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Vos roses d'été fleurissent sur Atlantico !

Publié le 09 août 2012 par Delanopolis
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1-Réception de dictateurs à l’Elysée : un président normal est un président qui fait comme les autres !

Mis à part quelques mesures défavorables à des gens qui, de toutes les façons, dans leur très grande majorité, ne voteront pas pour lui, en particulier les assujettis à l’ISF et les personnels de la défense, le président normal est bien décidé à faire normalement ce que ses prédécesseurs faisaient et à ne répugner à aucun reniement. La vie diplomatique, en particulier, est indifférente aux alternances et propice à une pratique cynique du pouvoir plus connue sous le nom de raison d’Etat.

A quoi bon dénoncer la transformation du jardin de l’hôtel de Marigny, dépendance de l’Elysée, en village de tentes au moment de la venue de Kadhafi ou s’indigner du retour de la Françafrique une fois liquidées les bonnes intentions de Jean-Marie Bockel pour recevoir la version 2 du logiciel Bongo ou l’émir de Bahreïn qui opprime ses opposants chiites ?

Les justifications sont toujours les mêmes : « il ne faut pas couper les ponts et les conduire à l’isolement » ; « nous en avons profité pour parler des droits de l’homme », etc. La vraie singularité de François Hollande, dans ce domaine, est qu’il pousse l’hypocrisie encore plus loin que ses prédécesseurs. « Moi président, n’y aura pas de dictateurs reçus à l’Elysée » … enfin, reçus sans les avoir au préalable dissimulés aux caméras, ce qui est une performance lorsqu’il s’agit d’un roi !

De toute façon, le président normal n’a pas grand-chose à craindre de se voir pris la main dans le sac de ces compromissions. C’est presque un brevet de « présidentialité » que se montrer indifférent aux droits de l’homme et prêt à tous les reniements pour entretenir de bonnes relations avec des Etats dont on se dit que, peut-être, ils nous récompenseront en contrats. Quel pays au monde déciderait aujourd’hui de suspendre ses relations avec la Chine où les libertés publiques sont à peine mieux garanties qu’au lendemain de Tien An Men ? La croissance mondiale repose sur la capacité du Parti communiste chinois, sorte de conseil d’administration qui gère autoritairement son empire, à diriger d’une main de fer cet ensemble immense et brinquebalant, empêchant notamment qu’une agence de notation quelconque aille vérifier ce que valent vraiment ses secteurs bancaire ou immobilier ou qu’un journaliste ne révèle où disparaissent les recettes de la corruption. Le sort de quelques opposants ne mérite assurément pas qu’on se fâche avec un système crucial au maintien de notre propre confort, même s’il nous concurrence méchamment.

En recevant en catimini tous ces « bad boys » de la vie internationale, François Hollande ne fait que confirmer que son élection n’était que le remplacement de clans par d’autres clans. Mais qui pouvait envisager le contraire ?


2 – Les vrais affameurs du peuple

Qui sera à Hollande ce qu’André Laignel fut à Mitterrand ? Le bâton de relais des diatribes contre ceux qui avaient juridiquement tort car ils étaient politiquement minoritaires semblait bien installé entre les mains d’Arnaud Montebourg.

Mais un certain Didier Guillaume, vice-président du Sénat - excusez du peu, la France est encore riche - menace de lui dérober ce précieux symbole. « Les allemands et la Banque Centrale européenne sont des affameurs des peuples » tonne ce Jupiter de section socialiste.

Quel est le crime commis par ces monstres froids ? Ils ne délivrent pas la panacée salvatrice : de la monnaie, des montagnes d’euros, pour venir au secours de tous les systèmes sclérosés et clientélistes dont raffolent nos politiciens car ils les font vivre. Ce remède-miracle est désormais vanté partout à gauche, un vibrant plaidoyer ayant été prononcé récemment par un économiste aussi considérable que Laurent Joffrin dans cette feuille de haute tenue nommée le « Nouvel Obs ». Puisqu’Américains et Anglais impriment qui du dollar qui de la livre, nous devons en faire autant, pardi. Cette foire aux assignats est le signal qu’attendent les marchés pour se dire que la croissance va revenir et faire baisser les taux d’intérêt. C’est mâââgique !

