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J’ y étais : Damien Rice à Pleyel (Festival Days Off)

Publié le 06 juillet 2012 par Swann

Cette fois-ci ce sera un report personnel. Pas un “on y était”, mais un “j’y étais”. Ce sera le concert de Damien Rice, uniquement vu de mes yeux. Les gens qui me connaissent un peu savent combien je porte en haute estime cet Irlandais. J’avais raté son dernier concert parisien, et il était hors de question de louper celui-ci. On avait tous bien préparé avec Lablonde. On avait pris les places très longtemps à l’avance. Premier rang. Tout devant. J’étais aussi excitée qu’un gosse à qui on annonce qu’il va rencontrer le Père Noël. Mais, j’avais aussi un peu peur aussi. Le souvenir d’avoir ressentie la même excitation pour le concert de Cat Power, exactement au même moment de l’année précédente. C’était aussi dans le cadre du festival Days Off. Elle s’était totalement loupée et je l’avais haï d’avoir été aussi mauvaise. Damien Rice, lui a été parfait. Vraiment parfait. Il était seul sur l’immense scène de Pleyel, pourtant il occupait tout l’espace. Une présence et une prestance qui a envahie toute la salle. Il y avait lui, sa guitare et son piano. Rien d’autre. Et, il  a confirmé ce que je pense depuis toujours : un mec qui chante seul avec son instrument, c’est très fort émotionnellement parlant. Pas besoin d’autres artifices. La voix et les textes se suffisent à eux-mêmes. Ce soir-là, j’ai eu l’impression de partager un moment très privilégié.

L’affaire était mal embarquée. Une première partie rasoir a bien endormie Pleyel : Tomorrow’s World. Tellement rasoir que lorsque la chanteuse (une Lana Del Rey avec une robe type Brigitte) annonce le dernier morceau (tu sais le “oh this is our last song) un tonnerre d’applaudissement a éclaté dans la salle.

Mais Damien Rice est arrivé. Chemise colorée, veste et pantalon en tweed couleur camel. Le cheveux hirsute et emmêlé, la barbe bien taillée. Il rayonnait, un sourire d’enfant illuminait son visage. A la question quel est ton homme idéal, ce soir-là j’aurais répondu Damien Rice. (j’ai envie de dire : quand est-ce qu’on se marie?!). Il n’a pas chanté encore deux chansons que déjà je me mets à pleurer. A ce moment-là j’ai pensé que j’étais mal barrée. “merde, il te reste encore deux heures à tenir“, c’est la phrase qui a traversé mon esprit. En même temps, on résiste difficilement à “Delicate“, surtout quand son auteur chante la ritournelle à seulement un mètre de toi. Je n’ai pas résisté, j’ai pleuré. En fait, pour te dire j’ai pleuré pendant environ 85% du concert. J’ai aussi beaucoup ri parce qu’il a beau chanter des chansons de dépressifs sur les addictions (“Accidental Babies“), sur les filles (“9 crimes“), sur un amour à sens unique écrite totalement bourré (Cheers Darling), Damien Rice se révèle être un homme drôle. Très drôle. Il fait le pseudo magicien pour cacher des ingénieurs qui change un ampli cassé. Il siffle et mime un streap-tease en retirant sa veste. Il raconte qu’il achète pas trop de vêtements, et s’amuse à chanter un “he doesn’t wash his clothes, he doesn’t have money in the bank” au piano.  Délicieux. Je suis morte de rire. Trente seconde après il chante “9 crimes“, et là nouveau déluge lacrymal…Entre les morceaux, parfois même pendant, il s’autorise des petits apartés et raconte en français ou en anglais les histoires de ses chansons. Il nous raconte comment lui est venu “Amie”. Il était déprimé, sa meilleure amie  l’avait invité chez elle pour le réconforter. Et ce soir-là, pour la première fois de sa vie il s’est senti physiquement attiré par elle. Sexuellement. Mais il ne s’est rien passé, lui frustré, s’est “retrouvé avec lui-même“. Imagine-donc ce qu’il s’est passé. J’explose encore de rire, avant de verser une nouvelle larme lorsqu’il entonne les premières notes. Le garçon arrive à me faire rire et pleurer en même temps , je me répète une deuxième fois “mais quand est-ce qu’on se marie?”.

Ce soir-là, c’est le soir de mes premières fois aussi.

