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Saga Americana : There will be blood

Publié le 19 mars 2008 par Gary

Daniel Day-Lewis est formidable. Presque trop. Le personnage qu’il incarne, Daniel Plainview est comme "lui-même aime à se définir", un « oilman », un homme de pétrole. Un caractère forgé à la caillasse, sans merci. Un type qui s’est construit seul, qui a laissé quelques uns de ses rares amis au fond d’un puit, et qui n’en gagné qu’un fils adoptif sans nom, H.W. L’effet Day-Lewis fonctionne à merveille la première heure. Presque tout est dit dans la séquence initiale. Plainview seul dans l’obscurité pioche dans les parois d’une galerie souterraine, à la recherche de ce qu’on sait être du pétrole. Les muscles éreintés, le corps voûté par le labeur, Plainview creuse. Sans un mot. Les sirènes de Jill Greenwood disputent la bande-son au piolet. Jusqu’à l’accident, la chute. Plainview, la jambe cassée, remonte son échelle à bout de bras. En haut du puit, il se met à ramper vers la colline. L’ascension est douloureuse, mais elle est une survie. C’est toute la thématique de Plainview, au surmoi gros comme ça.

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Le réalisateur Paul Thomas Anderson nous donne d’abord à voir un manipulateur cupide et ambitieux. Un homme à qui la vie n’a pas fait de cadeaux, et qui de ce fait est excusé. Un homme, qui, s’il se sert de son fils adoptif pour attirer la sympathie, a eu le cœur de l’élever. Nous lui pardonnons d'abord chacun de ses délires, chacune de ses combines. Car Anderson colle une séquence « sympathie » (dont des retrouvailles avec son fils) au moment où nous commencons à douter du fond de Plainview. Or, in fine il est bien ce sadique irrécupérable. Nous ne le comprenons qu’en chute. L’astuce d’Anderson, c’est de nous avoir fait croire qu’il filmait la saga d'un exemple. Et nous nous en mordons les doigts, de notre crédulité, de lui avoir accordé le bénéfice du doute.
Le film est au final réussi. Des acteurs convaincants, une photographie somptueuse et une bande-son particulièrement originale. Pour ainsi dire, une fresque sans accroc, sauf peut-être un bémol, la faiblesse des dialogues entre les personnages. Sans doute ont-ils été étouffés par l’ogre Day-Lewis ?


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