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Crise: la gauchosphère contre l'austérité

Publié le 10 août 2012 par Juan
Crise: la gauchosphère contre l'austéritéDepuis janvier dernier, la croissance de l'économie française est nulle. Depuis mars, nous sommes en récession. Depuis plus d'un an déjà, l'économie tourne au ralenti.
Quoiqu'en disaient les hiérarques du mandat précédent, la reprise n'est jamais venue. Tout juste un rebond quasiment technique après les plans de relance et d'urgence de la fin 2008, en France et ailleurs. Pire, cette récession s'accompagne d'une baisse de pouvoir d'achat d'une ampleur inédite, relevée dans le dernier rapport de l'INSEE en juin dernier.
L'année est donc ratée.
Deux positions s'affrontent: rigueur/austérité/efforts contre relance/soutien/croissance. Le clivage existe depuis des mois au sein même de la gauche. A l'inverse, l'UMP et le Modem sont la ligne austère. Mais l'ancien parti sarkozyste ne le crie plus trop fort sur les toits.
Dans la blogosphère, le débat fait rage, avec utilité et précision.
La récession pour tous
Ce n'est pas une surprise. Un économiste en chef du Crédit Agricole cité par le Nouvel Obs expliquait mercredi que ces mauvais chiffres étaient « tout sauf une une surprise, malheureusement », à cause du « ralentissement mondial de l'économie et tout particulièrement de la crise européenne », qui ont « encore renforcé l'inquiétude des ménages qui épargnent de plus en plus et consomment de moins en moins ».
Mercredi 8 août, la Banque de France a publié ses dernières prévisions. Elle nous promet une entrée officielle en récession dès cet été: -0,1%, après le -0,1% du second trimestre et la croissance nulle. Mardi, l'INSEE livrera ses propres estimations. Le gouvernement Ayrault avait déjà dégradé ses prévisions en juin (à 0,3%).
Le fera-t-il à nouveau la semaine prochaine ?
Tous les moteurs de la croissance sont à l'arrêt: la consommation des ménages s'est contractée de 0,2% pendant le dernier trimestre de Sarkofrance. L'investissement ne repart pas. La récession frappe toute l'Europe. Les banques regorgent de liquidités mais ne prêtent plus. A cause des hausses d'impôts décidées en 2011, estimées à +11% par l'INSEE, le pouvoir d'achat des ménages devrait chuter de 0,6%.
La crise a déjà 5 ans. Nous entrons dans la seconde récession, un vrai trou toujours plus grave que le précédent.
L'austérité...
Il fallait lire la une du Point daté du 2 août dernier: « La France danse sur un volcan ». Avec ce commentaire lapidaire de l'éditorialiste libéral Nicolas Baverez: « pour l'euro, l'été s'annonce meurtrier ». Il prône « détente monétaire et rigueur budgétaire ». Un grand classique de la sphère libérale ! L'auteur ajoutait qu'un abandon de souveraineté budgétaire plus fort serait la contrepartie inévitable d'une meilleure gouvernance économique commune. Il manquait la règle d'or à son billet, et il aurait été complet !
Dans cette optique, le seul redressement des comptes publics, en France comme ailleurs, reste l'alpha et l'oméga de toute action publique. Grâce à la Cour des Comptes (cf. son rapport de juin dernier), on sait déjà qu'il faudra au moins 33 milliards d'euros d'efforts (économies et/ou impôts nouveaux) pour s'approcher des 3% de déficit budgétaire publics.

Le stress est compréhensible: la France emprunte beaucoup, quelque 200 milliards d'euros par an. Les seuls intérêts de la dette accumulée dépassent les 50 milliards annuels. Notre note de crédit, celle-la même dégradée par Nicolas Sarkozy, détermine le prix de notre crédit. Pour le moment, et depuis quelques semaines déjà, la France emprunte à des taux négatifs, comme une valeur refuge de dernier recours avant la Grande Chute finale. Le 9 août, la BCE soulignait combien les écarts de taux ne cessaient de s'aggraver au sein de la zone euro.
Au niveau européen, la pression rigoriste reste inchangée contre une Grèce qui sombre, avec une récession de son PIB estimée à -7% et un chômage déjà à 23% cette année ! Même le FMI s'en est ému, et réclamait ces jours derniers un allègement de la charge du plan de sauvetage. Plus de 11 milliards d'euros d'économies supplémentaires ont été demandés par la Troïka. L'Etat cède ses forêts, dénonce le blogueur Greek Crisis.
En Espagne, quelques collègues UMPistes de la droite au pouvoir pourront donc applaudir le énième plan de rigueur adopté par le gouvernement Rajoy: 65 milliards d'euros à ponctionner via une hausse de la TVA à 21%, ou des baisses d'allocations chômage et des retraites. Mais en parallèle, s'indignent le blog des Moutons Enragés, les banques seront « sauvées », avec une grosse centaine de milliards d'euros de fonds européens.
... ou autre chose ?
La pression est forte pour réhabiliter d'autres arguments. Comme celui de la relance. La thèse est simple, l'austérité aggrave la crise. « Récession, piège à con » dénonce le blogueur Gauche de Combat. Il faut de la croissance pour générer activité, emploi et... recettes fiscales. Sinon, c'est la cata.
Ce débat n'est pas théorique. Prenez l'exemple récent des nouvelles règles de versement des crédits publics pour l'entretien des lignes électriques des communes rurales. Les fonds - soit 376 millions d'euros - ont été placés sous gestion de l'Etat (et non plus EDF) par le gouvernement Fillon l'an dernier. L'objectif était de récupérer cette trésorerie tout en durcissant l'attribution des crédits aux communes, le tout dans le cadre de la recherche d'économies budgétaires. Conséquence, quelque 7.000 emplois sont menacés dans les communes et PME habituellement chargés de l'entretien.
Autre traduction concrète et quasi-immédiate de la crise, la baisse du pouvoir d'achat augmente le surendettement des ménages.
Autre alternative au discours monétariste ambiant, faire marcher la planche à billets,  et effacer les dettes des uns et des autres. De toutes façons, « la désagrégation de la machine à fabriquer de la dette se poursuit », expliquait l'économiste François Clerc sur le blog de Paul Jorion, ce jeudi. Et « elle ne pourra pas en tout état de cause retrouver son rendement ».
Sur cette crise imparable, qui débuta en août 2007 et non pas en septembre 2008, Nicolas Sarkozy n'avait pas d'idées. Il parlait de la Syrie, celle de son ex-ami Bachar el-Assad contre lequel, malgré les massacres et les milliers de mors depuis 2011 qu'il dénonçait, il ne voulait aucune intervention armée en il y a cinq mois.
Bref, c'est la « cata », mais « les places financières retrouvent le sourire ».
Circulez, y a rien à voir.


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