Première fois que je montais sur une scène pour chanter. Au quatrième titre, Damien Rice demande à l’assistance s’il y a des “bonnes chanteurs et des belles chanteuses à Paris”. Évidemment la salle répond oui. Sur un air de défi, il montre la scène et invite les gens à monter sur scène. Évidemment, je suis montée avec Lablonde. C’était pour “Volcano“. L’occasion est trop belle pour la laisser filer. On est montée et on a fait les chœurs. Lui était la, en maître d’orchestre, et en face la salle. Je me suis toujours demandé ce que ça faisait de chanter devant des gens. En fait, depuis la scène, je les voyais pas, c’était comme s’il n’y avait que nous.

C’était la première fois que j’entendais un type chanter dans le noir le plus total. Avant de se lancer dans “Cold Water” Damien Rice demande aux ingé d’éteindre toutes les lumières. Vraiment toutes. Là, les inconditionnels des photos sont obligés d’écouter, on ne voit plus de petites lumières rouges et autres téléphones portables clignoter. On n’entend que la voix suave et puissante de Damien Rice et les accords de sa guitare. Il enchainera sans transition aucune avec “Hallelujah”. Cette chanson-là, si un mec veut m’épouser, il faudra qu’il me la chante. Je crois que Damien Rice veut m’épouser.  Autrement il n’aurait pas fait tout ça pour rien (tu sais la chemise, la barbe, les cheveux, me faire rire, me faire pleurer etc). Et, le fait est que c’était la première fois que j’entendais quelqu’un chanter cette chanson en live. J’ai donc franchement pleuré encore une fois. C’est après ce titre qu’il quitte la scène pour revenir après pour le rappel. Un rappel qui commencera par “The Blower’s Daughter“. Je vais sans doute me faire taper par les fans de l’Irlandais, mais j’ai jamais trop aimé cette chanson, pour tout vous dire je l’ai même longtemps détesté.  Ma préférée a toujours été “Cannonball“, imaginez mon état quand il se décide de la chanter en acoustique et débranché après qu’un mec du public lui ai lancé le défi ! Succulent. Revenons au rappel, ce soir-là j’ai aimé pour la première fois “The Blower’s Daughter“, parce qu’entonnait de manière la plus simple possible. Sans artifice.

C’est la première fois que je voyais un mec inviter une nana sur scène à boire du vin. En vrai c’était la mise en scène de “Cheers Darlin“. Un soir, dans un bar il rencontre une belle fille (ce soir, ce sera une Polonaise), et l’invite à partager une bouteille. Un verre, deux verres, trois verres. Toute la bouteille. Ils se dragouillent, il reste avec elle une bonne partie de la soirée, loupe son bus pour être avec elle. Ce n’est que très tard dans la soirée qu’elle lui annonce qu’elle a un mec. Il est détruit, et un peu saoul. Il rentre chez lui et écrit “Cheers darlin“. Il enregistre tel quel le titre qui figure sur l’album “0″…et c’est un peu saoul qui chantera le titre sur scène. Tu sais quoi? Je l’ai trouvé touchant, génial, géant, même bourré! C’était la dernière chanson de la set-list. Final en apothéose. La salle est debout, je suis débout. La Polonaise est retournée à sa place. On se dit que c’est fini. Mais Damien revient. Il explique que c’est la première fois qu’il revient après ce morceau. Il raconte un truc drôle sur les trucs horribles qu’on fait quand on est bourré, qu’il ne faut surtout pas chanter avec un coup dans le nez, parce que c’est toujours très mauvais. Pourtant il va le faire quand même. Il chantera du Jacques Brel.Ne me quitte pas” traduit en anglais. J’ai pleuré une nouvelle fois. Quand il est vraiment parti de la scène, j’ai dû rester sur mon siège quelques minutes sans rien faire et rien penser. Juste pour réaliser que ce jeudi 5 juillet, à Pleyel je venais d’assister à mon plus beau concert. Merci.

Setlist : The Professor*La fille danse – Delicate – Wild and Free – Accidental Babies – Volcano – Woman Like A Man – Coconut Skin – 9 Crimes – Amie – Elephant – I Remember – Cannonball – Rootless Tree – Cold Water – Hallelujah – The Blower’s Daughter – Cheers Darlin – Don’t leave me now (Ne me quitte pas)

Pour le plaisir, “Wild and Free”, une nouvelle chanson :


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