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"Liaison romaine" de Jacques-Pierre Amette

Publié le 08 août 2012 par Francisrichard @francisrichard

Il n'est pas donné à tout le monde de savoir joindre l'utile à l'agréable. D'aucuns réussissent au contraire à joindre l'inutile au désagréable C'est ce qui arrive au protagoniste du dernier livre de Jacques-Pierre Amette.

Paul est journaliste. Il est envoyé par son journal pour rendre compte de l'ambiance qui règne à Rome, juste avant la mort annoncée du pape Jean-Paul II en mars 2005.

Visiblement il n'est pas fait pour écrire sur un tel sujet, puisque ses connaissances en matière de religion catholique sont des plus tenues.

De plus il a bien du mal à "marquer la différence entre soucis professionnels et batifolages érotiques". En fait d'ambiance il se sent surtout attiré par les "pécheresses arrondies, opulentes, figées" et parle en termes choisis et évocateurs du corps de son amante.  

Il pourrait très bien laisser libre cours à sa "méthode lunaire, fureteuse, oblique, obstinée", se servir de ses "flâneries impressionnistes" pour baigner son regard "un peu myope dans les couleurs de Rome". Au lieu de cela, d'être lui-même, il voudra en forçant son talent écrire "un peu littéraire" et écrira ... ampoulé.

Neuf mois plus tôt, en juin 2004, il est venu à Rome avec Constance, sa compagne depuis huit ans. Elle est jeune, il est grisonnant. Pourtant, à l'époque, ils filent tous deux le parfait amour, hormis le fait qu'elle garde secrète son enfance et que, depuis le temps, il n'a jamais pu faire la connaissance ni de sa mère, ni de sa soeur.

Paul fait venir Constance à Rome. Mais elle devient "étanche, protégée par une froideur stupéfiante". Depuis quelques mois déjà il avait senti que ce qu'il lui disait n'avait plus d'importance. Cela ne l'avait pas empêché de fantasmer dur quand il ne la voyait pas, d'être toujours autant excité en sa présence.

Etonnamment Constance veut bien cette fois lui parler de son enfance comme s'il s'agissait aussi de la sienne. Il aurait dû y voir un signe. Il aurait dû aussi comprendre que Constance aurait aimé qu'il lui parle avec gentillesse et s'occupe bien d'elle.

Son article et son amour finissent donc par être décevants, contre toute attente:

"J'avais cru faire du journalisme, j'avais cru aimer quelqu'un, mais non j'avais traversé un paysage de fantômes."

Cette foi mal placée rend le lecteur tout déconfit: la liaison romaine est définitivement coupée.

Francis Richard

Liaison romaine, Jacques-Pierre Amette, 154 pages, Albin Michel ici


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