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La pensée, en constante évolution, peu produire les pires énormités, ou de très bonnes réflexions.

Publié le 17 juillet 2012 par Romaneg
Il me semble qu'il est beaucoup plus facile de savoir pourquoi on fait de la musique, et pourquoi on veut en faire, que pourquoi on veut faire du cinéma et du théâtre. Il faut dire que j'ai une pratique musicale plus importante... et finalement ce n'est peut-être qu'au bout d'un certain nombre d'année qu'on comprend pourquoi on a des passions.
Oui, et peut-être que c'est ce qui définit le mieux la passion. Ne dit-on pas de l'amour qu'il a ses raisons que la raison ne connaît pas ? Eh bien, j'aime le théâtre et le cinéma pour des raisons inconnue de la raison. La raison, par ailleurs, n'a rien à voir la dedans. La raison c'est ce qu'on donne à l'extérieur, pour faire semblant, pour faire comme si on maîtrisait ses rêves et ses envies.
Pourquoi voudrait-on faire du cinéma ? Ce n'est pas comme la peinture, la sculpture, l'écriture - autant de moyens d'expressions, d'extérioriser tout ce qui est à l'intérieur de nous et qui bouillonne. Mais le théâtre et le cinéma, c'est pas tout seul. On travaille avec des gens. On travaille oui, au meilleur sens du terme. Mais on se valorise aussi. Le cinéma est un art à la mode - dire "je fais du cinéma", aujourd'hui, est bien plus valorisant que "je suis écrivain" ou "je fais du théâtre". C'est fini ça, c'est passé, on a déjà tout vu et revu. Je persiste et signerai toujours : non, on a pas tout vu. Si l'écriture est en passe de ne devenir qu'une bouillie commerciale (en Europe du moins), le théâtre a encore, et pour toujours, énormément de choses à nous dire. Et le cinéma, j'en parle pas. Le cinéma c'est merveilleux parce que ça peut tout être, dans les extrêmes les plus délirants. Et en même temps c'est l'un des arts les plus contraignants au niveau du fric. 
Quand j'entends Alexandre Astier dire qu'il "ne parle pas boulot en dehors du boulot", ça me choque. Si je faisais du cinéma, je ne pourrai penser à rien d'autre ou presque. Ce ne serait pas une contrainte, ça serait la recherche permanente, effrayante, de ce qui va toucher, ébranler, faire changer des gens. Les gens, en voilà une drôle d'espèce... tantôt je l'aime, tantôt je la hais, cette masse de congénères, cette masse d'individuels. Qu'ils m'intriguent... qu'ils me fascinent... et comme j'aimerai leur montrer, à ceux qui disent qu'ils "ne sont pas artistes" avec un haussement d'épaule déçu (je la vois leur honte, ils ont honte de n'avoir pas su sentir, de n'avoir pas su voir, alors que tout le monde peu) - j'aimerai leur montrer ce que moi je vois, ce que d'autres ont vu, et j'aimerai qu'ils comprennent. 

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