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La marque « Lait d’Beu » n’est pas à vendre et gare à qui usurpera le nom «mémé Kamizole» !

Publié le 06 août 2012 par Kamizole

La marque « Lait d’Beu » n’est pas à vendre et gare à qui usurpera le nom «mémé Kamizole» !

Je plaisante. A peine. Il y a peu (le 26 juillet 2012) j’avais épinglé une société argentine qui prétendit vendre une robe « Aurora » en s’inspirant du drame qui venait de se produire aux Etats-Unis dans la ville du même nom. Les margoulins ne reculent devant rien. Sous l’empire de l’idéologie ultralibérale tout doit être objet de commerce. Même la « marque de la Bête » (de l’Apocalypse) puisque je lus en son temps que les numéros de téléphones portables commençant par 666 se vendirent comme des petits pains mais très cher !

Que les imbéciles qui me prennent pour une parfaite conne ne connaissant rien à rien m’épargnent leurs sarcasmes habituels : je sais parfaitement que la « loi du marché » existe depuis l’aube des temps, dès que les humains échangèrent entre eux des objets ou des services quand bien même n’y eût-il pas de monnaie au sens plus moderne du terme (l’on sait que des coquillages ou autres choses du même genre en tinrent lieu) et le troc lui-même releva du marché balbutiant. Nulle confusion donc dans mon esprit. L’ultralibéralisme, la globalisation et la mondialisation - les deux termes n’étant pas strictement synonymes - promeuvent l’idéologie, la civilisation ou la société de marché selon les auteurs critiques, lus notamment dans les articles du Monde Diplomatique.

Ou le commerce devenu l’alpha et l’oméga des échanges d’un bout de la planète à l’autre et son inévitable corollaire : « point de salut en dehors du commerce sonnant et trébuchant ! ». Je ne peux à cet égard m’empêcher de penser à un passage de « L’Apocalypse » de Jean (13-17) qui m’a toujours intriguée : « de façon que personne ne pût acheter ou vendre sans être marqué du nom de la Bête ou du chiffre de son nom », lequel est 666 comme chacun sait.

Au nom de quoi les anciennes solidarités telles les échanges de services des paysans : moissons, vendanges, tuage des cochons, etc. où tous venaient prêter la main à tour de rôle d’une ferme à l’autre ont disparu. Sauf exploitation en GAEC, chaque agriculteur - le rêve de la FNSEA et autres lobbies étant qu’ils devinssent des « entrepreneurs » - le cul vissé sur des tracteurs ou machines de plus en plus performantes pour le plus grand bénéfice des John Deere ou McCormick : chaque ferme devant avoir les siens !

De même qu’ont disparu quasi corps et biens la plupart des anciennes coopératives agricoles. Rachetées les unes après les autres pour devenir des mastodontes qui n’ont rien à envier à d’autres multinationales de l’agro-business. Idem les coopératives d’achat qui permettaient par des achats groupés de vendre à leurs adhérents des produits à plus faible coût que dans le commerce. Quasi devenues hors la loi ! Sinon, inscrites dans la même logique de rentabilité que les commerces avec les mêmes conséquences : faillites, licenciements collectifs, etc.

Sur le plan de la pure solidarité, j’ai le parfait souvenir qu’il y a quelques années des artisans cherchèrent noise aux « Sels » - mouvement d’échange de services ou de biens sans intervention monétaire. Ils incriminaient les personnes qui faisaient des travaux par ce biais, notamment la réfection de toiture entre autres. Il me semble qu’ils perdirent leur procès, les juges ayant été convaincus par les arguments de la défense, à savoir que les personnes qui recouraient à cet échange de services ne disposaient précisément pas d’assez d’argent pour financer ces travaux faits par des professionnels.

Je peux certes me tromper mais depuis déjà plusieurs années je vois gros comme une maison - devant l’extraordinaire développement des sociétés proposant du soutien scolaire à domicile et/ou des stages de remises à niveau et préparation aux examens - que ces commerçants partiront en guerre (devant les tribunaux) contre les diverses associations qui proposent gratuitement du soutien scolaire le soir à la sortie de l’école aux enfants qui en ont besoin. Wait and see.

Quasi rayées de la carte les assurances mutualistes ou devant être gérées de la même manière que les compagnies privées. Que dire des Caisses d’Epargne ? Je sais par une amie qui était sociétaire depuis fort longtemps qu’ils furent plumés de belle façon lors de la réforme les transformant quasi en banque normale. Pour atteindre le comble du comble lorsque nous apprîmes en octobre 2008 - au plus fort de la crise des subprimes - qu’un trader de la Caisse d’Epargne avait fait perdre la coquette somme de 600 millions d’euros si ma mémoire ne me trahit pas… Un trader à la Caisse d’Epargne !

