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The Stone Roses aux Nuits de Fourvière : flamboyant

Publié le 11 juillet 2012 par Fanazine @fanazine

The Stone Roses aux Nuits de Fourvière : flamboyantS’agissant de commenter le récent retour des Stone Roses sur le sol français, on commencera par distribuer les mauvaises notes. Les Stone Roses pâtissent, sur scène, d’un son parfois chaotique – ça a toujours été le cas. Ian Brown ne chante pas toujours juste – ça n’est pas nouveau non plus. Enfin, respectant la grande tradition lad, le chanteur porte des pantalons proches du pyjama ou du jogging du dimanche.
Ces réserves mises à part, le concert des Stone Roses à Fourvière fut l’occasion de relire, en direct, l’un des plus ahurissants chapitres de l’histoire de la pop anglaise, le temps d’une soirée flamboyante comme une peinture de Pollock. Lorsqu’il monte sur scène, le groupe semble ne pas avoir vieilli. Ian Brown dégaine un accent à couper au couteau et arbore la démarche, nonchalante et drôle à la fois, du musicien mancunien. Bien avant Liam Gallagher, c’est lui qui a institutionnalisé cet art de déambuler jambes écartées et cuisses mollassonnes, comme si la nature les avait dotés de melons en guise de testicules.
Le groupe ouvre son concert avec I Wanna Be Adored, ce qui revient à entamer un Clásico sur un doublé de Messi. Mythique, la ligne de basse est un rouleau compresseur, une arme de destruction massive que vient cisailler, sporadiquement, la guitare de John Squire. Dès le premier couplet, la voix goguenarde de Brown est rejointe par celle des centaines d’Anglais réunis dans l’amphithéâtre – ils seront nombreux, on le devine, aux concerts que le groupe donnera à Manchester quelques jours plus tard.
Vite, le groupe étale ce qui reste le plus gros condensé de miracles pop nichés sur un premier album, auquel il prend soin d’ajouter des singles (ou faces B) magnifiques et quelques heureux passages de Second Coming. Il y a donc là, en vrac, Sally Cinnamon, Fools Gold, Mersey Paradise, Made of Stone, Love Spreads, She Bangs the Drums, Ten Storey Love Song, Sugar Spun Sister, This Is the One, Standing Here et même Elizabeth My Dear…
Vertigineuse, la setlist est une succession de classiques qui ne laisse aucun répit au spectateur : ni à ses jambes, ni à sa voix, ni à son petit coeur qui bat fort, très fort. Sur la scène, le groupe continue d’agencer son cocktail miraculeux : un sens de la mélodie inouï hérité des Byrds (Waterfall), une guitare virtuose et sensuelle à la fois, et une section rythmique époustouflante – imparable machine à faire danser, la paire Mani-Reni fera passer, au moins le temps de Fools Gold et de son groove dictatorial, James Murphy pour un moine bouddhiste.
Dense, la prestation est entachée de quelques passages ratés (Bye Bye Badman ou Shoot You down au son vraiment limite) mais s’achève sur une version explosive de I Am the Resurrection. Ronde et groovy, la basse de Mani se frotte alors aux déflagrations de Squire, qui semble rendre hommage à Pete Townshend dans un grand ballet sonique. Trait d’union entre les époques et les genres, les Stone Roses regagnent alors leur statut historique, celui de chaînon magnifique entre les Beatles et Oasis, le psychédélisme sixties et la pop de Liverpool, les Who et les Drums, The Clash et l’acid-house, la britpop et les Arctic Monkeys… Ils ne sont peut-être pas la résurrection mais ils sont bel et bien vivants, et partout.
Younes.B

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