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L'individu, acteur stratégique du cyberespace

Publié le 07 août 2012 par Egea

Commencer la description des acteurs stratégiques par l’acteur individuel pourrait surprendre : en effet, la stratégie évoque plutôt des organisations structurées (les armées, voire les entreprises) ou des masses (le pôle de l’opinion publique relevé par Clausewitz, ou la population au sein de laquelle on fait la guerre depuis les expériences récentes de contre-insurrection). Et les seuls individus mentionnés dans l’étude stratégique classique sont clairement identifiés et qualifiés. Il y en a deux : Le décideur politique, et le chef militaire. D’ailleurs, ces deux-là entretiennent entre eux un dialogue particulier, chacun devant répondre à une masse dont il est responsable : le peuple pour l’homme politique, l’armée pour le chef militaire. Ils sont en fait des personnes plus que des individus anonymes.

L'individu, acteur stratégique du cyberespace

La nouveauté du cyberespace vient du rôle prééminent de l’individu, qu’on ne peut plus collectiviser comme autrefois sous le terme de masse. L’extrême facilité avec laquelle les individus s’assemblent dans des groupes qui se font et se défont constitue un premier trait de l’individu. Surtout, chacun peut très vite devenir émetteur d’une information, d’un jugement ou d’une analyse qui pourra se répandre de manière virale jusqu’à provoquer des mouvements d’opinion. Enfin, certains individus peuvent être des acteurs conscients du cyberespace, qu’ils vont investir pour servir des calculs stratégiques qui leur sont propres. En fait, le cyberespace permet techniquement de développer une évolution séculaire d’individualisation, la poussant à son terme.

L’individu revêt ainsi plusieurs attitudes simultanées, qu’il convient de décrire succinctement.

L’internaute

La première fonction de l’individu sur le cyberespace est bien évidemment l’internaute, au sens large : c’est-à-dire l’utilisateur de réseaux informatiques, qu’ils soient reliés à l’Internet ou qu’ils en soient distincts, comme un réseau bancaire. Grâce à cette fonction de plus en plus partagée, l’individu accède à une communication qui modifie sa vie. Et si on pense surtout à la pratique des sociétés développées, on ignore bien souvent à quel point le cyber modifie la vie des sociétés africaines : grâce au développement de réseaux de téléphonie mobile, appuyés sur des infrastructures beaucoup plus légères que les infrastructures traditionnelles, l’individu qui était autrefois le plus isolé peut enfin se « relier », accéder à l’information mais aussi valoriser ses échanges grâce à des systèmes de banque dématérialisée. Cela entraîne un bouleversement social insoupçonné car il introduit l’individu dans des organisations sociales jusque-là collectives.

Cet exemple illustre bien que le cyberespace n’est pas simplement le résultat de l’individualisation, il en est aussi le stimulant. Pour autant, cet individu n’est pas seul : il est relié, et au fond bien moins isolé qu’il ne pouvait l’être autrefois. La qualité des liens peut être discutée : ainsi, un « ami » sur Facebook ne représente pour la plupart des lecteurs certainement pas la même qualité d’amitié que l’ami d’enfance avec qui vous avez découvert le monde. Pourtant, l’augmentation du nombre de liens de toute sorte multiplie l’influence, même faible, de chaque individu.

(à suivre, peut-être)

O. Kempf


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