N’ayons garde d’oublier la pléthore de services publics transformés en société privée aux mains des multinationales. Nous allons rire drôlement jaune puisque selon ce que j’ai lu et entendu dernièrement, notre facture de gaz va être majorée de 2 € par mois pendant deux ans, ce me semble. Deux euros pour certains, ce n’est que broutille mais nous savons parfaitement qu’ils peuvent manquer à la fin du mois. Il me semble par ailleurs que GDF-Suez réclame une nouvelle rallonge, cependant qu’EDF prévoirait rien moins qu’une augmentation des tarifs d’au moins 30 % en 4ans… Bigre !

Quant à la SNCF, le maquis de ces tarifs n’est plus à démontrer. J’ai appris dernièrement qu’elle envisageait des TGV « low-cost » mais que les départs et les arrivées ne se feraient plus à Paris (pour les lignes desservies depuis la capitale) mais de la gare TGV Roissy-Picardie de Compiègne ! Parfait pour « Le sous-préfet aux champs » mais pas du dernier pratique pour les voyageurs. Il faudra débourser plus pour aller à Compiègne et perdre du temps par rapport aux voyages actuels.

Ceci dit, si les tarifs sont réellement avantageux en période de pointe, pourquoi pas ? Ils sont véritablement prohibitifs, notamment pour les familles qui ont un petit budget. Mais quid des tarifs « Prem’s » en période creuse ? Depuis 2006, à chaque fois que je suis descendue dans l’Hérault, j’en ai bénéficié. Voyageant toujours hors des périodes de vacances et au milieu de la semaine. Double avantage financier : pour les clients qui peuvent voyager à petit prix parce qu’ils n’ont pas de contrainte de date ; pour la SNCF qui assure un meilleur taux de remplissage de ses rames (il faut payer de toute façon l’électricité et le personnel de bord que le TGV soit rempli ou non). A condition qu'ils partissent de la Gare de Lyon, sinon : basta !

J’ai aperçu dernièrement un titre selon lequel les voyageurs de province paieraient plus cher leurs billets que les Parisiens. Hé bien, je l’ai constaté ! La première fois que nous partîmes dans l’Héraut les billets prem’s - Gare de Lyon jusqu’à Sète - étaient au même prix (20 €) pour l’aller comme pour le retour. Ensuite il y eut une bonne différence, souvent du simple au double que j’ai constatée notamment en 2008 en cherchant le meilleur coût à partir d’Agde, alors que l’aller - mais avec un départ à 7 h 20 - m’avait coûté 25 € (plus 10 € pour la chatte).

Ce petit état des lieux des dégâts provoqués par l’idéologie ultralibérale mise en application pour en arriver à l’objet de mon courroux du jour, à savoir un article que je ne pouvais manquer d’ouvrir en lisant ce titre sur la Une du Monde Sous la pression des internautes, une société renonce à déposer la marque "Ano-nymous" (4 août 2012). Je ne me suis pas attardée longtemps sur les « Anonymous » me contentant de savoir qu’il s’agit du nom collectif de pirates informatiques, activistes.

Or, une « petite » (?) société commerciale française (?) Early Flicker - putain ! Quel nom… je ne sais s’il faut le traduire comme « le premier battement ou tremblotement » sur le mode du fameux « effet papillon » ? - a déposé le 16 février le nom, le logo et le slogan des Anonymous auprès de l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). Il s’agissait de commercialiser sous ce sigle divers objets : des vêtements, des sacs ou de la vaisselle.

Sans doute, sur le plan strictement juridique, étaient-ils libres de droit dans la mesure où les Anonymous n’avaient jamais pensé les déposer ni en France ni à l’étranger. Mais sur le plan éthique ? Monsieur Auffret qui s’exprime au nom de la société n’a-t-il pas conscience de les avoir détournés à des fins marketing ? Le pauvre ! Il se plaint que ses boîtes de messagerie électronique aient été « prises d’assaut » par des internautes dont certains furent paraît-il menaçants. D’où la décision de fermer temporairement son site.

Pour l’instant, « Tout est bien qui finit bien » eût dit William Shakespeare et les « joyeux compères des Anonymous » peuvent s’estimer satisfaits puisque M. Auffret indique avoir été contacté de manière « très cordiale » par un membre français des Anonymous et qu’un accord aurait été trouvé : M. Auffret s’engageant à faire - dès que possible - les démarches auprès de l’INPI pour renoncer à la propriété intellectuelle du nom et des emblèmes des Anonymous. Ouf !

Je fus sidérée d’apprendre il y a quelques années que les animateurs et présentateurs d’émissions à la radio comme à la télévision déposaient bien à l’avance à l’INPI le nom des émissions qu’ils envisageaient de mettre sur pied. Pour être certains de n’être pas pris au dépourvu si quelque personne avait la même idée avant eux. Les écrivains font-ils de même pour le titre des ouvrages qu’ils envisagent d’écrire ?

