Magazine Beaux Arts

Sous peu

Publié le 24 novembre 2009 par Gregory71

Il est toujours facile après-coup de s’inventer des raisons et d’expliquer que c’était impossible, qu’il y avait là une contradiction intenable entre les êtres qui aurait finie par éclater un jour ou l’autre.

Le caractère ridicule de ces justifications est rendu sensible par le décalage entre le sentiment qui nous tient juste après (un manque insupportable, un effondrement de l’existence) et le détachement qui s’instaure au fil du temps. Il n’y avait donc là, dans cet oubli, que de l’habitude, une répétition du corps, le cerveau prenant forme de cette répétition.

Il y a dans l’amour, il y a dans la séparation (quel est le mot commun entre les deux?) quelque chose du renversement révolutionnaire et de la résistance du don. Il faudrait avoir le courage (mais est-ce du courage?) de tenir l’après-coup non pas par l’oubli indifférent, lorsque le sentiment s’est évaporé,  mais justement, parce qu’il ne reste plus rien si ce n’est quelques images et un vague sentiment, de tenir à tout prix l’intensité perdue, ce qui nous liait à l’autre dans le décalage, dans la différence, dans cette dissemblance étrangère. Il faudrait justement au moment où il n’y a plus rien, tout donner, se souvenir de tout non par quelques désirs nostalgiques de retour mais comme résistance à  l’oubli.

Ne voir en cela donc aucune nécessité positive ou négative (« c’était elle » ou « cela ne pouvait pas être elle »)  mais simplement le libre jeu du hasard, comme si un événement plus grand que tous les événements que nous vivions, planait au-dessus de l’amas de nos histoires.


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