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"Soyez sympa rembobinez" (Be Kind Rewind) de Michel Gondry et moi

Par Notsoblonde @BlogDeLaBlonde

Je sais, comme ça, à première vue, ce titre de billet peut paraitre un peu nombriliste (moi, moi, moi) et au fond, il l'est sans doute un peu (GRANDE NOUVELLE!) (oui bah voilà en même temps je tiens un blog ce qui implique que j'ai dans l'idée que ce que je fais intéresse les autres alors j'ai sans doute un égo un peu plus gonflé que la moyenne, hein)(autant se l'avouer). Donc ce titre peut paraitre un peu agaçant, je le reconnais. Le "et moi" me tape un peu sur les nerfs, personnellement, j'avoue.

"Alors pourquoi le conserver tel quel ma grande, tu n'avais qu'à le modifier?"

"Oui bah facile à dire, figure toi que je n'ai rien trouvé de mieux"

(Voilà que je monologue en retranscrivant des échanges imaginés avec mon ami imaginaire préféré (oui, toujours lui, le lecteur fidèle), j'ai VRAIMENT besoin de vacances on dirait)

Oui parce qu'en fait je trouve ça très prétentieux de titrer un truc du genre "Michel Gondry ce génie" genre je m'y connais trop en cinéma et je décide de qui a du talent et qui n'en a pas. En toute honnêteté je suis loin d'être calée mais j'adore ça. Le ciné. Et sur ce blog l'idée c'est de livrer un point de vue personnel sur mes activités culturelles.  Et je m'en vais donc te raconter pourquoi je trouve "Soyez sympa rembobinez" formidable. Sans prétendre que tout le monde doit partager cet avis. Et en essayant de faire court. Parce que j'ai l'impression que je pourrais disserter des heures là-dessus mais voilà mes valises ne sont toujours pas bouclées...

D'abord il faut sans doute que je commence par te faire un résumé (je crois qu'on dit "un pitch"). Il s'agit donc d'un film qui raconte l'histoire d'une boutique de location de VHS sur le déclin (oui, à l'heure du DVD, les temps sont durs pour les cassettes VHS). Ce magasin se trouve à proximité d'une centrale électrique et un jeune homme du quartier  (interprété par Jack Black) croit que sa santé est menacée par la centrale et décide donc un jour d'aller la saboter. Sauf qu'il se trouve pris dans un champ magnétique. Quand il rend visite à son ami (joué par Mos Def) qui s'occupe de tenir seul la boutique de VHS pendant l'absence de son patron, il démagnétise toutes les bandes. Le drame!

Pour sauver l'affaire malgré tout, les deux compères à qui un client vient réclamer "Ghostbusters" décident de ré-enregistrer le film, avec leurs propres moyens. Le résultat dépasse leurs espoirs les plus fous, ils ont créé un genre dont les fans sont de plus en plus nombreux chaque jour, réclamant des versions "suédées" des classiques du cinéma... (si tu veux en savoir plus, je crois qu'il va te falloir voir cet excellent film, je voulais me réserver cette phrase pour la conclusion mais tant pis, elle tombe maintenant).

J'aime le cinéma de Gondry parce qu'il n'obéit à aucune norme et qu'il est d'une créativité époustouflante, sans limite semble-t'il.  Si "la patte" de Michel Gondry se retrouve dans chacune de ses productions, il est clair pourtant que chacun de ses films explore des territoires différents. J'aime cette idée d'une prospection large. J'aurais pu te parler d'Eternal Sunshine Of The Spotless Mind que j'aime intensément ou encore de la science des rêves (mais ça j'y reviens rapidement en fin de billet) alors pourquoi avoir choisi celui-ci en particulier? 

Simplement parce qu'il défend des valeurs qui me touchent. Et qu'il fait aussi écho à ce qui se trame actuellement, dans le milieu de la culture. Aujourd'hui chacun peut, partout, s'exprimer dans les disciplines artistiques de son choix (comme c'est le cas depuis toujours) et (c'est ce qui est nouveau) chacun peut partager, via internet, ses créations. La diffusion est immédiate, rapide, extrêmement large. 

Il y a un an de ça (oui, j'ai mis le temps, je voulais sans cesse écrire à propos de ce film et puis j'ai été prise par d'autres activités (cf les innombrables billets publiés ces 12 derniers mois) alors ça n'arrive que maintenant...), Michel Gondry faisait la couverture des Inrockuptibles n°813 avec, en surimpression sur sa photo, ce titre "Tous artistes avec Michel Gondry".

(oh tiens c'est bizarre ce qui m'arrive l'été..je publie des billets sur des articles de presse qui datent de l'année passée. Août dernier déjà : c'était là. Bizarre)

A l'intérieur (j'ai précieusement conservé le numéro dans le but de cette publication) un dossier "high tech" intitulé "Do it yourself avec Michel Gondry" "Système Gondrouille". Parce que c'est un peu ça qui est défendu dans le film, la débrouille. Et le partage de la pratique de l'art, l'éloge de l'art collectif, participatif. J'aime. Dans l'interview présentée dans le papier il est question des nouvelles technologies, des "outils" toujours plus nombreux pour créer et diffuser. Pour ma part, j'ai très envie de partager avec toi deux extraits de cette interview qui sont les suivants (en gras la question du journaliste Jacky goldberg, en caractères "normaux" la réponse de Gondry).

