Magazine Humeur

Carla Bruni-Sarkozy, auteur-compositeur-interprète, épouse du président de la République

Publié le 23 mars 2008 par Lgb

Elle nous l’avait promis, en couverture de l’Express: “Je ferai de mon mieux!” Et elle l’a fait. Carla Bruni-Sarkozy, nouvelle épouséeLes charmes de la sirène… du Zébulon, s’est surpassée dans une extraordinaire tribune, publiée non dans la Pravda, mais dans Le Monde (excusez du peu!), où elle contribue à ce que Libération analyse comme un changement radical dans la communication sarkozyenne. Voire… Sa brillante intervention fournira néanmoins au Grand Barnum une belle occasion de revenir sur l’étrange métamorphose de la dame, et sur la faculté du Sarkozysme à transformer (dégrader?) tout ce qu’il touche…

On ne s’attardera donc pas sur le ridicule de ladite tribune. On laissera à d’autres le soin de pointer le lourd contresens commis par la Dame dans sa citation de Beaumarchais (bizarrement, elle ne s’est pas trompée en citant La vérité si je mens…). Plus sérieusement, on s’attardera sur l’aspect très profondément machiste de cette petite plaisanterie, qui en dit long sur l’univers sarkozyste. Bref, on s’appliquera à analyser la métamorphose médiatique de Dame Carla en rombière barnumesque.

De l’utilité des sirènes

cocu.jpgEn période de remous médiatiques et de pitoyable soap-opera sentimental étalé sur la place publique par une presse chaque jour plus gluante, Zébulon avait simplement repris le principe de son maître P. T. Barnum un jour que ses caisses étaient vides: annoncer qu’il avait trouvé une sirène et l’exhiber partout. La sirène du célèbre bateleur était un composite de poupée, de singe et de poisson. Sarkozy allait se fabriquer une femme composite en relookant totalement une “auteur-compositeur-interprète” en “épouse du président de la République” (ainsi qu’elle signe elle-même sa tribune du Monde)…

La fonction barnumesque à laquelle était destinée ladite sirène était principalement de redorer le blason du Zébulon récemment plaqué par sa femme. C’est là que le bât commença à blesser. Alors que Dame Cécilia organisait elle-même le Barnum, Dame Carla allait en devenir une pièce essentielle. Alors que Dame Cécilia acceptait de paraître de temps à autre pour garantir l’humanité de son président de mari, Dame Carla est exhibée en permanence comme preuve de séduction. Le délaissé devient le conquérant ; le plaqué se sort un top modèle.

Evidemment, devenir meneuse de revue du Barnum présidentiel imposait quelques retouches, certes plus au scalpel comme autrefois, mais peut-être plus radicales encore.

Le retour de la femme objet, triomphe du Sarkozysme

Au départ (donc avant transformation), la dite sirène était une figure assez efficace du féminisme libertin. Nombreux amants, liberté sexuelle revendiquée, indépendance totale. Bref, du beau linge. Elle revenait pourtant de très très loin. Sa belle carrière de femme objet et de photos pseudo-érotiques —cul en l’air sous cocotiers et seins écrasés sur portes de douche embuée— lui avait permis de traverser l’Europe punaisée sur tous les pare-brise de routiers… Mais elle avait transformé l’essai, et de femme désirée, était devenue une icône de dominatrice, ce qui la rendait, somme toute, plutôt sympathique.

Le Grand Pornodrome EgyptienLa voilà donc, désormais, tombée sous le charme de Zébulon. Et tout le monde de se poser LA question essentielle: combien de temps l’idylle allait-elle durer ? Évidemment, deux ratages sentimentaux dans l’année, cela pourrait faire désordre… Dame Carla rentra donc dans le rang, et le Barnum se chargea de lui conférer la place qui revient naturellement aux femmes dans l’Univers sarkozyen: soumises.

