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Twitter, tu causes trop !

Publié le 05 septembre 2012 par Tetue @tetue
Twitter, tu causes trop !

De twitter, j'aime beaucoup la limitation à 140 caractères qui en fait un exercice oulipien. L'idée est géniale. Elle force la synthèse, valorise l'information autant que la poésie. Elle évite le bruit, éradiquant verbiage et bavardage. Chaque tweet se fait brève d'actu ou haïku ciselé. J'aime !

En choisissant bien les comptes que l'on suit — pardon que l'on « followe » —, on se concocte une « revue de Web » croustillante, émaillée de bons mots, un pot pourri fleurant bon l'actu et la pertinence. Le suivi en est facilité avec une application comme TweetDeck [*], dont l'interface, organisée en colonnes, permet de suivre simultanément plusieurs sujets, par mots-clés dits « hashtag ». C'est d'ailleurs devenu mon outil de veille principal, à la place des flux RSS.

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Avec une colone par sujet, TweetDeck facilite le suivi.

Ça fait peur, n'est-ce pas, au premier abord, toutes ces colonnes pleines de tweets ! mais détrompez-vous, ce n'est pas si « twitaddict » qu'il y paraît, puisqu'au contraire, ça permet de filtrer et d'aller à l'essentiel, une fois par jour, sans plus devoir suivre le flux en continu comme un chien fou. C'est plus efficace qu'un agrégateur de flux RSS, lequel ne bénéficie pas d'un filtrage humain préalable, en plus de puiser toujours aux mêmes sources, de façon exclusive. En effet, si un article pertinent m'intéresse, il sera forcément tweeté, d'où qu'il provienne. Tout comme réciproquement, j'aime partager mes astuces et bonnes trouvailles. Ainsi ce qui est twitté a la valeur ajoutée de la recommandation.

Bref, twitter est un formidable outil de veille partagée.

Twitter me permet aussi, quand je sèche sur un truc pointu pour lequel je ne trouve pas de documentation, de consulter directement les experts de mon réseau en y posant la question publiquement. C'est une aide précieuse. Le problème est alors de visualiser l'échange : si l'on ne suit pas en direct, ce que je trouve trop contraignant, il est difficile de suivre le fil d'une question et ses réponses, surtout lorsque ça se ramifie en « thread ». En attendant mieux, on utilisera ce « Twitter Viewer »…

Mais depuis quelques mois, tout s'accélère. Le nombre de tweets ainsi que leur fréquence vont grandissant. Il n'est plus possible de suivre sans consulter le flux plusieurs fois par jour. C'est là que j'apprécie les notifications. Non pas celles du compte twitter par défaut, envoyées par mail, mais plutôt ces petites bulles qu'affiche discrétement l'appli TweetDeck dans un coin de l'écran. Mais mes amis twittos sont devenus sensiblement plus bavards. Certains enfilent les tweets comme autant de répliques d'un dialogue. C'est assez pénible à suivre pour qui n'a pas le nez dans son client twitter à longueur de journée. Et ce n'est pas toujours intéressant, jugez-en par vous-même :

— Dépéche-toi, tu vas être en retard. On arrive avec M. à 15h.
— Mais où es-tu ?
— hum, hum :D
— Quoi, t'es encore chez le coiffeur ?
— Ouiiii !

Allô ? Pourquoi me partager cette conversation privée !? À part se prendre pour une star dont les moindres faits et gestes sont sensés passionner la terre entière — car n'oublions pas que sur twitter tout est public — je ne comprends pas très bien ce déballage personnel. Surtout quand il est le fait de ceux-là mêmes qui s'affichent défenseurs des libertés individuelles et du respect de la vie privée… Se laisseraient-ils gagner par cette hystérisation de l'époque, où l'on pense que se dévoiler est une forme de libération ? Livetweeter sa « life » et renseigner son « wall » facebook, c'est du pareil au même. En plus chiant pour les autres, non ? Si vous tenez vraiment à raconter votre vie en public, cessez de mélanger les genres et ouvrez plutôt un second compte twitter, explicitement dédié à cela.

Car même des personnes sérieuses, parmi celles que j'avais choisi de suivre pour leur pertinence, sans doutes grisées par le sentiment de notoriété que confère l'augmentation du nombre de « followers », se mettent à tweeter des futilités, s'obligeant au bon mot quotidien, à l'impudeur par fausse connivence, accélérant la cadence, certains publiant jusqu'à des dizaines de messages par jour !

J'avoue, j'ai moi-même dérogé à la règle que je m'étais tacitement donné d'un tweet par jour. Il m'arrive même d'avoir des conversations. De tweeter du bruit. Quand ça m'arrive, je ne peux pas m'empêcher d'aller nettoyer ma « timeline », en supprimant rétrospectivement les messages dénués d'intérêt — si, je vous jure ! —, pour ne pas trop polluer, par respect pour mes abonnés et abonnées. Et je me rends compte que, réciproquement, imperceptiblement, je cesse de suivre les plus volubiles, si géniaux et estimables soient-ils.

Mon appli Tweetdeck donnant dernièrement de sérieux signes de défaillance sur smartphone [*], j'ai voulu essayer les autres applis utilisées et vantées par quelques twittos expérimentés. Et j'ai soudain compris pourquoi de plus en plus se mettent à confondre twitter et SMS, et étalent leurs discussions et autres glousseries. Effectivement, dans ma poche, l'interface du client twitter se présente comme une messagerie instantanée. Je comprends mieux dès lors l'hystérie qui gagne mes sources, prises au piège de cette affordance…

Et si l'on reprenait le temps ? celui des réflexions poussées, des bons billets de blogs suivis de commentaires constructifs ? de l'aléas des rencontres, des coding party IRL ? des silences réellement relaxants, des moments hors connexion, si propices et indispensables à l'élaboration, sans craindre « rater quelque chose » ? de ralentir pour mieux apprécier l'essentiel, pour mieux partager…


[*] Twitter a racheté Tweetdeck, modifiant l'appli, ce qui explique sans doute qu'elle défaille, supprimant en outre tout ce qui rendait l'application intéressante. Voici où télécharger l'ancienne version, Tweetdeck 0.38.2. Je n'ai pas encore trouvé comment pouvoir continuer à m'en servir sur smartphone.


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