Ces brillants esprits admettront-ils un jour qu’une telle politique ne peut durer qu’autant que les détenteurs d’actifs dont le prix est libellé dans la monnaie en question - pas seulement des titres de banques ou de dette publique mais toutes les classes d’actifs y compris ceux de leurs bas de laine- ne risquent pas une importante et rapide dévalorisation du fait de la persistance de faiblesses économiques structurelles. En d’autres termes, Américains et Anglais peuvent se permettre - pour un temps encore incertain - de faire tourner la planche à billets car des réformes difficiles destinées à accroître la productivité ont été lancées dans leurs pays et/ou parce que le secteur privé y est le moteur non contraint du développement. Mais qui voudrait investir dans des pays immobilistes, accablés d’un secteur public dilaté et faux-monnayeurs ?

Sans forcément adhérer au credo strict de la théorie quantitative la plus orthodoxe, il est clair que la masse monétaire créée doit être corrélée à la quantité de biens et services susceptible d’être produite sur des marchés concurrentiels, faute de quoi ces instruments de paiement se dévalorisent par la dévaluation et par l’inflation. Inutile donc d’espérer un « redressement productif » si les investisseurs étrangers ou nationaux sont confrontés à ce type d’incertitudes.

Or, en France, toute la politique du nouveau pouvoir consiste à limiter au maximum les réformes du secteur public, déshabillant les bureaucrates de quelques ministères pour en habiller d’autres et à contraindre le secteur privé, comme en témoignent la hausse des prélèvements sur les entreprises et les épargnants, celle du coût du travail via la re-fiscalisation des heures supplémentaires ou les mesures d’encadrement des loyers. Du fait de ces handicaps, la croissance de la production ne serait pas au rendez-vous de celle de la masse monétaire et c’est une bonne raison pour se méfier de cette dernière.

Pis encore, François Hollande donne le mauvais exemple en Europe : pourquoi les autres pays feraient-ils des efforts quand la France cherche à les éviter ? Affaiblissant la position allemande sans vraiment renforcer celle des pays du Sud, le gouvernement français participe à l’incertitude qui affecte le processus de prise de décision dans l’Euroland. Il ne faut pas s’étonner du rejet croissant du renflouement de l’Europe du Sud Outre-Rhin. Bref, les vrais affameurs du peuple ont la bouche ouverte et ils beuglent.

3 – Populaire de rien

Tout ceci affecte-t-il la popularité du nouveau pouvoir ? Que nenni ! Ceux qui prennent les jeux politiques trop au sérieux risquent en effet de s’agacer en observant que la méthode de notre président : se dissimuler derrière les ministres, répandre des écrans de fumée, se contenter de sourires débonnaires, en un mot exploiter la naïveté populaire, fait de lui le seul homme politique figurant dans le top 50 des personnalités préférées des Français. Hé oui, le cynisme paie, surtout quand il se cache sous une épaisse bonhommie.

Il faut saluer un vrai savoir-faire en ce domaine, comme en témoigne l’envoi, au plus creux de l’été, de lettres-cadres aux ministères frappés de restrictions budgétaires pour que les chouchous de l’éducation nationale, de l’intérieur et de la justice soient mieux dotés. C’est à peine si l’on a entendu la plus petite protestation syndicale. Le gouvernement compte sur la résignation des victimes pour commencer à administrer sa purge avant la fin de l’année.

Mais que les idéalistes indécrottables, amoureux de ces notions abstraites et contingentes qu’on nomme vérité et courage, se rassurent : le bât finira par blesser. François Hollande a été élu sur un programme de service minimum du clientélisme socialiste. Qu’il le mette en œuvre avec rouerie ne changera rien au fait que ce projet est fondamentalement inadapté aux défis de notre époque.

