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Citius, altius, fortius

Publié le 11 août 2012 par Diateino

CITIUS, ALTIUS, FORTIUSCrédit photo : © Reuters

Telle est la devise olympique, magnifiquement illustrée par Renaud Lavilennie hier soir.

Le débat sur la place réciproque du savoir-faire et du savoir-être dans la recherche du management optimal des performances de l’entreprise n’est pas nouveau. On sent intuitivement que les moteurs du savoir-faire – quotient intellectuel, expertise, esprit de compétition – gagnent à être équilibrés par un savoir-être marqué par la dimension relationnelle, faite notamment d’empathie, de reconnaissance sincère, d’esprit de  collaboration, d’humanité, en somme, comme le dirait Francis MER(1).

Pour l’avoir observé dans nombre d’entreprises, on sait que si le mental des managers est essentiellement centré sur le rationnel sans composante intuitive et humaniste, il produit le plus souvent un management autoritaire et une caricature de  performance court termiste qui crée une tension interne redoutable, les effets dévastateurs qui s’en suivent dans la motivation des équipes et dans les relations entre individus, et, partant, dans les taux de turn over ou d’absentéisme de l’entreprise et donc de la productivité(2). Certaines entreprises tentent de compenser cet état de fait par des politiques de bien-être au travail, qui constituent sans doute un progrès, mais qui ne suffisent  pas à  traiter ce mal en profondeur et ressemblent le plus souvent à un « emplâtre sur une jambe de bois ».

La performance et le bien-être au travail  émergent  lorsque savoir-faire et savoir-être ont atteint leur point d’équilibre dans le style de management d’une entreprise. L’actualité olympique nous permet de prolonger cette réflexion. En quoi les trois valeurs promues par Pierre de Coubertin pour la pratique du sport – excellence, respect,  amitié – sont-elles transposables au monde de l’entreprise et peuvent-elles renforcer l’efficacité managériale ?

- L’excellence  est trop souvent connotée par la capacité à gagner et reste mesurée le plus souvent par le taux de réussite, peu importe la façon de l’obtenir ! Mais que fait l’entreprise pour que cette capacité résulte d’une combinaison saine et équilibrée entre le savoir-faire, l’équilibre physique, la volonté et l’esprit de compétition, dans ce qu’il a de positif, l’acharnement à réitérer pour réussir ? L’épanouissement dans l’effort, dans le dépassement de soi-même est conditionné par un système de reconnaissance lié à l’individu – fierté de se surpasser -, au groupe  - fierté de  réussir ensemble, de faire émerger des talents et de valoriser son équipe -, à  l’entreprise – fierté de devenir visible au-delà de sa « tribu » – . Mais aussi à la capacité à se remettre en cause, de tirer les leçons d’un échec et mettre en place un environnement suffisamment positif pour permettre à un individu ou à une équipe de repartir.

Le respect dans ses formes diverses, respect de soi-même et d’autrui, respect des règles, respect de l’éthique, respect de l’environnement commence heureusement à entrer timidement dans les mœurs de l’entreprise, mais il reste encore largement lié à  la crainte de la sanction légale (concurrence déloyale, harcèlement, pollution… ) ou utilisé comme argument de vente : (écologie, green policies…). Quant au  fair-play, pur produit du sport, en tant que  variante du respect, il se traduit par un refus de gagner à tous prix et donc une disposition d’esprit à jouer franc-jeu. Cela relève de l’éthique et l’on ne peut pas dire que l’entreprise soit toujours le lieu de prédilection de celle-ci !

-  L’amitié ! Voici un terme totalement étranger à l’approche actuelle des ressources humaines. Sa forme édulcorée, sans doute plus compatible dans un premier temps avec les formes relationnelles actuelles de l’entreprise, pourrait être la compréhension mutuelle et donc la recherche de l’esprit de tolérance. Mais combien d’entre nous ont déjà entendu une direction des ressources humaines ou un manager prôner l’amitié au sein des équipes et la tolérance, ou, si cela a été esquissé, combien n’ont pas souri ?

Au terme des Olympiades 2012, il apparaît une fois de plus évident que l’Olympisme peut inspirer tous ceux qui veulent entreprendre et comprendre les clés de la force de caractère, de la focalisation sur l’objectif, du travail en équipe, de l’amitié, du partage de la joie dans l’effort et de la satisfaction du travail accompli. Les grandes écoles ne l’ignorent pas et c’est souvent même la seule période de la vie des managers où ces qualités s’épanouissent pleinement. Pourquoi s’évanouissent-elles de plus en plus souvent dans le monde du travail ? Qu’est-ce qui dans l’entreprise actuelle stérilise ces valeurs au point qu’elle nous y apparaisse comme appartenant à un autre monde ? L’excès d’autorité sans doute, le management top down certainement, et le refus d’intégrer dans la conduite des entreprises l’idée que si les gens se font plaisir en travaillant, adieu la qualité, adieu la valeur ajoutée et adieu la productivité !
1) Voir l’interview de Francis MER « Le déficit de gestion humaine » dans le Journal numérique des Echos.
2) Voir l’article de Francis MER dans Le Monde du 7 août : « j’estime qu’une meilleure motivation des effectifs pourrait augmenter la productivité de notre main d’oeuvre de 25% ».


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