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Histoire secrète, Cesare Pavese

Par Mango
Histoire secrète, Cesare PaveseDe Colette,  j’aime surtout quand elle évoque tendrement  les jardins maternels  de son enfance,  si sauvages et si raffinés à la fois.  Si amoureusement entretenus par sa mère adorée.
Pavese, lui, c’était son père qu’il admirait plus que tout  et  avec lui, toutes les collines environnantes de cette région turinoise où ils vivaient tous les deux et où il a voulu mourir délibérément un beau soir d’été.
Dans son «Histoire secrète», c’est de cela dont il s’agit, des collines autour de Turin et de leur vie là-bas, la sienne et celle  de son père avec  Sandiana, la compagne de veuvage de celui-ci. C’est magnifique!
Simple et beau comme de la poésie en prose ou  la musique de l’enfance.
Difficile d’en dire plus. Texte à déguster lentement comme un bonbon délicieux qui dure longtemps. Un texte qu’il doit être si doux et si tendrement déchirant d’écouter en italien.
Même traduites, les phrases gardent leur beauté nostalgique. C’est le temps qui fuit, dont la douceur ne reviendra jamais.
"C’est par cette route que passait mon père. Il passait la nuit parce qu’elle était longue et qu’il voulait arriver de bonne heure. Il faisait à pied la colline puis toute la vallée et puis les autres collines, jusqu’au moment où apparaissaient ensemble le soleil en face et lui sur la dernière crête. La route montait vers les nuages qui se brisaient dans le soleil au-dessus des brumes de la plaine. Moi, je les ai vus ces nuages: ils luisaient encore comme de l’or; mon père, de son temps, dit que quand ils étaient bas et embrasés, ils lui promettaient une bonne journée. Alors, sur les marchés, circulaient des pièces en or."
"En ce temps-là, je savais seulement que tout ne commence que le lendemain"
 Histoire secrète, Cesare Pavese. (Folio, 2€) Nouvelles extraites de "Vacances d'août", Oeuvres, Quarto, 2008
Billet sur "Le blouson de cuir": ICI
Cesare Pavese (1908-1950) est depuis toujours un de mes auteurs italiens favoris, non seulement pour son journal intime: «Le métier de vivre», paru peu après son suicide en août 1950, à 42 ans, non seulement pour son engagement politique contre Mussolini et son parti fasciste qui lui valut un an d’emprisonnement, ni même pour ses courts récits et ses romans, si bien écrits soient-ils, mais surtout pour cet état de grâce, cette petite musique, cette nostalgie issue de l’enfance qui me captive et m’envahit à chaque lecture.
L’éditeur présente ainsi ce petit livre :
Dans les collines du Piémont, les hivers sont rudes et les étés brûlants. Les enfants y grandissent librement au milieu de vignes. Ils découvrent l'amitié et l'amour, mais aussi la solitude et la mort.
Dans ces quelques nouvelles lumineuses, Pavese nous guide à travers les paysages de sa jeunesse, lieux et moments magiques qui ont profondément marqué toute son oeuvre.


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