Travailler allongé, à plat ventre au dessus d’une meule
Etre éclaboussé en permanence par l’eau qui irrigue
Rester immobile douze heures par jour avec pour seul
Chauffage la chaleur de chiens dressés, bien utiles !
Parfois la meule éclate sous l’émouleur, part en vrille
Monte au plafond puis finit sa course en prenant une vie
Ce sont les risques du métier, on le sait mais on aiguise
On façonne, on donne du tranchant à la lame et on sourit
Demain, ils seront solidaires pour aider à réparer, rénover
Et descendre les nouvelles meules tant lourdes que fragiles
Le long de ravins, jusqu’à la rivière, au fin fond de la vallée
Ils seront payées en litrons de vin et boiront jusqu’à la nuit
Les femmes et les enfants resteront au polissage, bien sages
Car sur les rouets, on travaille en famille. C’est l’unique héritage
De la poussière d’émeri plein les poumons, de la silicose en bagage
Mais on est fiers de sa caste fermée dans cette nature sauvage.