Au-delà du dépôt de nom commercial et autres attributs attachés, se pose - également à l’INPI mais également sur le plan international - le problème des brevets dans le domaine de l’innovation industrielle. Démarche destinée à protéger les créateurs mais qui coûte relativement cher en études, etc. qui doivent être versées au dossier.

Enfin, et le pire dans ce domaine : « le brevetage du vivant » ! De grandes sociétés américaines de l’industrie pharmaceutique n’ayant pas hésité à breveter les principes actifs de plantes utilisées depuis des temps immémoriaux par des populations autochtones de diverses contrées du monde. En ayant garde d’oublier qu’elles brevètent également des gènes sans se soucier qu’elles pillent le patrimoine génétique de l’humanité qui ne devrait appartenir à personne et à tout le monde.

Dans le même domaine, comment ne pas être outré en apprenant au fil du temps que les semenciers de l’agro-business mondialisé - Monsanto et autres qui nous infligent les OGM - interdisent aujourd’hui aux agriculteurs de conserver une partie de leur récolte pour s’en servir - usage également immémorial - pour planter la récolte suivante.

La marque « Lait d’Beu » n’est pas à vendre et gare à qui usurpera le nom «mémé Kamizole» !

Comment ne pas penser à l’association Kokopelli - qui cherche et conserve des plants de variétés anciennes et les vend au prix coûtant à ses adhérents ? Trop pour les semenciers et autres distributeurs de plants ordinaires. Kokopelli était poursuivie par un producteur français - il faut le nommer : la société graines BAUMAUX d’autant plus qu’un courriel de Kokopelli m’informa il y a déjà longtemps que cette société n’avait pas hésité à commercialiser un de ses produits sous le nom de « Kokopelli » ! Les margoulins n’ont décidément aucun semblant d’éthique.

Or donc, il avait réussi à faire condamner l’association en première instance en France et Kokopelli avait saisi la Cour de justice de l’Union européenne qui siège à Luxembourg. J’avais suivi l’affaire du coin de l’œil et les crus tirés d’affaire en apprenant que l’avocat général considérait que Kokopelli était dans son droit en vendant des semences et plans de variétés anciennes qui n’avaient nul besoin d’être inscrites dans le catalogue officiel (démarche qui coûterait horriblement cher à une association, chaque plante devant être répertoriée et les dossiers nécessaires seraient aussi onéreux que s’agissant du dépôt de brevets).

Hé ! Ben… Non ! Les juges de la Cour de justice en ont décidé autrement appris-je par un autre courriel de Kokopelli (je suis abonnée à leurs lettres). Le 12 juillet 2012 l’arrêt de la Cour européenne a donné raison aux semenciers, interdisant à Kokopelli de poursuivre son activité, tout en condamnant l’association à 100.000 € d’amendes. Grrr !

Je ne sais s’il existe un « Monsieur Baumaux » mais je peux vous dire que ses 100.000 euros, j’aurais grande envie de lui faire avaler pièce de 10 € par pièce de 10 €, avec un entonnoir comme pour l’engraissement des canards, jusqu’à ce qu’il nous en « chiât des ducats » (Freud) !

Il ne s’agit ni plus ni moins qu’un parfait crime contre la biodiversité. Je ne saurais donc que vous inciter à signer la pétition de soutien à Kokopelli - elle restera en ligne jusqu’à la fin 2012 - qui m’avait été signalée par un article de Mediapart. Anne-Cécile Robert avait donc fort raison de parler de « juges du marché » au sujet de ceux de la Cour européenne (Monde diplomatique de… mai 1999 !).

Enfin, et j’en reviens à mes moutons de départ et mon titre, qu’il me faut quand même bien expliquer car bien évidemment ni le nom de « Lait d’Beu » ni le nom de mémé Kamizole n’ont été déposés. J’ai créé ce blog en juin 2005 et ensuite choisi mémé Kamizole car j’en avais plus que marre que l’on me donnât du « Monsieur » sur certains commentaires et « mémé » car je n’ai jamais eu aucune coquetterie quant à mon âge (je vais avoir 65 ans dans deux jours). Le privilège de l’âge étant d’avoir l’expérience de la vie.

Imaginez donc qu’une personne peu scrupuleuse usurpât le titre de « Lait d’Beu - ce qui serait au demeurant plutôt surprenant - ou qu’elle voulût se faire appeler mémé Kamizole sur quelque site (voire les deux à la fois : rançon du succès !) et/ou qu’elle eût la prétention de me faire renoncer à l’un comme l’autre au prétexte qu’elle les aurait fait enregistrer en bonne et due forme à l’INPI… et qu’elle portât l’affaire devant les tribunaux. Outre que j’ai n’ai pas d’argent à sacrifier pour cela, il me resterait à démontrer que nonobstant que je ne les ai sans doute pas déposés, devrait jouer en ma faveur la notion d’antériorité qui serait prouvée par la création du blog en juin 2005.


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