Le tournant radical fut pris lors de la Grande Représentation du Pornodrome Egyptien. Livrés aux regards de tous, Dame Carla et Zébulon se livrèrent à une redéfinition accélérée:

a. de l’image médiatique de la belle

b. des rapports de genre, en leur collant dans les dents un retour en arrière de 20 ans.

D’abord, monsieur explique, Dame Carla s’exstasie. Confortablement, il dirige (c’est normal, c’est l’homme, donc il sait), il se rassure ; elle s’extasie (c’est normal, c’est la femme, donc elle est impressionnée) devant tant de beauté, de science, d’intelligence, de virilité. C’est si bon d’être enfin une femme et de bien rester à sa place!

Ravissante idiote 1

Dame Carla transformée en Agnès 1

Ravissante idiote 2

Dame Carla transformée en Agnès 2

Ravissante idiote 3

Dame Carla transformée en Agnès 3

(On ne remerciera jamais assez la presse et ses bons préjugés machistes, qui, évidemment, sauta sur l’occasion et entra dans le Barnum présidentiel en servant au bon peuple ces images d’un couple bien propre, monsieur malin, madame sosotte. Quelle jouissance que le stéréotype!)

Ensuite, monsieur, trop content d”apparaître à nouveau sous les traits d’un séducteur, affirme sa puissance et s’expose en mâle dominateur devant les photographes:

obscence.jpg

Mr. Boombastic, ou la Présidence de la République transformée en cliché de Gangsta Rap

Donc, pour Dame Carla, un bon retour en arrière. Et pas mal non plus pour la société française…

De la femme objet à la rombièrecouv2954.jpg

L’interview accordée à l’Express marqua une étape suivante. Rien que la photo… Bref. Le problème tient plutôt à la posture adoptée: elle sera avant tout un soutien pour son mari, bien sage, bien propre… Désormais, elle veut “s’engager dans l’humanitaire. Mon mari m’aide beaucoup pour cela” (des fois qu’elle n’y arriverait pas toute seule). Et comme nous le fait remarquer le Figaro Madame (qui qualifie élégamment la première dame de France de “vent frais sur le protocole“), Dame Carla

n’a pas son pareil pour entrer élégamment dans une limousine, en sortir sans rien dévoiler, serrer des mains sans mollir, animer une conversation avec un chef d’orchestre ou un Prix Nobel, réussir un plan de table, repenser la décoration des appartements de l’Élysée […].

Une femme parfaite donc, toute dévouée à ces tâches naturellement mulièbres.

Mais le sommet est atteint avec la pantalonnade du SMS. Et le dégonflage partiel du lamentable Airy Routier, qui s’excuse d’avoir blessé Dame Carla. Relisons les premiers mots de la réponse de “l’auteur-compositeur-interprète” dans son rôle “d’épouse du président de la République”:

Désormais l’affaire du faux SMS est close; mon mari vient de retirer sa plainte contre Le Nouvel Observateur après réception de la lettre d’excuses qu’Airy Routier m’a adressée.

Donc, Airy Routier écrit à Dame Carla pour s’excuser mais, si je sais lire, c’est bien Zébulon qui la reçoit (lirait-il le courrier de Madame?) et qui juge que les excuses sont à ses yeux satisfaisantes. Dame Carla fera des observations, mais, avant tout, c’est bien l’honneur de monsieur qui est sauf… Bref, le ton est donné: Dame Carla et Zébulon, c’est la logique du rappeur blling-bling. 1. Elle est bonne, ma meuf 2. Tu lui as mal causé, fait gaffe à ta gueule, je vais te faire la peau 3. Tu t’excuses auprès d’elle, ça va, je suis satisfait, j‘ai bien défendu son honneur (qui est le mien par procuration).

Dans le monde vu par Sarkozy on est criminel génétiquement, les hommes et les femmes ont des rôles bien définis depuis la nuit des temps, et on arrive à transformer les femmes libérés en femmes soumises. Eh ben mes enfants, bon courage pour la suite…


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