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Umar TIMOL : " L'HOMME QUI NE POUVAIT S'EMPÊCHER DE RIRE " (suite).

Par Ananda

 

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Nous sommes dans les années 80. Une nouvelle série débute à la télé, V, qui va marquer toute une génération. Pour les plus jeunes d’entre vous c’est l’histoire d’extraterrestres qui décident un beau jour d’envahir la terre, on les croit sympathiques dans un premier temps mais on découvre ensuite que ce sont des monstres sanguinaires qui n’ont qu’un seul objectif en tête ( tête de reptile dans ce cas car, en fait, ils ne font que porter un masque humain ), la conquête de la terre et la subjugation des humains. Je me souviens de ces longues heures passionnantes passées à regarder V, j’étais encore alors un enfant et j’étais complètement scotché à l’écran. Qu’est-ce qui me plaisait tant dans cette série ? D’abord c’était parfaitement ficelé, les personnages étaient bien joués, le suspense intenable mais le clou du spectacle résidait sans conteste dans ces fameux reptiles déguisés en humains. Il est vrai que les effets spéciaux de l’époque étaient parfois comiques, les vaisseaux spatiaux ressemblaient vraiment plus à des joujous qu’à autre chose et les bâtiments qui explosaient ne faisaient pour leur part pas mystère de leur structure en carton pâte.


 

Mais pourquoi est-ce que j’ai choisi de vous en parler ? Eh bien, sans doute parce qu’il s’est un jour produit un événement lié à tout ceci qui explique peut-être ( quoique j’en doute ) ma maladie…


Flash-back.


J’ai donc treize ans et je suis en train de regarder un épisode de V, enseveli sous un énorme calmi rouge.. A l'écran il se passe une chose vraiment étrange, un des V, qui, je vous le rappelle, présente une apparence tout a fait humaine, dévore crue une souris. Il lui croque le cou puis ingurgite son corps d'un seul trait. On voit la queue de l'animal frétiller à l’intérieur de sa bouche. C'est le comble de l'horreur. La souris passe un sale quart d'heure qui est, malheureusement, le dernier de sa misérable existence. Pour des raisons qui m'échappent encore aujourd’hui, voilà que j' éclate de rire, un vrai grand rire, un rire gargantuesque qui ressemble à s’y tromper à mon rire contemporain. C’est une véritable déferlante, un HAHAHAHAHOUHOHOU. Ma mère qui dormait paisiblement, se réveille du coup en catastrophe et se figure aussitôt que j’ai perdu la tête. Et ne parlons pas de la réaction des voisins qui, croyant sans doute à un cataclysme, trouvent le moyen d’ appeler la police !


Je crois maintenant pouvoir déceler dans cet événement les prémisses de ma maladie. Même si, par ailleurs, expliquer ce rire ne relève malheureusement pas, tant s’en faut, de ma compétence.


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Finalement il ne s’est rien passé. Je me suis enfoui sous une tonne de camli en essayant tant bien que mal d’étouffer mon rire. Je crois que ma copine/fiancée n’a rien entendu, rien soupçonné. Elle est partie au bout de vingt minutes et depuis je n’ai plus eu de ses nouvelles…


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Il est deux heures de l’après-midi. Je n’ai pas ri depuis bientôt trois heures. Ce n’est pas l’envie qui m’en manque mais mon corps est à présent à bout. Je suis, à vrai dire, devenu une véritable loque, un être qui arrive à peine à bouger. C’est tout juste si, tout à l’heure, j’ai pu me faufiler dans la cuisine, où j’ai réussi, furtivement, à ingurgiter quelques biscuits et un jus. Je suis anxieux car le fou rire pourrait se redéclencher à tout moment. D’ailleurs j’ai ressenti, il y a deux secondes à peine, les trémolos d’un rire quand j'ai pris le risque de me  regarder dans le miroir. Malheureusement pour moi,je dois, à l’heure qu’il est, envisager le pire. Et si cette maladie, si on peut l’appeler ainsi, se révélait chronique ? Ne me rendrait-elle pas désormais inapte à vivre en société ? Ne serait-il pas indiqué, dans mon cas, de se soumettre à une thérapie ? Je me demande s’il y a des associations qui aident les gens confrontés à ce problème. Peut-être serais-je bien inspiré si j’effectuais des recherches sur le net ? Mais une telle démarche est-elle encore seulement à ma portée ? J’arrive à peine à me lever, je suis pratiquement cloué sur place. Et avec ça, je dois reprendre le travail dans moins de quatre jours ! Ouillouillouille…il y a le feu à la baraque. Je dois agir au plus vite !

Umar Timol

(à suivre).


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