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autobiographie des objets

Publié le 30 août 2012 par Lironjeremy

autobiographie des objets A faire retour sur les époques traversées et leurs vestiges, ce que nous y apprenons pour nous même : que le monde change continuellement alors que nous le traversons, et sans forcément qu’on y prête attention. Ce qu’on perd, ce qu’on gagne procède des mouvements de ces mouvements profonds qui nous façonnent. Régulièrement et discrètement des objets s’échappent de nos usages, de notre ordinaire pour rejoindre la nuit hantée des souvenirs et des histoires qui sont souvent une même chose ; pour rejoindre les livres qui en font, mine de rien, la collecte patiente. On peut par le ressouvenir des objets, des visages et des lieux tenter de refaire le chemin à l’envers ; et tenter d’y lire au présent ce qui nous fonde. Un peu à la manière du je me souviens ou du W de Perec, l’autobiographie des objets invite à refaire pour soi cet inventaire des usages égarés, devenus peu à peu mythiques de ne renvoyer à plus rien de concret dans notre vie d’aujourd’hui et qui y ont pourtant mené, évoluant jusqu'à ces descendances modernes que nous pratiquons comme des évidences. Et ce qui m’étonne moi avec mes années en moins c’est d’en avoir connu quelques uns de ces objets qu’on abandonne au bord du chemin ou qu’on remet à des boites dans le fond de placards sans vraiment s’en rendre compte (des objets qui ne diraient plus rien à mes collégiens d’aujourd’hui). Seulement : notre monde se faisait autre en parallèle de ces mouvements qui impliquaient l’époque par une modernité toujours renouvelée, et de tout ça on faisait la conquête pour nous même, comme on gagnait en autonomie, comme on gagnait notre âge adulte sans réaliser qu’il n’était déjà plus celui de nos parents et qu’il nous faudrait bientôt le construire de nos mains comme on trace un territoire neuf. Il n’y a pas de disparition brutale des choses. Ou bien cette brutalité est rétrospective et on n’en prend conscience que bien après. C’est plutôt que constamment un monde s’efface à la faveur d’un autre, glissant l’un dans l’autre en un fondu enchainé, des usages se perdant sans que l’on en prenne sur l’instant la mesure. A y revenir on remarque mille autres chemins possibles et on s’explique ce qui a déterminé qu’on emprunte celui qui mène à nous aujourd’hui, et bien sûr le monde était vaste qu’on a traversé d’un mouvement sans savoir et reste le sentiment d’avoir échappé quelque chose dans la grande courbe, de s’être fait dépouiller des possibles. Même expérience qu’à regarder à la fenêtre du train les choses que la vitesse arrache à l’œil sans bien savoir qui de nous ou du paysage est emporté. Autobiographie des objets, François Bon, Seuil, aout 2012, 18€

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