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JO : ni boycott ni immobilisme !

Publié le 26 mars 2008 par Renefoulon

Je n'avais pas prévu de m'exprimer sur les JO de Pékin, et je me réservais de faire un billet à la fois complet et réfléchi sur les évènements du Tibet, à la lumière des développements qu'ils prendraient sur la longueur.
Mais j'ai été amené à m'exprimer en réponse à plusieurs commentaires concernant d'autres sujets, mais dans lesquels on m'avait interpellé sur les JO.

Aussi bien, et afin que l'ensemble de mes lecteurs n'ignorent rien de ma prise de position, j'ai décidé de la préciser ici aujourd'hui.

Concernant les évènements du Tibet, on ne peut pas être surpris. Il fallait bien s'attendre à ce que Pékin réagisse aux évènements de Lhassa, et il fallait bien s'attendre également à ce que cette réaction soit violente. La dictature communiste chinoise, comme toute dictature, ne peut qu'avoir le réflexe de réprimer dans le sang toute velléité de contestation, a fortiori si elle est exprimée par des religieux... Tout au plus aurait-on pu espérer une moins grande ostentation à l'approche des Jeux Olympiques dont Pékin veut faire un évènement retentissant à sa propre gloire, et par lequel se refaire une image positive aux yeux du reste du monde. C'est raté...

Venons-en aux JO eux-mêmes, et à la polémique entre les tenants du boycott et les autres maintenant. Je suis radicalement contre le boycott. Les Jeux sont un moment unique et primordial dans la carrière de tout athlète de haut niveau. Ce n'est pas la Chine que l'on "punirait" en boycottant, mais les athlètes eux-mêmes.
Et en plus, ça ne servirait strictement à rien. Dans le passé, des expériences du même type ont été menées, sans aucun résultat.

La bonne démarche consiste à utiliser les JO comme une tribune pour dénoncer et condamner haut et fort le régime chinois et ses exactions inadmissibles. Mais il faut le faire TRES FORT et sans aucune retenue. En aurons-nous le courage ?...

Après une posture trop "molle" à mon goût, Nicolas Sarkozy s'est exprimé hier soir dans un sens plus volontariste, au contraire de son ministre des Affaires Etrangères qui, lui, donne visiblement l'impression de "marcher sur des oeufs". Je me réjouis pour ma part de cette prise de position du Président, tout en regrettant qu'elle n'aille pas encore plus loin dans la condamnation du comportement de Pékin.
Je dois toutefois à la sincérité de dire que je ne sais pas dans quelle mesure la diplomatie et les relations internationales permettent dans le contexte actuel de "frapper du poing sur la table". Je ressens cela comme une chose assez horrible par rapport à ce que vivent les Tibétains, mais la raison d'état est une réalité que la raison commune n'appréhende pas nécessairement...
Et quand j'entends ce matin sur France 2 Daniel Cohn-Bendit dire haut et fort que "les centrales nucléaires, on s'en fout", ça me met hors de moi qu'un responsable de son niveau puisse se laisser aller à tels errements, malgré la fougue que je lui connais quand il s'agit de défendre les droits de l'homme et les libertés.
Ok dans l'absolu, Dany, le commerce international et son cortège d'emplois induits et de production de richesses ne pèse peut-être pas autant que la vie de milliers de Tibétains, mais dans la vraie vie à la fois l'activité économique, gage de pouvoir d'achat, doit être à bon droit une des principales préoccupations de nos dirigeants, que nous avons élus pour ça, et à la fois les arcanes des relations internationales ne se résument certainement pas à ces seuls marchés inter-états ! Les  aspects économiques ne sont certainement pas les seuls en jeu dans cette affaire, et le maintien de l'équilibre du monde ne se satisfait pas forcément de certaines prises de positions philosophiques, si essentielles soient-elles pour nombre d'entre nous...

Ceci étant, je maintiens qu'on ne peut pas se taire, et qu'il faut absolument trouver un consensus, au minimum entre les 27 pays de la Communauté Européenne, pour une posture commune vis à vis de la Chine, et ceci non seulement lors de la cérémonie d'ouverture comme certains le préconisent, mais encore pendant toute la durée de la manifestation.
La France sera à ce moment en charge de la Présidence de l'Union, et il faut que nous en profitions pour entraîner avec nous les 26 autres pays dans un comportement réprobatif commun.
Encore cela ne suffit-il pas : les hommes et les femmes politiques ne doivent pas être les seuls à agir dans ce sens, mais les simples citoyens que nous sommes ont également leur mot à dire, spécialement ceux qui feront le déplacement, ainsi évidemment que les journalistes occidentaux. Il est évident que la télévision chinoise mettra tout en oeuvre pour occulter totalement tout comportement et toute manifestation que les autorités locales jugeront hostiles. Les télévisions occidentales présentes sur place, et tous les journalistes accrédités, doivent par contre s'en faire très largement l'écho. Ca ne changera sans doute rien directement pour les Chinois, ni sans doute pour les Tibétains, mais l'image de la Chine s'en trouvant ternie aux yeux du monde, on peut espérer provoquer ainsi un infléchissement de la politique de Pékin.
En tout état de cause, ne rien dire et ne rien faire serait se rendre complice des exactions.

Il ne fallait pas donner les Jeux à la Chine en contrepartie de promesses dont on pouvait s'attendre à ce qu'elle ne les respecte pas. Maintenant que le mal est fait, il ne faut surtout pas ne pas réagir. Ce serait cautionner par avance la violation des droits de l'homme partout dans le monde.


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