvel article intituté "Indépendance du Québec: les souverrainistes tournent la page", on peut à nouveau craindre une incompréhension de plus...

Le Parti Québécois renonce à organiser un référendum sur la souveraineté de la Belle Province.

«C'est un changement salutaire. Un chef sécessionniste responsable doit toujours travailler en accord avec l'opinion publique», a déclaré le chef du Parti libéral fédéral, Stéphane Dion. Le plus farouche partisan d'un Canada uni a félicité Pauline Marois pour son renoncement à tenir un référendum au cours d'une première législature. Si elle est élue, la chef du PQ veut désormais entreprendre une «conversation nationale» sur la souveraineté avec les Québécois. Le virage politique de Pauline Marois s'explique par la déroute des péquistes (Parti québécois) lors des élections provinciales de mars 2007, où le mouvement souverainiste a subi le plus important revers électoral de son histoire. La «conversation nationale » a suscité l'ironie, tant chez les opposants de Pauline Marois que chez ses partisans. Mario Dumont, le chef de l'Action démocratique du Québec, principal parti d'opposition avec le PQ, a rappelé : «On a assez parlé de la souveraineté . Cela fait déjà 40 ans. J'ai du mal à voir comment cette fois-ci on va avoir un débat différent.» La teneur de la «conversation nationale» de Pauline Marois est bien confuse. «Nous allons entreprendre de parler aux Québécois. Pas d'un référendum, mais des raisons qui nous poussent à vouloir notre propre pays. Il me semble que c'est clair, cela ?», a dit le chef péquiste. Dans un éditorial publié le 7 mars dernier, le quotidien anglophone montréalais Thé Gazette s'est gaussé de ce Québec qui «semble avoir un parti séparatiste qui n'est pas séparatiste», avant de s'interroger : «Alors que les purs et durs conservent la vieille notion (d'indépendance), la plupart des Québécois continuent leur chemin, dans un système fédéral qui sert bien tous les Canadiens. Pourquoi, alors, quelqu'un a-t-il besoin du Parti québécois ?» Le PQ fêtera ses 40 ans en octobre prochain. Dans le parti fondé par René Lévesque, qui doit se retourner dans sa tombe, l'indépendance est devenu un mot tabou.

Déception

Dimanche soir, lors de la clôture des travaux du conseil national, quelques militants ne cachaient pas leur déception. L'ex-député de l'Assomption, Jean-Claude Saint-André, a déploré : «Nous venons de démissionner de l'objectif de faire du Québec un pays.» Pauline Marois fait le pari, certainement juste, que l'abandon de l'indépendance lui permettra de gagner des électeurs lors des prochaines consultations électorales. Lors du conseil national, Pauline Marois a concentré ses attaques sur le gouvernement du premier ministre, Jean Charest, en se lançant dans un vibrant plaidoyer pour une social-démocratie québécoise, mais, exception faite de quelques propositions, son programme demeure bien mince. À moins qu'il ne s'agisse d'un stratagème, en vendant l'âme du Parti québécois, Pauline Marois risque de transformer son mouvement en coquille vide.

Alors, quelle est la situation du Québec par rapport à l'indépendance?

Il faut commencer par noter que les Québécois ont eu l'occasion de s'exprimer sur leur indépendance grâce au référendum de 1980 organisé suite à la victoire du PQ (Parti Québécois) de René Lésvesque mais seuls 41% des électeurs furent d'accord. Aujourd'hui encore les avis sont très partagés. Je connais moi-même plusieurs personnes voulant profondément avoir l'indépendance (manifestation d'un ressentiment très grand face au reste du Canada anglophone), d'autres qui ne voient pas l'utilité d'une telle séparation, mais je l'avoue très peu, voire aucun qui se déclare indifférent à la question.

Sans doute est-ce à cause du milieu universitaire que je fréquente mais les réflexions sont toutes assez poussées sur les "pour" et les "contre" avec une réponse finale qui, elle, est identique: ce n'est pas le moment d'en parler.

Et c'est à la même conclusion qu'est arrivé Pauline Marois, sans que le journal français veuille bien lui reconnaître une argumentation détaillée. En effet, pour elle, si son parti revient au pouvoir à la faveur d'élections printanières, la question de l'indépendance ne sera pas la première à être inscrite à l'ordre du jour. Loin de vouloir faire sécession avec le Canada et la reine (pique à l'égard de tous ceux qui adorent voir le portrait de la reine Elizabeth II dans tous les bâtiments officiels), il s'agit d'abord pour elle de gouverner au jour le jour avec des priorités qui touchent la vie quotidienne des Québécois, économiquement et socialement.

La question hautement politique et diplomatique de l'indépendance ne se pose pas tant au final le Canada et la province de Québec sont liés. La question de l'identité canadienne est vraiment problématique, quel rapport en effet entre un Québécois francophone et un anglophone de Vancouver qui, au-delà de la barrière de la langue, ne partagent ni la même histoire, ni la même culture mais qui sont pourtant d'une même nationalité?

Au fil des discussions, j'en suis venu à penser que l'indépendance du Québec serait un beau commencement, un beau rêve mais il est avant tout cela, un rêve. La fédération a tant donné à Québec qu'il est plutôt de mauvaise foi de vouloir se séparer d'elle juste pour le bonheur d'être indépendant. La question des ressources éconmiques et de la gestion quotidinne pose problème. Le Québec n'est pas prêt, n'est plus prêt à être indépendant. C'est être lucide que de se mettre ça dans l'esprit. Peut-être le pouvait-il en 1980 mais la population a fait le choix de rester dans la fédération et des sondages montrent qu'aujourd'hui les 41% des voix en seraient plus atteintes.

"Vive le Québec libre" de de Gaulle s'adressait plus aux Américains qu'il ne manquait pas de titiller dès qu'il le pouvait dans le contexte de la guerre froide qu'au Québécois eux-mêmes, puisque la France n'a jamais fait de signes consistants après cette annonce.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Boothroyd 2 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte