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Bim badabim bim badabadaboum

Publié le 08 juillet 2012 par Teazine
Bim badabim bim badabadaboum
LES EUROCKÉENNES 2012 DIMANCHE
Il a plu toute la nuit du samedi au dimanche, et ça a continué toute la matinée. Une aubaine pour la grasse matinée, mais une fois réveillées, on se met à regretter sérieusement d'avoir dit au soleil trop chaud d'aller se faire foutre. Là, c'est vraiment horrible. Toute tentative de sortie de tente se solde par une coulée froide dans la nuque et partout ailleurs. Rien qu'aller au toilettes nécessite une longue préparation psychologique en amont tellement le sol est impraticable. Et évidemment, nos Converses n'ont pas séché pendant la nuit et sont toujours aussi pleines de boue, ce serait trop facile sinon.
Bim badabim bim badabadaboum
On finirait presque par ne plus avoir envie d'aller au festival et de rester dans la tente tranquilou, d'autant plus que la programmation de ce dernier jour ne fait pas forcément rêver. Mais on ne va pas faire les chochottes quand il y a le Brian Jonestown Massacre qui joue super tôt. Ca serait con de louper ça. On a donc bravé la pluie, remis nos ponchos trempés et enfilé nos chaussures dégueulasses avant d'arpenter les rails qui marquent les vingt minutes de marche jusqu'à l'enceinte du festival. Au passage on a pu constater que d'autres étaient vachement moins bien lottis que nous. Notre tente à nous était étanche, elle, au moins. Par contre on a aussi eu l'occasion d'observer la technique astucieuse de certains festivaliers ingénieux qui consiste à mettre des cornets en plastique autour des pieds, en guise de chaussettes. Pas idéal pour l'odeur mais vraiment pratique si on veut conserver ses pieds dans un sec relatif. On n'a pas été assez malignes pour faire de même mais c'est pas grave parce qu'on a fini par s'habituer à être toutes mouillées. Et puis c'était rigolo toute cette boue au final. Ca faisait partie du truc. De toute façon, du moment qu'on est arrivées dans les Eurocks, il est impossible d'y échapper. De la boue, il y en a vraiment partout. Et même qu'on a pu observer différentes texture allant de la masse gluante aux flaques brunes de dix centimètres de profondeur. Forcément, lorsque plus de 30 000 personnes marchent au même endroit, ça ne produit pas de l'herbe verte.
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Au final, on a vraiment bien fait de se motiver pour aller tôt au festival car comme on pouvait s'y attendre après leur prestation au Bad Bonn, le concert du BJM sur la scène de la Plage était génial. Surtout que nous sommes arrivées pile pendant "Not If You Were The Last Dandy On Earth", papapalapaaaaaa mal. Dans l'ensemble, la troupe de huit ou neuf personnes est aussi flegmatique qu'on l'imaginait (mention spéciale au Goofy au tambourin et aux maracas), s'adresse à peine au public, bien concentrée sur ses instruments. Pas grave, leur musique, jouée impeccablement, se suffit à elle-même et en plus, on imagine difficilement Anton Newcombe faire des petites blagues de "Monsieur et Madame ont un fils" entre les chansons. A la fin, ils ont chanté un bout de "Hey June" au milieu de "Straight Up & Down", comme à leur habitude. Aussi cramé soit leur leader, le BJM n'a pas volé son titre de groupe mythique. Et nous en avons oublié la pluie.
Un peu plus tard, toujours devant cette même scène de la plage, il y avait beaucoup, beaucoup de curieux qui, comme nous, voulaient voir ce que Lana Del Rey vaut en live. Son soudain succès lui a peut être un peu trop monté à la tête, puisqu'elle demande maintenant des roses de certaines variétés pour décorer la caravane qui lui sert de loge personnelle, et, sur scène, elle a trois violons, un violoncelle et un piano pour l'accompagner. Elle a exactement l'air de la diva en sucre qu'on lui donne. Physiquement, elle est parfaite, mince, longs cheveux bruns, minirobe blanche qui dévoile ses longues jambes, talons compensés assortis et maquillage qu'on devine impeccable. Et niveau chant, il faut tout de même admettre qu'elle s'est améliorée depuis ses premiers plateaux télé. Elle n'a par exemple pas autant massacré "Blue Jeans" que pendant sa prestation au Saturday Night Live. Par contre, elle n'a toujours pas compris qu'il fallait arrêter tout de suite de faire des grands écarts entre les octaves. Personne ne sait faire cela. Mis à part ça, Lana bouge de façon suave en passant une main dans ses cheveux et posant l'autre sur sa hanche. Elle s'adresse aussi assez souvent au public, notamment pour lui demander si elle peux fumer une cigarette slim - une vraie petite princesse américaine. On ne va donc pas se cantonner l'appeler Lanaze Del Rey. Après une coupure de courant qui aurait pu plus la déstabiliser, elle a plutôt réussi "Video Games". Au fond, le plus gros problème, c'est que ça manquait surtout de piquant. Mais pour faire quelque chose contre cela, il faudrait que la fille pense à trouver un personnage plus palpitant.
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La grosse tête d'affiche de ce soir était sûrement Jack White, qui s'est pointé sur la Grande Scène avec tout son harem. Il n'a choisi que des filles, habillées de belles robes bleues, pour l'accompagner. De bonnes musiciennes, un peu comme la formation de Hank William III, en moins virile, forcément. Pour sa set-list, l'hyperproductif ne s'est pas trop foulé et a pioché allégrement dans la discographie de ses autres (anciens) projets : six morceaux des White Stripes, trois des Raconteurs, et même un des Dead Weather. Cependant, il les a repris à la sauce old rock, plus blues, histoire de donner de la cohérence à son projet solo. "Steady As She Goes" était un peu étrange avec des choeurs féminins, mais "Seven Nation Army", était vraiment bien, ça n'a même pas été une explosion de cris de bolosses. Finalement, le succès n'a pas encore entaché la qualité de ce morceau. Dans son entièreté, le concert a été un peu mitigé pour nous. L'une a passé un bon moment, pendant que l'autre s'en foutait pas mal et mangeait sa tartiflette. 
Un peu plus tôt dans la soirée, nous nous étions échouées telles un cachalot sur une plage bretonne à l'espace presse, et avions assisté par hasard à la conférence d'Orelsan. Ca a été un peu une découverte, on ne savait pas grand chose de lui à part le fameux épisode de "Sale Pute" et sa chanson "Ils Sont Cools" aussi. En fait, c'est un homme très bien élevé et cultivé, qui lit et regarde aussi beaucoup de films. Il écrit assez bien en plus. Sur scène, on a pu remarquer à quel point il avait un public fervent. On avait rarement vu autant de monde devant la Greenroom, surtout aussi content. Ca en est même devenu émouvant quand tout le monde a chanté "La Terre est Ronde". Rien que le bonheur qui se dégageait de ce concert donnait envie de se pencher un peu sur l'artiste. Et puis on a bien aimé aussi le fait qu'il soit accompagné par un vrai groupe. 
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A partir de ce moment, on a erré un peu, la programmation ne nous enchantant plus. Sur la plage, il y avait Miles Kane. L'une de nos membres était super amoureuse de lui quand il jouait avec Alex Turner dans les Last Shadow Puppets et qu'ils avaient fait la meilleure reprise du monde de "S.O.S" de Rihanna. Ce garçon est un beau gâchis. Le petit anglais tout mignon ferait bien mieux de donner sa belle voix à la pop plutôt que de s'évertuer à essayer de faire du rock. Il n'a aucune crédibilité dans le genre, et sa musique est vraiment banale. Quand on sait ce dont il est capable, ça fout un peu le bourdon. Reprends toi mon garçon. 
On avait aussi complètement oublié que Cypress Hill étaient encore là cette année. A croire que quand les Eurocks ont besoin d'une street cred, ils ne s'embêtent pas et appellent CH. On préférait quand ils invitaient Jay Z ou Kanye West. Comme en 2009, on s'est amusées à danser ghetto, et puis on en a eu marre, et voilà. Au fait, leurs nouvelles chansons font méga dubstep, c'est bizarre.
Pour clore pour de vrai ce weekend, on a jeté un œil à Carbon Airways, en se disant que ce serait trop mignon d'aller voir des petits bébés qui font de l'électro. Malgré le fait que le mec ait encore des bagues et qu'il fait vraiment son âge (il vient d'avoir quinze ans, le choupinet), on peine à croire qu'ils sont vraiment si jeunes. La grande-soeur (seize ans) est particulièrement à l'aise, utilise bien l'espace de la scène, et fait des adresses au public comme si elle était juste à la fête du collège et pas devant plusieurs milliers de personnes. C'était un final totalement impressionnant (et bourrin). 
Somme toute, les Eurockéennes 2012, malgré une programmation au départ peu attrayante, ont sûrement été une de nos meilleures éditions. Nous sommes allées à des concerts qui ne nous disaient rien, et il y a eu parfois de bonnes surprises. L'ambiance était vraiment chouette, on a même fait copains copines avec les mecs de la sécu qui sont adorables, comparé à ailleurs. Et comme on a essuyé toutes les galères en un seul week-end (vent fort, canicule, pluie, orage), le festival a pris un caractère un peu plus mémorable que les autres années. Alors oui, nos Converses sont mortes et on n'a pas pu prendre beaucoup de photos, mais le principal, c'est que le festival ait été assez bien organisé pour que (presque) aucun concert ne soit annulé. Et puis gérer 100 000 personnes (un record pour le festival), dont 17 500 au camping (record aussi) pleines de boue, ça ne doit pas être évident. L'année dernière, nous quittions Belfort en désamour, cette fois-ci, on en repart contentes comme rarement. Ca sent le rendez-vous l'année prochaine.

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