J'ai l'impression que pour vous, le chemin compte plus que la destination, que l'art a avant tout des vertus pédagogiques...

quand on me demande mon avis, c'est ce que j'encourage. La panique de l'échec crée une paralysie qui empêche beaucoup de gens d'agir. Moi, je pousse les gens à le faire, quelque soit le résultat. C'est pour ça aussi que je n'encourage jamais la compétition. On ne peut pas savoir a priori qui a du talent. Faire croire le contraire est très égoïste et prétentieux. Maintenant, en ce qui me concerne, le résultat a une grande importance (surtout si je suis payé!).

(...) Et les gros effets numériques, type performance capture, ça vous intéresse?

Non, pas du tout. Je n'aime pas Avatar, je n'y crois pas à cette femme bleue, c'est du plastoc. Quand on me demande quel est mon film de superhéros préféré, je réponds Superman 3 qui est notoirement le plus mauvais. Je dois être ringard.

Voilà. L'interview complète est à retrouver dans les archives du magazine. 

Il faut savoir que le réalisateur a mis en oeuvre cette idée d'encourager la création en la rendant VRAIMENT accessible avec son usine de films amateurs installée de façon éphémère au centre Pompidou l'an dernier. Je n'y ai pas participé et je m'en mors encore les doigts mais voilà, il te présente tout là : 


Michel Gondry - l'usine de films amateurs au... par centrepompidou

Si tu veux en savoir plus c'est par ici  mais sache que le principe était simple : mettre à la disposition des visiteurs (pré-inscrits) tous les outils pour créer un vrai film. Bilan : 30 films tournés, 4500 participants et 60 000 visiteurs. Dans l'interview des Inrocks il évoquait d'ailleurs l'installation de son usine à films amateurs sur un site d'Aubervilliers et je ne sais pas où ça en est...

Tout ça pour dire que Michel Gondry, avec ce film drôle et touchant, glorifie une idée qui m'est chère qui encourage chacun à s'exprimer. Je tâche dans le travail que j'exerce de faire passer le message, autant que possible. J'aime l'idée qu'on est nombreux à souhaiter encourager ça...

Dans le film il est aussi question de la notion de création originale. Les "héros" réalisant des remakes de films préexistant, la question des droits d'auteurs vient à se poser et la question autour de la notion de création est soulevée. Ca fait écho à un dossier de Télérama publié dans un des numéros de Télérama de septembre 2011 (je l'ai gardé aussi, héhé) dont voici la couverture : 

Dans ce dossier, une question d'Hélène Maurel-Indart (spécialiste du plagiat) m'a interpelée "Qu'est ce qui fait que l'emprunt n'est qu'un recopiage, ou au contraire qu'il se trouve sublimé par son insertion dans un nouveau contexte, une nouvelle perspective?"

C'est passionnant au fond : Où commence la création? 

Dans les bonus du DVD de Soyez sympas rembobinez (que je t'invite à te procurer ne serait-ce que pour l'excellent "Dans la tête de Michel Gondry" qui m'a fait tomber un peu amoureuse de Michel, je le confesse), il y a notamment un entretien entre Jack Black et le réalisateur au cours duquel Jack pose cette question "Finalement, qui te dit que Shakespeare n'a pas suédé lui aussi? Si ca se trouve roméo et Juliette n'est qu'une version suédée d'une autre pièce "Lawrence et Florence"! J'ai ri mais il est vrai que la question soulevée, si elle n'est pas sans intérêt (ici elle l'est avec légèreté mais le fond est le même), n'est pas si facile à régler. Loin de moi l'idée que je vais m'y employer ici, j'ai bien conscience que je ne résoudrai rien mais voilà, je relaie l'interrogation...

Bon sinon, pour respecter la tradition qui veut que quelque soit le sujet traité ici il y ait toujours une musique associée, je te mets ce titre de The XX. Tu comprendras facilement pourquoi :)

Heureusement que je devais faire court, hein...

Bon voilà, pour les quelques raisons exposées ici et plein d'autres encore, pourquoi j'aime d'amour ce film de Michel Gondry.

Quelle n'a pas été ma surprise quand, publiant un lien vers ce film sur ma page FB perso, j'ai vu apparaitre un commentaire un peu négatif concernant "La science des rêves". Commentaire qui n'aurait pas retenu mon attention si il avait été isolé mais il se trouve que chaque fois que j'évoque mon amour du cinéma de Gondry, j'ai droit à ce genre de remarque là. J'avoue, je ne comprends pas parce que c'est peut-être bien mon préféré. Je ne vais pas en faire l'apologie ici, il mériterait d'avoir son propre billet consacré mais je vais quand même te livrer une toute petite séquence qui à elle seule justifie qu'on aime ce film, à mon sens. La voici (pardon, je n'ai pas su la trouver en VF) :

Bon et sinon pour finir pour-de-vrai cette fois (tu as remarqué que mon problème c'est que je n'arrive pas à finir?) sache que Michel Gondry travaille actuellement à l'adaptation cinématographique du roman de Boris Vian "l'écume des jours". Vian + Gondry, autant te dire qu'on n'a pas fini de rêver...

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