De la révolution à Milan

Juillet 2012. Retenez bien cette date car il se pourrait qu’elle devienne historique. Quoiqu’il arrive, quoiqu’il se passe, l’été 2012 restera une étape importante, décisive de la grande histoire milanaise. En effet, après des années d’immobilisme l’AC Milan s’apprête à vivre ce qui sera peut-être la plus grande révolution de son histoire. Après le départ des emblématiques sénateurs, véritables institutions milanaises et porte-étendards des couleurs rossonere à travers le monde, voilà que Th. Silva et Zlatan Ibrahimovic quittent le navire à leur tour.

Au long des 25 années berlusconiennes, jamais peut-être le Milan ne s’est aussi découvert. Pas à un moment, le Diavolo n’a semblé si vulnérable voire pathétique pour certains. Aujourd’hui, la société n’a pas été capable de garder ses fuoriclasses, synonyme d’aveu de faiblesse pour beaucoup de tifosi. Après des années à contempler son passé, voilà que la société rossonera se découvre en  inadéquation avec le football moderne, ou plutôt avec l’économie du football moderne. Berlusconi, jadis grand mécène, est empêtré dans d’innombrables affaires politico-médiatico-financières a coupé les vivres. Par conséquent, son fidèle bras droit, celui qui a depuis toujours administré pour le grand Patron, Galliani se voit obligé de réduire le train de vie du club. Sans oublier, la crise qui n’arrange en rien les affaires d’une société déjà mal en point. Pas de stade, pas d’actionnaire, concurrence nouvelle venue d’Orient, crise économique, Président affaibli conjugué à une gestion familiale de Galliani, un ensemble d’éléments qui conduit l’AC Milan tout droit vers le précipice si on n’agit pas.

Au pied du mur, au point de rupture, les dirigeants n’ont justement pas fait ce qu’on leur reproche depuis quasiment 2007, c’est-à-dire l’inaction. Car oui, peut-être que nous l’avons oublié mais ce sont bien les tifosi milanistes qui réclamions depuis des années un renouveau. Non, plus fort, une r-é-v-o-l-u-t-i-o-n ! Beaucoup appelaient à la fin de l’époque des meravigliosi. Époque révolue mais qui surtout empêchait le club de se tourner vers l’avenir, sclérosé par une ossature légendaire mais dépassée. D’ailleurs les légendes sont des héros mais d’antan et non du présent. Nous demandions une nouvelle histoire, un nouveau cycle, un nouveau chapitre. Cependant, comme à Milan nous ne faisons rien comme les autres et que nos dirigeants sont passés maitres dans l’art de nous surprendre, nous avons été plus loin. Le plus grand défenseur actuel, Thiago Silva ainsi que le charismatique Ibrahimovic sont cédés au Paris-Saint-Germain. Après avoir portés l’équipe à bout de bras quatre saisons durant, les deux piliers de l’effectif milanais s’en vont pour la ville lumière. Deux étoiles pour Paris. Deux étoiles qui n’illumineront plus San Siro ni le Calcio mais le Parc des Princes – accueillant deux rois – et la Ligue 1. Le PSG vient de signer deux joueurs extraordinaires, parmi les meilleurs. En ce qui nous concerne, nous perdons deux leaders, comme dit plus haut, deux étoiles. Néanmoins dans la grande histoire milanaise, qu’on le veuille ou non, Ibrahimovic et Th.Silva ne représenteront que des étoiles filantes. Illuminant San Siro le temps d’un temps puis partis pour d’autres cieux. Qu’est- ce que cela représente pour, comme le dit l’expression que nous avons appris à détester, « Le club le plus titré du Monde » ?  Deux, trois saisons et un titre de champion d’Italie. Ils auront écrit une ligne de l’immense palmarès du Diable, ils ne représenteront probablement, eux aussi, qu’une ligne de notre Histoire. Merci pour ce titre, vous ferez partie des ces grands noms qui ont foulé la pelouse de San siro et régalé la Série A de votre classe. Merci et bonne chance à vous.

Á la suite de ces départs aussi soudains qu’inattendus pourraient suivre des joueurs comme Cassano, Robinho, Taiwo voire Mexès ou encore Vila. Selon toute vraisemblance, il semblerait que le grand ménage attendu ne soit pas à son épilogue. Au registre des arrivées les rumeurs se bousculent. Dzeko, Tevez, Damiao, Astori, Tasci, Dede ne sont que des noms parmi d’autres.  Nous naviguons dans l’inconnu le plus total. En réalité, nous ne sommes qu’en train de vivre ce que nous avions demandé, exigé, à savoir une révolution. Nous ne pesions peut-être pas le poids de nos mots car c’est bien de cela qu’il s’agit. Une révolution se caractérise par la volonté de faire table rase du passé et se tourner vers le futur. Malheureusement, nous ne pouvons pas la réclamer sans les bagages qui vont avec. Nous ne pouvons pas en vivre une vraie sans recommencer à zéro. Ni sans l’inconnu qui en découle. En effet, toute révolution brutale sous-entend moment d’incertitude où nous ne pouvons connaître de quoi sera fait notre future. En d’autres mots, celui de l’AC Milan. Nous n’appelions pas à une transition mais à un chamboulement complet. Amis rossoneri, le voici. Cependant, préparez-vous car ce n’est toujours qu’un début. La vraie bataille commence maintenant. C’est lorsqu’il ne reste plus grand-chose qu’on voit ce qui est grand. C’est donc en 2012 que nous verrons si le club de l’AC Milan peut se relever dans l’adversité. C’est cet été que nous verrons si les rossoneri si fiers de leur histoire méritent d’exister. Dirigeants, joueurs, mais aussi tifosi seront mis à l’épreuve. Nous voulions cette révolution, les dirigeants, Berlusconi et Galliani nous la donne. En fin de compte, de quoi nous plaignons-nous ? Une révolution n’est que la fin d’une chose et le début d’une autre. Il ne tient qu’à nous de rester bloqués, tétanisés ou, au contraire, de se battre pour que cette nouvelle aventure soit aussi belle que celles passées. Il y a ceux qui restent assis et subissent et ceux qui décident de lutter ; que fera Milan, tout l’AC Milan ?

Forza Milan per sempre !