4 – L’Olympe politique

"Je souhaite bien sûr que ça puisse être le cas (une nouvelle candidature française à l’organisation des JO) mais franchement, il y a eu trois candidatures ces dernières années qui ont été perdantes, je ne voudrais pas porter une candidature qui ait le même destin".

Ce rappel désagréable par notre président de la folle équipée de l'"amour des jeux" entre 2003 et 2005, explique peut-être le mutisme de son principal promoteur de l’époque, Bertrand Delanoë, sur une possible candidature parisienne pour les JO de 2024. Les avantages immédiats d'une telle opération, le maire de Paris les connaît bien : s'attirer la bienveillance des groupes de presse et de BTP, l'attention des médias, multiplier les événements et activités promotionnels. Si tout se termine en apothéose par une désignation comme ville-hôte, le prestige peut aider à accéder à des fonctions plus importantes. L'opération olympique, pour Delanoë, n'avait d’ailleurs qu'un seul et unique objectif : préparer la présidentielle de 2007 alors que le PS n’avait plus de leader. Patatras ! On sait ce qu'il advint.

Pour Hollande, la chose est plus compliquée et l'individu plus prudent. Certes, on sent poindre la même tentation, qui permettrait de parler d'autre chose que de chômage et de redressement productif en capilotade.

Pourtant, se pose un problème de calendrier. La désignation de la ville hôte se fera en 2017, sans qu'on sache encore clairement si ce sera avant ou après la présidentielle. D'où un souci majeur : un échec peu de temps avant l'élection serait un désastre pour un président-candidat engagé dans cette opération. Un succès postérieur à l'élection serait politiquement inutile. Cependant, les festivités et autres opérations de communication permises par la candidature auraient une valeur en elles-mêmes. Bref, le risque est grand, le succès aléatoire et les sauteries permises par la candidature, certes tentantes, pourraient s'achever en cauchemar.

Par ailleurs, l'influence diplomatique de la France ne cesse de se réduire. De nombreuses villes sont déjà sur les rangs : Dubaï, Doha, Chicago, Toronto, etc. Les équilibres géopolitiques ne vont pas forcément dans le sens d'une récompense donnée à un pays surendetté et irréformable.

Enfin, les justifications économiques sont oiseuses. Face à des dépenses précises (au moins 13 milliards d'euros pour les jeux de Londres par exemple) les partisans de ce type d'événement ne peuvent se référer qu'à des retombées indirectes, diffuses : désenclavement, aménagement territorial, voire cohésion sociale. Chacun sait et certaines villes l'ont cruellement éprouvé (Montréal, Athènes notamment) que l'ardoise des jeux est très longue à effacer et que beaucoup d'équipements restent sous-utilisés voire en friche. Prétendre que les jeux pourraient accélérer l'émergence du Grand Paris revient à donner au développement métropolitain le sport de compétition comme colonne vertébrale. Pourquoi pas le cinéma ou la danse ? Les activités universitaires, scientifiques, techniques ou industrielles seraient bien plus adaptées pour penser le futur de l'organisation spatiale d'une agglomération de plus de 10 millions d'habitants. En réalité, le désir d'organisation des JO est surtout un témoignage de manque d'imagination des classes dirigeantes.

Quoi qu'il en soit, au moins du fait des incertitudes de calendrier, on a entendu François Hollande prononcer une phrase savoureuse : "Nous ne pouvons porter une candidature que si nous avons des chances sérieuses de la faire réussir. On ne peut plus se permettre d'être candidat et de connaître l'échec. " Ce genre de formule dissuaderait quelque athlète que ce soit de s'aligner au départ d'une course ! Qui est jamais sûr de ne pas connaître l'échec ? Notre président normal est décidément d'une prudence exceptionnelle ... Il souhaite d'ailleurs que le mouvement sportif se mette en première ligne, celle où les coups sont les plus rudes.

Bref, il vaudrait mieux que cette offensive de diversion à la crise économique cesse rapidement et qu'on ne reparte pas comme en 2003/2005. Mais la raison n’est pas une discipline olympique.


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