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Il paraîtrait...

Publié le 08 septembre 2012 par Ericguillotte

- que Martine Aubry va coopter, dans les heures à venir, son successeur à la tête du PS. En la cathédrale de Reims ? Avec une belle épée qu’elle posera sur l’épaule de l’agenouillé ? L’un ou l’autre sera adoubé, ou alors, elle en sortira un troisième de son chapeau de grande prêtresse du choix unique, ce qui surprendrait toute la sphère politico-médiatique, qui ne l’avouerait pas, car la sphère ne se dénie pas et qu’elle cite, depuis quelques jours, deux noms, l’un ayant reçu des soutiens de quelques-uns, l’autre étant la préférence affichée de quelques autres, le premier tentant de mettre ses qualités en avant, le deuxième s’efforçant de montrer qu’il est le meilleur pour le poste. Mr Pareil et son cousin Mr Même, de la famille Parayomem. Parce que c’est capital, les journalistes interrogent les politiques qu’ils reçoivent, gauche ou droite, pour connaître le nom de leur favori, respectivement, dans chaque camp, pour savoir, car c’est existentiel, vers qui va leur soutien, premier secrétaire ou futur président, du parti, puisque c’est primordial. J’en parle aussi, car c’est essentiel. D’aucuns diraient que la pollution croissante du globe, ces terribles maladies qu’on ne stoppe pas, tous ces gens qui vivent sous le fameux seuil de pauvreté, pourraient être des sujets plus importants. Que nenni ! Le chef de parti, et ses commis, la cuisine politicienne, voilà de quoi qu’on doit causer quand c’est qu’on veut être au cœur de l’actu. Les olives récoltées entre septembre et octobre sont les vertes, celles cueillies de novembre à février, les noires. Le même fruit, à maturation différente. Le temps qui passe, les couleurs, les différences, le goût, la connaissance. Ça laisse songeur, non ? Ça donne envie de méditer même, non ?

- qu’elle s’appelle Rimsha, et qu’elle est chrétienne. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour elle ça veut dire beaucoup. Précisons : dans son pays ça veut dire beaucoup ! On y oppresse les minorités religieuses, par habitude. Les coutumes couleur locale sont plus ou moins pittoresques, on en connaît de plus folkloriques, de plus amusantes, celle-là donne peu envie de voyager, encore moins de déménager. Elle a 14 ans, est illettrée, sans doute une autre tradition régionale, une faveur réservée aux filles. Elle est peut-être handicapée mentale, selon le panel de médecins qui l’ont examinée, une proie idéale, pour faire court simple et clair. Et elle croupit en prison depuis trois semaines. Une éternité. Pour avoir été accusée d’avoir brûlé des versets du Coran, un crime passible de la prison à vie, au Pakistan, son beau pays, sa jolie terre natale. La jeune fille devait être libérée sous caution vendredi. Il s’avère en effet que l’imam de la mosquée et un voisin, d’ores et déjà écroués, ont monté l’affaire de toutes pièces, pour créer la terreur, faire fuir les chrétiens et récupérer les maisons qui leur étaient louées, en choisissant cette faible cible. J’en ai les sourcils à la nuque ! Rimsha est restée sous les verrous plus longtemps qu’elle l’aurait dû, sa demande de libération conditionnelle présentée par ses avocats ayant été reportée à vendredi en raison d’une grève du barreau. Quand ça veut pas ça veut pas me paraît un euphémisme insuffisant. Il n’y a peut-être même pas de phrase pour s’indigner suffisamment fort. Dernière minute, elle sera libérée une fois sa caution versée, et dès qu'un lieu sécurisé pour l'y abriter aura été choisi. Les olives récoltées entre septembre et octobre sont les vertes, celles cueillies de novembre à février, les noires. Le temps qui passe, les couleurs, les différences, le goût, la connaissance. Ça laisse songeur, non ? Ça donne envie de réfléchir, non ?

- que huit heures se sont écoulées entre le massacre de la famille britannique à Chevaline, mercredi vers seize heures, et la découverte, vers minuit, de la fillette de 4 ans cachée sous les jupes de sa mère morte dans la voiture ! Huit heures ! Si elle avait été blessée, elle serait…oublions, elle était indemne, ou plutôt, plus exactement, elle n’avait pas été touchée par les projectiles ! Huit heures ! Dans sa petite tête, que d’angoisses, de terreurs ! Huit heures pendant lesquelles les gendarmes attendaient les spécialistes de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale, l’IRCGN, les plus que fameux experts ! Oserais-je rire noir en faisant un douteux parallèle avec ces téléspectateurs qui s’impatientent de voir leur série sur TF1et se plaignent des pages de pubs à rallonge ? On avait pour consigne de ne pas entrer dans le véhicule afin de ne pas modifier le positionnement des corps, a expliqué le lieutenant-colonel. Ce qu’on appelle le maintien de l’ordre ? Huit heures durant, sans sortir du rang, m’sieur Durand ? Les pompiers, les techniciens, les médecins ont regardé dans la voiture par des trous à travers les vitres mais ils n’ont pas vu la petite. La gamine, terrorisée, n’a jamais bougé. Surprenant, alors que ses parents avaient été criblés de balles ! La scène de crime, l’habitacle de la voiture donc, a été gelée, c’est comme ça qu’on dit, huit heures. Et la môme ? Mortifiée, frigorifiée, tétanisée, pétrifiée ? Huit heures ! Les experts venaient de Miami ou de Las Vegas ? Cette question va me hanter. Peut-être moins, à bien y réfléchir, que le seront les futures nuits de cette enfant par le vacarme des armes qui tirent et par des ombres au garde à vous. Les olives récoltées entre septembre et octobre sont les vertes, celles cueillies de novembre à février, les noires. Elles proviennent du même arbre. Pour bien mûrir, il leur suffit d’un bon soleil, d’une belle eau, d’une terre fertile, et de l’attention permanente de celui qui en prend soin, avec amour. Une métaphore pour ce qu’il faudra dans les semaines, les mois, les années qui vont venir, pour qu’elle oublie ces huit heures, Zeena, dont les premiers mots, vers minuit, furent : where’s my mummy ? I want my mummy !


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