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Bob Dylan: Le Joker-Chapitre 1

Publié le 15 juillet 2012 par Numfar
Bob Dylan: Le Joker-Chapitre 1

Texte originalement publié sur le défunt Zikworld:

BOB DYLAN: Le joker

Prelude

(Venez mères et pères à travers le pays,

Et ne critiquez pas ce que vous ne pouvez pas comprendre,

Vos fils et filles sont au-delà de votre autorité,

Votre vieille route prend rapidement de l’âge,

Alors quittez la nouvelle si vous ne pouvez pas nous aider,

Car les temps changent !

« The times they are a-changin’ »)

En décembre 1962, un 45 tours atteint la première place des hit parades américains: «Blowin’ in the wind» du trio folk Peter, Paul & Mary.

Le folk, cantonné jusque là aux universités et au quartier arty de Greenwich Village, devient la nouvelle musique à la mode et les vocations fleurissent de la côte est à la côte ouest.

Les folkeux font désormais parler d’eux, influencés par les pionniers, surtout le grand Woody Guthrie, mais un nom va rapidement s’imposer au sein de cette nouvelle vague.....l’auteur de la chanson: Bob Dylan.

Chapitre Un: Ascension

(Ne suivez pas vos leaders, surveillez vos parcmètres.

«Subterranean Homesick Blues»)

Robert Allen Zimmerman est né à Duluth, Minnesota en 1941.

Il grandit à Hibbing, une petite ville minière sans histoires, où il découvre ses premières amours: le blues, la country music et le rock’n’roll.

Adolescent, il achète une guitare et une moto, histoire de faire du bruit dans le quartier et faire fortune comme guitariste de rock….

Il découvre le folk à l’université de Minneapolis en 1959 et se rend compte que chanter du folk sera sa meilleure arme pour séduire ses copines étudiantes.

Janvier 1961: Dylan débarque à New York avec une ambition affichée....faire parler de lui et rencontrer sa nouvelle idole : Woody Guthrie, hospitalisé à Brooklyn et en piteux état.

Guthrie est atteint de la maladie de Huntington et en mourra en 1967.

Dylan s’invite dans le cercle des amis de Woody Guthrie et se fait accepter sans trop de problèmes.

Il donne ses premiers concerts dans les clubs de Greenwich Village, aidé par ses nouveaux amis et fait très vite parler de lui, adaptant à sa sauce des classiques du folk américain.

En septembre, il est découvert par John Hammond et signe chez CBS.

Son premier album Bob Dylan,est publié en mars 1962, un album composé presque exclusivement de reprises de folk, comme «The house of the rising sun» ou « Baby let me follow you down » plus quelques originaux.

Ce premier album est un flop intégral, mais Dylan évolue vite, il commence à écrire des protests songs, développant un style propre à lui et son public se met à croître.

Lui même n’est pas vraiment convaincu de sa carrière de folk-singer et enregistre un single rock électrique: «Mixed-up confusion» publié en décembre 62 et qui passera totalement inaperçu.

Le succès de «Blowin’ in the wind» va le forcer à s’engager dans la voix du rebelle folk contestataire.

Dès lors, Bob Dylan portera toute sa vie l’image d’un chanteur engagé, alors qu’en réalité, la seule cause qu’il défendra réellement, sera la sienne.

Début 63, le nouvel album, produit par John Hammond, est prêt à sortir, mais les patrons de CBS prennent peur.

Certains titres sont trop politisés....... comme «Talkin’ John Birch paranoid blues» ou l’anti-nucléaire «Let me die in my footsteps» par exemple.

On lui demande d’écrire de nouveaux titres et on lui adjoint un nouveau producteur, Tom Wilson.

Dylan publie son premier chef d’oeuvre en mai 1963: The Freewheelin’ Bob Dylan, qui va influencer toute une génération.

Blowin’ in the wind, Masters of war, Girl from the north country, don’t think twice it’s alright ou A hard rain’s a gonna fall en sont les titres forts, même si comme pour tous ces albums des années 60, beaucoup de ses meilleures chansons ne furent pas publiées officiellement (Who killed Davey Moore, Percy’s song, Let me die in my footsteps etc.).

