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L’ambiguïté idéologique de Paul Ryan

Publié le 17 août 2012 par Copeau @Contrepoints

Paul Ryan, Représentant du Wisconsin et Président du Comité du Budget de la Chambre des Représentants, vient d’être choisi par Mitt Romney comme colistier. Certains dénoncent ses positions sur Medicare comme étant trop proches de celle du candidat démocrate Barack Obama.

Par l'auteur du site Bobo libéral.

L’ambiguïté idéologique de Paul Ryan
Paul Ryan, le nouveau champion des républicains, instigateur d’un audacieux plan de redressement budgétaire des USA, dénommé The Path to the Prosperity, a été choisi comme colistier par Mitt Rommey.  Il est l’une de ces nouvelles figures médiatiques qui ont bénéficié de la montée des Tea Party, ce mouvement populaire qui s’est distingué, à la notable différence des Indignés, par son parti pris anti-taxe et anti-État.

Les réactions du camp opposé ne se sont pas fait attendre, et après la lecture de ce plan détaillé et qualifié par beaucoup d’audacieux, ou de néolibérale par Le Monde, les démocrates ont accusé Mitt Romney, par ce choix, de planifier la démolition des programmes sociaux américains en les privatisant ; Medicare en première ligne.

Eh bien, démocrates et socialistes de tout poil, soyez rassurés, vos peurs sont infondées. Car après avoir passé en revue les étapes d’une réforme fade aux contours confus, on découvre dans une profession de foi, noir sur blanc, de la main de ce soi-disant héraut du libéralisme, que ce qui l’anime à porter haut et fort ce plan auprès des membres du Congrès, ce plan qui provoque les foudres de la gauche, et qui romprait clairement et à jamais avec ce socialisme rampant qui nuit à l’Amérique, ce plan, il l’a concocté dans le seul et unique but de sauver Medicare...

Et c’est ainsi que l’on est saisi de vertige par la profondeur de la confusion idéologique qui règne dans le camp Républicain.

Car n’est-ce pas au nom de la liberté d’entreprendre et des contrats, devant mettre un terme à cette gabegie financière, que le mouvement Tea party s’est érigé contre Obamacare et son obligation à tous de contracter une assurance santé ? N’est-ce pas Medicare, par son organisation monopolistique et coercitive, qui est à l’origine de ces problèmes endémiques que sont la réduction de la qualité des soins et la hausse constante de leurs coûts, participant ainsi à la dette et au déficit abyssal dont souffre les USA ? N’est-ce pas pour mettre un terme à Medicare et non pour le sauver que tous ces gens se sont rebellés et ont balayé avec la force d’un tsunami la classe politique Républicaine ? Car s'il en va ainsi d’Obamacare et de son aspect coercitif, nuisible pour la communauté, ne devrait-il pas en être de même pour Medicare, qui n’est au fond que l’ancêtre du premier ?

Il faut croire que non.

Ayn Rand ne s’y trompait pas quand elle affirmait que lors d’un débat dont les contradicteurs ont la même idéologie, le plus cohérent l’emportera. Si c’est pour sauver Medicare, autant voter Obama. Il est celui qui, au USA, se fera toujours le meilleur avocat de l’État-providence, et non pas les Républicains qui semblent naviguer entre deux eaux.

Mais ces Républicains, naviguent-ils vraiment entre deux eaux ? Sont-ils réellement écartelés par deux courants antagoniques en tous points, le socialisme et le libéralisme ? Des éléments de réponse se trouvent dans ce rapport. Il est certes plus libéral que les idées d’Obama : on y évoque la perception d’un chèque pour s’affilier à un prestataire de soins, privé et approuvé par l’État, mais d’ici 2022, rien en substance pour le Social Security, un budget  en équilibre d’ici 2065, c’est-à-dire aux calendes grecques, et les éternels promesses de baisse des impôts et des dépenses.

Mais une chose demeure : l’État. Il reste, indéfectiblement, inexorablement, l’acteur principal. Il contrôle et organise tout. Il veille au bon déroulement des opérations. Certes, il prend de la hauteur et lâche du lest en privatisant. Il s’est modernisé en tolérant le marché, mais il en contrôle les paramètres principaux et garde le dernier mot sur tout. C’est une mutation du socialisme que l’on a déjà constatée dans les pays communistes où l’on a saupoudré de libéralisation l’économie pour sauver ce qui peut de l’élite en place. Soit en s’affirmant toujours et fièrement communiste, comme en Chine, soit en revêtant les oripeaux des démocraties nationales et sociales-démocrates, comme en Russie. C’est du néo-socialisme, et surtout de l’esbroufe.

Paul Ryan sauverait-il sa place par ses réformes ? N'oublions pas que cette nouvelle figure de changement et de rupture a des antécédents politiques : approbation des programmes No Child Left Behind, TARP (programme de sauvetage des banques), et, surprise, de Medicare Part D expansion. Son ambition de sauver Medicare date d’avant. On peut lui faire pleinement confiance dans cette mission.

Finalement on ne peut que se désoler de la prédominance métastique des idées de gauche dans tout le spectre politique. Il n’y a aucun salut en dehors de l’État. Ce principe est tellement ancré en ce qui concerne la santé et la retraite, que même ceux se réclamant du libre marché, ne peuvent les imaginer totalement débarrasser des interventions étatiques.

Et curieusement le salut vient des adversaires des Républicains, qui leurs montrent la voie à suivre, en les accusant, et à tort, de vouloir abolir Medicare par des privatisations.

Alors il serait temps que le GOP,pour une fois, se montre à la hauteur de la réputation que lui font ses détracteurs et décide une bonne fois pour toute de se battre pour abolir Medicare et consort.


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