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060812

Par Volodia

Ma gauche a lâché mon pénis et je me suis redressé d'un bond dans les draps moites. J'ai mis mon training Adidas, passé un marcel Clockhouse. J'ai rallumé l'ordinateur. Je me suis grillé une Winston rouge tandis qu'il chargeait. Il a la moitié de mon âge. C'était ça ou me masturber pour la quatrième fois.

Nous avons gravi les marches à côté du funiculaire de l'Ecluse. Je l'ai un peu poussée le long de la montée. Elle s'est éraflée l'avant-bras droit contre le mur de pierre. Nous nous sommes aspergés comme des enfants avec nos bouteilles d'eau. Elle a enlevé son top dont je ne me rappelle pas la couleur et s'est couchée sur son sac pour sécher, bronzer. J'ai enfilé le dernier palier qu'il restait et suis allé pisser mes bières de l'après-midi contre le mur côté jardin de la maison de droite. Quelqu'un est passé. Je suis redescendu. Elle feignait la somnolence, allongée. J'ai fumé une Davidoff Gold accoudé contre la balustrade de fer forgé, face à un immeuble dont je pouvais contempler la cour crade si je penchais la tête. Je voyais un bout du lac sur la gauche. Je me suis assis à côté d'elle. J'ai caressé ses cheveux blond paille. J'ai tripoté l'anneau boisé au milieu de son maillot de bain. Le soleil rendait visible le duvet de ses petits seins. J'ai dit : « Bon. » Voilà, c'était fait. J'ai trop mis la langue. Qui a dit qu'on se souvient toujours de son premier baiser ? Oui, les années raccourcissent. C'est la vérité. Et l'on en oublie plus de la moitié.

J'ai fait une pause. J'étais soulagé de m'être relevé. L'insupportable insomnie d'une nuit sans alcool. Parfois je pense que j'ai oublié ce qu'était le sommeil. Je ne connais que le coma. Je me suis tiré une autre tige. Ce n'était pas vraiment que j'avais envie d'écrire à ce propos. Mais peut-être qu'écrire est ce que je fais encore de mieux. Si je sais toujours le faire... et puis il faut comprendre qu'à mesure que les souvenirs me quittent, tamisés années après années, cette activité touche presque au devoir de mémoire. Non que je sois contraint de me souvenir, non. Mais parce que cela m'ennuie de sentir tout ce sable glisser à jamais dans le néant de ma vie. Imbécile, je puise chaque jour une bonne portion de poussière au fond du lit de cette rivière d'éthanol puis secoue mon tamis. Je pourrais penser que ce faisant, chercheur d'or, je ne conserve que le meilleur, de grosses pépites bien brillantes. Mais quedalle ! Je bousille la mémoire, délinquant donnant de grands coups de bouteilles dans de larges étagères bien garnies, qui tombent les unes après les autres, laissant en tas les archives que je dégage du pied et brule au briquet puis arrose copieusement de ma pisse. Parce qu'il ne faudrait quand même pas provoquer d'incendie ! L'incendie, c'était la passion, les yeux ardents, le sexe tendu et les poings au visage. Et l'incendie c'est fini.


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