Dylan devient le porte parole et la conscience de la nouvelle génération, et l’establishment prend peur de ce trublion qui pose les bonnes questions au mauvais moments.

Automne 63, Dylan prépare sa nouvelle galette tout aussi explosive, mais en novembre 63, deux faits divers que tout oppose vont avoir un effet énorme sur le jeune chanteur : JF Kennedy est assassiné en plein jour et les Beatles sont pour la première fois numéro 1 des ventes aux Etats-Unis avec «I want to hold your hand».

Le premier fait divers va choquer le jeune chanteur au plus profond de lui, se sentant soudainement menacé lui aussi par les forces invisibles qui semblent désormais tirer les ficelles du pays.

....et sa consommation effrénée de cannabis ne va pas aider à calmer sa parano.

Le second fait divers réjouit Dylan, qui tombe amoureux de la musique des Beatles, du rythme rock soutenu, des harmonies vocales révolutionnaires, et d’un texte pourtant innocent dans lequel il en est persuadé, se cache un appel à la fumette.....

Lorsqu’il les rencontre en automne 64, il sera surpris de découvrir qu’ils n’ont pas encore goûté à l’herbe qui fait rire et c’est Dylan qui dans ce domaine sera leur initiateur.

En janvier 1964, Dylan publie donc son troisième album: The Times They Are A-Changin’,enregistré en septembre/octobre 1963, avant les deux événements cités plus haut, continuant sur la lancée de Freewheelin’.

Un album phare également avec la chanson titre, véritable hymne à la jeunesse des années 60 et au changement annoncé, plus des appels vibrants à la paix (With God on our side) ou à l’égalité entre les races (The lonesome death of Hattie Carroll).

En 1964, les groupes pop britanniques envahissent les ondes américaines et Dylan s’en réjouit....déjà le folk lui paraît dépassé, il veut jouer du rock et chanter des chansons plus personnelles.

En août 64, il surprend son monde avec un album plus poétique, plus personnel, moins revendicateur: Another Side Of Bob Dylan où l’on découvre également un Dylan plus pop (« My back pages » ou « It ain’t me babe » réminiscent des Beatles).

En 1965, les groupes américains électrifient Dylan: les Byrds d’abord, le groupe Californien de Roger McGuinn et David Crosby qui triomphent avec «Mr. tambourine man», puis ce sont les Turtles avec «It ain’t me babe».

Dylan félicitera les anglais de Manfred Mann, pour leur superbe version de «With God on our side» qui dira t’il «a des couilles».

En mars 1965, Dylan franchit le Rubicon avec Bringing It All Back Home, qui va choquer ses premiers fans.

Une première face électrique, puissante, acide: Subterranean homesick blues, Maggie’s farm....et une face acoustique plus traditionnelle.

Sa première tournée électrique, accompagnées par les Hawks (futurs The Band) est plutôt chaotique, le public folk hurle au scandale : «Traitre! Judas!» mais Dylan a choisit sa voie et le grand public rock le suit.

En juillet 65, le single de 7 minutes «Like a rolling stone» atteint la deuxième place des charts, c’est un triomphe, un triomphe qui se poursuit avec l’album Highway 61 Revisited, 100% électrique et 100% chef d’oeuvre (Tombstone blues, Ballad of a thin man etc...).

Les folkeux peuvent pleurer le départ du Dylan acoustique, un nouveau Dieu est né, rejoignant les Beatles au sommet du monde musical.

Après deux nouveaux singles à succès inédits en album (Positively 4th street et Can you please crawl out your window), Dylan atteint le sommet de sa carrière avec le double album Blonde On Blonde en mai 1966 et une suite de titres imparables sans aucun temps mort.

Double album de génie, incontournable, mythique, légendaire, Dylan est un Dieu vivant, intouchable.....

Mais un accident de moto en juillet 66 va stopper net sa carrière et l’immobiliser durant plusieurs mois.

Dieu redescend sur Terre en se mangeant l’asphalte.....et ça fait mal.

© Pascal Schlaefli

Urba City

Juillet 2012


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