Belle famille – Arthur Dreyfus

« Quelle trace était la plus tangible : le souvenir ou la fiction ? »

Laurence, Stéphane et leurs trois fils partent en vacances. Un soir, le petit dernier, Madec, disparaît. Laurence, seule, connaît la vérité.

Et quelle vérité ? L'auteur averti le lecteur dans une introduction lourde et poussive, la vérité est ailleurs. Je n'ai rien aimé dans ce second roman d'Arthur Dreyfus. Le cynisme est d'une profondeur abyssale, les formulations ampoulées, l'écriture d'une distance glaciale.

J'ai ressenti un malaise durant ma lecture, non en raison du sujet mais des intentions de l'auteur. J'ai eu l'impression que l'objectif était de déranger avant tout, d'envoyer un pavé dans la mare. Il en résulte une lecture artificielle manquant cruellement de sincérité.

Pour autopsier une société médiatisée à outrance et révéler les failles des valeurs familiales, il faut un scalpel et non un miroir. L'écriture doit être chirurgicale et non académique. Et enfin, pourquoi utiliser un fait réel, un fait divers comme on l'appelle tristement, comme matériau ? Qu'y a-t-il de noble à écrire un roman à se faire du fric sur la tragédie des autres ?

Madec, Maddie, l'imagination n'est-elle pas assez vaste pour se réfugier autant que les créateurs d'aujourd'hui dans « des faits ayant réellement existé » ? En voulant dénoncer les dérives des médias, l'auteur n'y participe-t-il pas à son tour ?

Jusqu'à la fin bien trop simpliste à mon sens. Le non-amour suffit-il à expliquer la folie d'une mère ? Être mère, c'est déjà entrer dans une certaine folie. Je suis d'accord sur un point. La vérité est ailleurs. Et certainement pas dans Belle famille.

Gallimard, 244 pages, 2012

Prix Orange 2012

Pour...

Agathe, Clara...

Contre...