9 août Qui c'est la rousse, là ? Pour la dixième fois de la matinée, Ugo releva son corps lourd comme un cheval mort. Dix pieds devant lui, une flamme rousse sur un chemisier vert. Le manque de neuroleptique se fit douloureusement sentir au niveau du plexus. Il se vengea sur la vigne et tailla ferme sans compter les yeux. Arrivé deux pieds derrière, il sentait son odeur musquée et entendait sa respiration. Une crampe à la main et la serpette était prisonnière, le cou blanc offert, Ugo ferma les yeux, un soleil rouge frappait sa rétine. Vertige. Brusquement il bondit, mais en arrière et courut vers le tracteur. - Ai soif... - Ici on bosse on boit après. Ugo leva des yeux suffisamment compréhensifs pour que l'autre se taise et lui passe le litre de rouge. De la piquette pour Parisien, un fond de stock de Beaujolais nouveau... Peu me chaut du moment qu'il soit frais, et il l'était, les mots s'économisent lorsqu'on travaille dur. - Qui c'est la rousse, là ? - Adèle, une nouvelle, mais elle a le coup de main. Tâche de lui filer le train et ce soir le champ est fini. Mais attention je veux pas d'histoires... - De quelles histoires parlez-vous ? Il n'est pas loin de midi le soleil cogne comme une brute, le mauvais vin, le manque, la sueur, Ugo s'écroule. Lorsqu'il ouvre les yeux les yeux verts du paradis teint de lait, parsemé de taches de son. - Eh ben, ça va ? - Ou... Oui, je vais me reprendre, pas un mot au dab, merci. Ugo s'accroche aux fils de fer et taille tant bien que mal, secoué qu'il est de spasmes. Le clocher de l'église le sauve momentanément... A suivre... demain !
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